P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « Don Bosco à Angoulême »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « Don Bosco à Angoulême ».

La semaine passée, j’étais à Angoulême, la ville de la BD, pour participer au colloque sur « les enfants mis en cases », autrement dit sur la manière dont les jeunes de la rue et les mineurs incarcérés sont traités dans l’univers de la bande dessinée. J’avais été invité par les organisateurs à présenter le travail consacré par Jijé, – qui compte parmi les plus grands auteurs de la BD belge -, à l’œuvre de Don Bosco auprès des jeunes de la rue.

Quelle est l’histoire de cette BD ?

C’est en 1941, qu’à la demande de la famille Dupuis qui admirait ce personnage, Jijé réalisa une première biographie de « Don Bosco, ami des jeunes ». Cette BD parut dans le journal Spirou en 1941/1942. Jijé dira plus tard : « Ce travail ne me souriait guère parce que je n’avais jamais fait ce genre de biographie et que, pour moi, une biographie religieuse était fatalement entachée de bigoterie ». Mais il se passionna vite pour cet éducateur hors pair. Alors, non satisfait de son premier travail, il partit à Turin, d’où il revint avec de nombreux croquis des lieux, si bien qu’il put affirmer que tous les décors étaient authentiques. Le résultat est un album en couleurs, présentant Don Bosco sous les traits d’un éducateur bon vivant, les pieds sur terre, révolté par la misère des jeunes des faubourgs de Turin.

Il va à leur rencontre dans la rue, initiant la démarche qualifiée aujourd’hui de prévention spécialisée. Marqué par sa rencontre avec les jeunes incarcérés, dont il déplore les conditions de détention, il offre à leur sortie une réponse à leurs besoins de toit, de formation et de loisirs.

Les adolescents, dessinés par Jijé, sont souriants, radieux, remplis de reconnaissance pour celui qui leur apporte aide et soutien. Ils attirent la sympathie du lecteur, alors que leurs conduites antérieures n’avaient rien d’exemplaire.

Depuis sa première parution en 1951, cette BD n’a cessé d’être rééditée en plusieurs langues, et a été tirée à plus de 500 000 exemplaires. En France, cet album est encore en vente aujourd’hui. Cette BD a ainsi marqué des milliers d’enfants et de jeunes devenus adultes.

Quelle page vous a le plus marqué ?

Sans aucun doute, celle illustrant la sortie des prisonniers. Jean Bosco dut négocier avec le ministre qui lui accorda d’organiser, sans encadrement par la police, une sortie champêtre avec les jeunes incarcérés à la maison générale de Turin.

L’album produit chez le lecteur un véritable changement de regard sur ces jeunes qui, hier comme aujourd’hui, sont souvent traités de « racaille ». Et voici que Jijé les présente de manière sympathique. Mieux, ils se montrent dignes de confiance, quand on sait, comme Don Bosco, les aborder avec bienveillance. « C’est tellement incroyable, pas un ne manque !… » s’écria le directeur de la prison au retour de cette fameuse sortie.

Avec cet album, Jijé, comme il le disait lui-même, a « mis la bande dessinée au service de quelque chose de bien plus large que l’ amusement du public ». Et on peut dire aujourd’hui, avec  recul, que cet album prépara les esprits à la « révolution » qu’opéra l’ordonnance de 45 dans la prise en charge des mineurs délinquants, où il va être question non pas d’abord de punir, mais de protéger.

Jean-Marie Petitclerc

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