La belle aventure familiale de Marie et Laurent Morin, à Madagascar au service des salésiens de Betafo
3 septembre 2022
Après plusieurs années au Valdocco de Lyon, Laurent Morin, Marie et leurs quatre enfants sont partis en volontariat à Madagascar avec la DCC au service des Salésiens de Don Bosco à Betafo. Voilà bientôt deux ans qu’ils sont là-bas et envoient régulièrement de leurs nouvelles. DBA vous fait partager leurs meilleurs moments.
Betafo est une ville rurale de 30 000 habitants au centre d’une région montagneuse qui abrite deux fois par semaine un grand marché où se font les échanges de toute la région. Laurent et Marie ont été envoyés au service d’un collège-lycée de 1 200 élèves ainsi que d’une école de rattrapage et d’une grosse dizaine d’écoles de brousse dans les villages alentours. Les classes comptent une cinquantaine d’élèves. Leur mission : animer des groupes de conversation en français, former des professeurs, assurer des heures de cours de français…
Une nouvelle vie
Ils se sont vite adaptés à un nouveau rythme quotidien, que ce soit l’heure du lever décalée avec le soleil ou les nombreuses tâches à accomplir à la main : vaisselle, lessive, pain, stérilisation du lait, fabrication de yaourts, etc. Même les enfants s’y mettent.
La vie de paroisse est aussi une nouveauté : église remplie, messes de deux heures très joyeuses avec une assemblée très participative.
Ce fut d’abord un temps d’apprivoisement réciproque. Ils nous racontent : « Certains enfants à Madagascar n’ont jamais vu de blancs ou d’étrangers, surtout à la campagne. Ici, nous sommes une vraie attraction !
Dans la cour de récré, on repère très vite nos enfants, il y a toujours plusieurs cercles d’enfants tout autour d’eux. Chacun veut leur toucher la main, leur caresser les cheveux, etc. Nous sommes blancs et c’est rare. Les plus grands se lancent des petits défis : qui ira le premier nous poser une question (en français bien sûr !) ou restera assis le plus longtemps à nos côtés. C’est parfois amusant de les regarder faire, mais c’est aussi, à la longue, agaçant. Cela nous demande beaucoup d’énergie pour rester parmi eux, vazahas parmi les Malagasys ! Mais c’est là notre mission… par notre présence, on permet à d’autres de donner, de nous accueillir, de prendre soin de nos enfants, de nous. Dans un monde ou les Malagasy se sentent souvent dans une position d’infériorité, dans une posture de recevoir l’aide de l’Europe, nous permettons à quelques-uns d’être « debout » fiers et dignes de pouvoir donner et non seulement de recevoir. c’est une grande richesse. Sur les routes malgaches
Les vacances sont l’occasion de voyager et de découvrir du pays : « Rien de tel qu’un voyage à Madagascar pour apprendre la patience ! Nous n’avons pas de voiture. Et pour partager un peu du quotidien de nos voisins, lorsque nous avons besoin de partir un peu plus loin, nous nous déplaçons en taxi-brousse, même s’il y a un horaire, le bus ne part que s’il est complet et après avoir chargé sur le toit toutes sortes de bagages.
Vu l’état des véhicules, nous ne roulons jamais trop vite. Pour faire Antsirabe-Fianarantsoa, nous mettons 6 h, pour 190 km.
Nous mesurons l’immense chance que nous avons eue de pouvoir nous déplacer et visiter un peu de ce magnifique pays. Que de richesses ! Nous sommes partis à 250 km (5-6 h de route) et pourtant très peu sont déjà allés aussi loin. Même les maîtresses ou les profs n’ont pas cette chance ! Nous habitons sur une île mais à Betafo seule une poignée de personnes a vu ou pourra aller voir la mer (à 12h de route). Direction le Sud, jusque Fianarantsoa, ville carrefour entre Nord et Sud. Là, nous avons partagé plusieurs jours avec une autre famille de volontaires et eu la joie de vivre Pâques ensemble.
Nous avons également passés quelques jours dans un petit village perdu dans la montagne, au fond d’une grande vallée et immergé dans la forêt primaire dense et humide (40 000 ha) où nous nous sommes promenés au milieu des sangsues et où nous avons découvert une merveilleuse flore et pu observer quelques espèces de lémuriens. Nous avons pu profiter également d’un bon temps de détente dans une source d’eau chaude, piscine chauffée naturellement ! Le luxe. »
La joie dans l’entraide
A un autre moment, la famille est partie vers la côte Sud-Est de Madagascar, où ils ont rendu visite à d’autres coopérants. Ce fut une occasion très riche de partage et de découvertes de leur mission qui mène une lutte incessante contre la malnutrition infantile. Un peu curieux et souhaitant prêter main forte au dispensaire, Laurent et Marie décidèrent de rester une journée de plus que prévu : « Notre humble aide fut appréciée et les petites mains de nos loulous également les bienvenues. Entre 100 et 200 enfants en bas âge viennent chaque mercredi en consultation « renutrition » et prendre de la nourriture. Je crois que pour chacun de nous, ce fut une matinée inoubliable, un moment où l’on a essayé de retenir nos larmes, le cœur serré et la gorge nouée, où l’on a pris conscience une fois encore (sûrement pas la dernière) ô combien nous avions de la chance de grandir dans un monde sécurisé, que nous étions privilégiés, chanceux ; et que le monde que nous avons construit n’est pas juste. Que même notre sourire le plus profond et le plus sincère ne réchaufferait pas les cœurs de certains de ces enfants-là… Nous avons évidemment laissés nos enfants libres de choisir, de passer simplement pour observer, ou s’ils le désiraient, de donner un petit coup de main. Ainsi, Maëlys et Nathaël ont eu plaisir à rendre service. Ils avaient les 2 mains dans les boites de lait en poudre et ont passé leur matinée à compter les cuillères pour distribuer les rations de lait aux mamans présentes. Une belle expérience, qui comme nous, les a marqués. »
Aujourd’hui, au bout d’un an et demi, Laurent et Marie font part du chemin parcouru : « Notre quotidien n’est pas rempli d’activités ici… nous sommes si loin de notre « activisme » de France : réunions d’école, engagement paroissial, multiples allers-retours pour emmener les enfants à leurs activités extra-scolaires, etc. Ne rien faire, apprendre à s’ennuyer… nos enfants sont devenus des experts en cette discipline.
Drôle de vie nous direz-vous ? Et pourtant nous avons appris la sagesse d’être là, une simple présence qui pour beaucoup ici est une immense source de joie. Pourquoi chercher à FAIRE ? Non, nous avons appris à ÊTRE. Et on espère qu’on gardera un peu de cette sagesse, même une fois de retour en France. »
Joëlle DROUIN (FMA)
Notes :
Valdocco : Fondée en 1995 à Argenteuil et aujourd’hui présente dans 5 villes, l’association Vadocco réalise des actions auprès des jeunes en faveur de la prévention, de l’éducation et de l’insertion professionnelle.
DCC : La Délégation Catholique pour la Coopération, fondée en 197, est une ONG de volontariat international de l’Eglise en France. Elle accompagne chaque année plus de 500 volontaires dans le monde.