Vendredi Saint : comment peut-on refuser un Dieu qui se laisse crucifier par amour pour nous ?
2 avril 2021
Mot du jour de Karine ZIEGLER, paroissienne de St Jean Bosco Paris, sur le Vendredi Saint
« Comment peut-on refuser un Dieu qui se laisse crucifier par amour pour nous ? »
Rassurez-vous. Ce n’était pas toujours aussi évident pour moi de pouvoir proférer ces paroles mais le plus je chemine dans la foi, le plus je suis comme sidérée, éblouie par cette vérité : un Dieu qui se laisse crucifier par amour pour nous.
Avec l’offrande et la mort de son Fils, le Père n’a plus rien à nous dire pour exprimer cet amour. Inlassablement, à travers les siècles, Dieu a envoyé des prophètes pour crier son projet d’amour pour toute l’humanité, son refus catégorique de nous laisser nous enfermer dans une vie fade, dénuée de sens, sans profondeur, sans goût, faite de plaisirs et de joies éphémères et peu satisfaisants. Voilà, le vendredi saint : le cri d’amour de Dieu, son dernier cri d’amour.
A l’extrême opposé, par moment je me demande si je n’aurais pas fait partie de ceux qui ont crié : « Crucifie-le ! »
Oui, crucifie-le pour ne pas me sentir marginalisée, à l’écart de l’opinion dominante. Peur de prendre un chemin qui m’éloigne, me coupe des autres. De plus, pour marcher derrière quelqu’un dont le destin le conduit à la mort et à une mort atroce ?
Et je pense à vous, les jeunes qui acceptent de vous écarter de la masse, celle qui mette toute leur foi dans la science et la technologie (bien-évidemment, je ne nie pas leur apport dans les progrès humains), dont les espoirs se réduisent au dernier appareil numérique, et les passions à ce que peuvent procurer le sexe et la drogue. Qui s’enferme dans un monde où il n’y a pas de transcendance, où il n’y a que l’homme.
L’homme a une vraie grandeur : celle qu’il reçoit de Dieu, celle qui nous donne à franchir nos limites humaines. Celle que Jésus nous montre sur la croix : l’amour vécu jusqu’au bout.
Alors, quelle meilleure façon de passer sa vie que de la passer en apprenant à aimer comme lui ? Tâche difficile, voire impossible si on avait à compter sur nos propres forces. Mais Dieu ne nous demande jamais l’impossible, plutôt il nous propose d’aimer à l’intérieur de son amour pour nous, de laisser couler cet amour en nous.
Donc, le vendredi saint pour moi, c’est l’histoire d’amour entre Dieu et les hommes. Une histoire d’amour qui ne se termine pas avec le vendredi saint ni même avec le jour de la Résurrection mais qui se poursuit dans le cœur de chacun, de chacune et plus particulièrement dans le cœur qui est attentif et ouvert, qui se laisse toucher, voir bouleverser par cet Homme-Dieu qui a tout donné, absolument tout donné pour nous.