Le mur de sécurité Israélien coupera-t-il Cremisan en deux ?
18 août 2014
La Cour suprême israélienne vient de suspendre la construction du mur de séparation dans la vallée de Crémisan et somme l’armée israélienne de définir un nouveau tracé. Cette décision apparaît comme une victoire pour la communauté salésienne sur place qui risquait de voir ses terres divisées par le mur.
Le mur de séparation menace les terres salésiennes de la vallée de Crémisan
D’apparence paisible et agricole, la vallée de Crémisan et ses 170 hectares sont, depuis 2006, le théâtre d’un imbroglio judiciaire. L’armée israélienne, avec sa « barrière de sécurité », ce mur de béton qui peut atteindre huit mètres de haut, perçu comme un serpent de mer divisant les communautés, prévoyait de morceler la vallée.
Les deux options envisagées pour le tracé du mur ont pour point commun de couper en leur cœur les terres des sœurs salésiennes installées sur place. La première prévoyait de laisser leur école et le couvent, côté palestinien. Mais, tel un îlot improbable longé par le « mur de l’apartheid », comme le nomment les Palestiniens, le seul accès dont disposerait le couvent à ses terres serait une porte gardée par des soldats. La seconde envisageait de placer les salésiennes du côté israélien, ce qui n’aurait rien changé : le mur de béton n’aurait pas disparu. Le check-point pour se rendre à l’école non plus.
Malgré les voix qui s’élèvent, l’avis consultatif de la Cour internationale de justice notifiant l’illégalité du mur et après sept années de procédures acharnées, la justice israélienne s’était prononcée en faveur de sa construction courant avril 2013. Ce qui avait pour conséquence de placer les salésiennes côté israélien et de diviser la vallée. Rejetant en bloc les recours présentés par les propriétaires fonciers de la vallée et par la Société Saint-Yves, la commission spéciale d’appel israélienne, qui a pour charge de statuer sur les questions relatives aux confiscations de terres, expliquait alors qu’il s’agit d’une « solution raisonnable qui prend en compte les besoins, en termes de sécurité, de l’État d’Israël d’une part et la liberté de religion ainsi que le droit à l’éducation d’autre part ». […]
La Cour a pris en considération l’importance de l’unité des couvents salésiens
Après la décision de la commission spéciale d’appel israélienne, un nouveau recours avait été déposé auprès de la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire israélienne. Les juges se sont réunis le 4 août pour valider ou non le tracé du mur dans cette région au sud de Jérusalem. Et le verdict, rendu public une semaine plus tard, enjoint aux autorités israéliennes de définir un nouveau tracé avant le 4 septembre. Une victoire évidente pour la communauté salésienne, même s’il faut attendre la nouvelle proposition de l’armée israélienne. « Cette décision de justice ne peut pas être considérée comme finale, a tempéré Tzvi Avni, l’avocat des sœurs salésiennes. Mais la Cour a pris en considération l’importance du respect des droits et des libertés religieuses ainsi que de l’unité des couvents salésiens. »
Joseph Dauce
Extrait d’un article paru le 13/8/14 dans La Croix
28 août 2014