P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « La dynamique pascale »
22 avril 2022
Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « La dynamique pascale ».
Voici donc que nous venons de fêter Pâques, la victoire de l’Amour sur la mort. La mort du Christ en croix n’efface pas la trace de son passage sur la terre … et l’Amour qu’il nous porte continue de vivre dans le cœur de ceux qui croient en sa résurrection. La vie est plus forte que la mort. Telle est la dynamique pascale que nous fêtons cette semaine. Christ nous enseigne qu’il ne faut pas avoir peur de mourir si l’on veut vraiment vivre. Et ce message ne concerne pas seulement, comme trop souvent on le croit, « l’après-mort », il concerne la vie de tout baptisé.
Le signe retenu pour le baptême, que beaucoup ont reçu durant la vigile pascale, est celui de l’eau, à la fois signe de mort (on peut s’y noyer) et signe de vie (indispensable à la vie des plantes, des animaux, de l’homme). C’est pourquoi elle a été choisie comme signe du passage de la mort à la vie. Tout baptisé est ainsi appelé à vivre, durant toute sa vie, cette dynamique pascale du « mourir pour vivre » : mourir à l’égoïsme pour naitre a l’amour, mourir à la peur pour naitre à l’aventure, mourir aux certitudes pour naitre à la foi. Et s’il est un âge où cette dynamique prend sens, n’est-ce pas celui de l’adolescence ?
Que voulez-vous dire par là ?
L’adolescence, c’est le passage de l’enfance à l’âge adulte. Et voici qu’en quelque sorte, l’adolescent est invité à mourir à l’enfance pour naître à la vie adulte. C’est ce travail de deuil qui peut rendre ce passage difficile. Tout adolescent est invité à mourir à une image idéalisée de l’adulte, et en particulier de ses parents, en prenant conscience des failles et des limites de chacun ; mourir à une image idéalisée de lui-même, en prenant conscience du regard que les autres portent sur lui ; mourir à une image enfantine de Dieu, en prenant conscience que le rôle de Dieu ne consiste pas à restaurer l’homme dans cette posture de toute-puissance dont il rêvait enfant, mais de l’accompagner sur le chemin d’acceptation de sa non toute-puissance. Voici donc l’adolescent invité à négocier ses rêves d’enfant, avec les contraintes de la réalité qu’il découvre, pour bâtir son projet de vie. Et combien il me paraît important qu’il puisse être accompagné dans ce travail de deuil.
Tel est, selon vous, le rôle majeur de l’éducateur ?
Oui, et ceci est vrai que l’on soit parent, enseignant, éducateur. Nous pouvons prendre pour modèle Don Cafasso, qui sut si bien accompagner Don Bosco dans le passage de son rêve des 9 ans à la concrétisation de son projet éducatif. Accompagner l’enfant qui grandit dans ce travail de deuil de l’enfance, dans la négociation de ses rêves avec les contraintes de la réalité, tel est, à mes yeux, le rôle de l’éducateur. Et ces 40 années de pratique du métier d’éducateur spécialisé m’ont fait découvrir que les principales difficultés qui peuvent surgir à l’adolescence, que ce soit dans le domaine de la délinquance, de l’addiction aux produits toxiques, des conduites de fuite, et en particulier celle du suicide, sont le plus souvent liées à la difficulté que rencontre l’adolescent à effectuer ce travail de deuil. L’accompagner dans cette dynamique du « mourir pour vivre » ne constitue-t-il pas l’essentiel de notre rôle d’éducateur ?
Jean-Marie Petitclerc
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