P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « A propos des rodéos dans les cités »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « A propos des rodéos dans les cités ».

Voici 15 jours, j’étais invité au ministère de l’intérieur pour une remise de décoration à un vieux copain, Pascal Dunikowski, devenu en fin de carrière Mr Sécurité Moto, auprès de la déléguée à la Sécurité Routière. Je l’avais connu, voici 45 ans, lorsque je travaillais dans les aumôneries de st Germain en Laye. Il m’avait fait partager sa passion pour la moto.  Fantastiques chevauchées que nous faisions ensemble !

Lorsque je fus amené à travailler comme éducateur de rue à Chanteloup les Vignes, je fis appel à lui pour animer un atelier de mécanique « 2 roues ». Nous étions en effet fortement interpellés par le phénomène de rodéos sauvages qui, déjà, sévissait dans la cité. Ces jeunes prenaient des risques considérables sur leur moto, et mettaient en danger l’environnement. Il nous semblait nécessaire de développer une autre approche de ce phénomène que celle, encore pratiquée de nos jours , qui consiste uniquement à vouloir interpeller les jeunes, quand c’est possible, et à confisquer leurs motos.

Quelle est donc cette approche salésienne ?

Elle s’appuie sur le repérage des talents. Il nous semblait en effet qu’avec leurs motos ces jeunes faisaient preuve de véritables talents d’adresse et de courage. Pourquoi ne pas alors les aider à les développer dans un cadre légal, ne nuisant pas à l’environnement ? L’idée avait alors germé de monter une équipe « course », autour de deux motos de compétition que l’association de prévention, que je dirigeais alors, avait acquises. Et tout le groupe de jeunes, que nous avions repérés, venait travailler à gonfler les moteurs, et à s’entraîner sur un circuit de karting. La condition mise à leur participation résidait dans la cessation de leur activité de rodéos sauvages. Et nous organisions des épreuves de sélection pour constituer l’équipe qui défendrait les couleurs de la cité.

La première course, qui eut lieu à Dreux, fut mémorable. Dans le mini-bus qui nous emmenait sur le circuit, les jeunes, bien remontés, ne cessaient de fanfaronner. « Vous allez voir, on va tous les… » Je ne répèterai pas sur les ondes le vocabulaire utilisé. Au départ, pour impressionner les autres participants, ils partirent à fond de train « roue arrière »  et chutèrent dès le premier virage. Le temps de se relever, ils n’arrivèrent jamais à rattraper les autres. Ce fut une belle leçon ! Faire le mariole sur sa moto, c’est facile, mais négocier la meilleure trajectoire pour prendre un virage, cela s’apprend !

Et vous avez développé ce programme ?

Avec mon ami Pascal, je montais le projet « Un team, une ville » où, chaque année, une équipe de dix jeunes (3 pilotes, 2 mécaniciens, 3 managers et un team-manager) se préparait à défendre les couleurs de leur cité lors d’un challenge national organisé par la Fédération Française de Moto, avec le soutien du ministère de la Ville. La dixième et dernière édition eut lieu sur le circuit Carole, la ministre donnant le départ.

L’expérience s’est arrêtée, faute de financement. Quel dommage que les  crédits pour la prévention soient si faibles au regard de ceux engagés pour la répression ! Tel était malheureusement le constat qu’effectuait déjà Don Bosco à son époque.

Jean-Marie Petitclerc

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