La nomination de sœur Alessandra Smerilli très commentée dans la presse franco-belge
4 septembre 2021
La nomination de sœur Alessandra Smerilli, salésienne de Don Bosco, au poste de secrétaire, ad interim, soit « numéro 2 », du dicastère du développement humain intégral du Vatican a suscité de nombreuses réactions dans la presse ces derniers jours : c’est la première fois qu’une femme se voit confier un poste aussi élevé de la Curie Romaine, est-il expliqué en substance.
Le Figaro, dans un article publié le 28 août, rappelle l’itinéraire de cette religieuse de 46 ans : « Entrée dans la vie religieuse en 1997 chez les Salésiennes de Don Bosco, elle poursuit des études d’économie. Elle en sortira avec deux doctorats, l’un en économie politique, obtenu à Rome et l’autre en économie générale, obtenu en Angleterre (…) Alessandra Smerilli défend une économie qui inclut l’attention à la personne humaine et s’inspire de «l’éthique du care» (prendre soin, NDLR) promue par la philosophe Jennifer Nedelsky. »
« Voilà plusieurs mois que le travail de cette religieuse, qui fut d’abord consultante pour l’Église italienne, était de plus en plus valorisé au Vatican, poursuit Bénédicte Lutaud, la journaliste du Figaro (et auteur du récent livre « Femmes de pape » aux éditions du Cerf). Alessandra Smerilli avait tout d’abord été nommée sous-secrétaire – soit « numéro 3 » – de ce dicastère, en mars dernier. Le pape François avait également confié à cette économiste la section économique du groupe de travail du Vatican chargé de réfléchir au « monde de l’après-Covid ». Il y a deux ans, François l’avait également choisie pour devenir conseiller de l’État de la Cité du Vatican, une première pour une religieuse.
Rappelons que le dicastère du développement humain intégral est en quelque sorte le « ministère du développement » du Vatican, en charge aussi bien des questions relatives aux droits de l’homme, aux œuvres de charité, qu’à l’écologie ou aux migrations.
« Sa promotion comme «numéro 2» de ce dicastère est d’autant plus intéressante que la religieuse n’a pas caché son vif intérêt pour la question de la place des femmes dans l’Église », conclut Le Figaro.
Le quotidien La Croix commente aussi cette nomination, sous la plume de son correspondant à Rome, Loup Besmond de Senneville : « un niveau de responsabilité inédit pour une femme au sein de la Curie Romaine… La religieuse ne manquera pas de dossiers complexes, allant de la réforme de l’économie voulue par le pape aux œuvres de charité du Saint-Siège, un poste dont celui qui l’occupait jusqu’alors, le Français Bruno-Marie Duffé, parti de Rome fin juin, n’avait pas caché l’ampleur tentaculaire. » Le même Besmond de Senneville livre également une analyse plus globale dans « Femmes au Vatican, les petits pas du pape François« .
Plus surprenant, le magazine Elle s’intéresse également à cette nomination dans une publication du 30 août en ces termes : « Alessandra Smerilli est une habituée des grandes premières. Cette professeure d’économie à la Faculté pontificale de sciences de l’éducation Auxilium fut la première femme conseillère de l’État de la Cité du Vatican (…) Cette nomination va avec la volonté affichée du pape François de féminiser l’Église… Une nomination historique pour une institution qui reste encore majoritairement masculine »
En Belgique, le grand quotidien La Libre évoque aussi « une nomination sans précédent » : « La promotion de la religieuse, très intéressée par la question de la place des femmes dans l’Eglise, semble illustrer les dires du pape François souhaitant donner plus de place aux femmes. »
Pour Radio France Internationale, « La nomination d’Alessandra Smerilli, très sensible à la place des femmes dans l’Église est une fissure dans le plafond de verre qui existe au Vatican. La religieuse est la première femme à occuper un poste aussi important au sein de la Curie romaine. » (article complet ici)
Enfin, le site chrétien Aleteia rapporte ce témoignage de sœur Alessandra au sujet de sa nomination : « Je suis reconnaissante au Saint-Père pour la tâche exigeante à laquelle il m’a appelée », confie sœur Alessandra Smerilli, dans une réaction publiée sur le site du dicastère. « Je prie le Seigneur de m’aider à honorer cet appel dans un esprit d’obéissance à l’Église, avec l’humilité, la passion, la créativité et la capacité d’écoute qu’il requiert », poursuit-elle. Elle déclare en outre vouloir continuer à « développer les principes de l’enseignement social catholique auquel le Pape François nous appelle constamment pour construire un monde meilleur ».