P. Francis Gatterre : « Pour rencontrer l’autre, il faut se quitter soi-même »

17 juillet 2021

P. Francis Gatterre : « Pour rencontrer l’autre, il faut se quitter soi-même »

Les éditions L’Harmattan publient « L’anthropologie et le missionnaire. L’Un et l’Autre. Regard en terre africaine », signé du père Francis Gatterre, salésien de Don Bosco, autrefois responsable du centre de jeunes « Foyer Abraham » à Brazzaville (Rép. Congo) et directeur de l’Institut supérieur Don Bosco de Lomé (Togo). Pour l’occasion, DBA a interrogé son auteur, qui vit désormais en communauté à Bruxelles (Belgique), après avoir été à Nice et Lille.

DBA : pourquoi as-tu écrit ce livre ?

P. Francis Gatterre : J’ai vécu 35 ans en Afrique et j’ai appris beaucoup sur la vie, sur l’humanité. Il fallait que j’écrive ce livre pour marquer ma reconnaissance pour tout ce que j’ai reçu. Mais je voudrais surtout insister sur un aspect : pour rencontrer l’autre, il faut se quitter soi-même. Je n’ai pas voulu écrire seulement pour rendre compte d’une expérience vécue mais je voudrais faire comprendre la nécessité  de sortir du « je »  identitaire pour aller vers un « nous » communautaire.  Ce n’est pas le sujet qui est le plus important mais sa place dans le groupe, sa réalité communautaire. On le voit bien dans notre pays face à la pandémie : personne ne peut s’en sortir sans la communauté.  Et on ne peut pas comprendre l’autre tant qu’on n’a pas pris la mesure de sa réalité communautaire.

DBA : comment es-tu devenu missionnaire en Afrique ?

FG : En fait, j’étais intéressé par la question du racisme depuis très longtemps. J’ai répondu à l’appel du Recteur Majeur qui lançait le Projet Afrique. Je suis alors parti au Gabon faire mon stage pratique. Ce contact avec l’Afrique a été pour moi comme un « flash ». Au retour, je me suis alors lancé dans des études d’anthropologie jusqu’à mon ordination en 1977. Puis je suis reparti en Afrique.

DBA : en quoi ton travail d’anthropologie t’a aidé à être missionnaire ?

FG : Pour entrer dans la mentalité des autochtones, il faut vivre avec eux, participer aux tâches quotidiennes.  Alors, peu à peu, notre prière est plus large, on se représente l’homme dans son contexte, dans  son univers, dans le cosmos et on célèbre en tenant compte de la réalité de la société où on est inséré.

DBA : l’Afrique ne te manque pas maintenant que tu es rentré en Europe ?

FG : En Afrique, il y a une religiosité qu’on a perdue en Europe. C’est ma recherche actuelle : pourquoi la religiosité échappe dans un monde hypermédiatisé ?

Propos recueillis par Joëlle DROUIN

« L’anthropologie et le missionnaire. L’Un et l’Autre. Regard en terre africaine », L’Harmattan, 2021.

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