400 ans de la mort de François de Sales : pourquoi Don Bosco l’a-t-il choisi comme patron de sa congrégation ?
28 décembre 2022
28 décembre 1622 – 28 décembre 2022 : il y a quatre cents ans mourrait, à Lyon, saint François de Sales. S’il est moins connu que l’autre saint François, celui d’Assise, qui a inspiré Jorge Mario Bergoglio lorsqu’il a été élu pape le 13 mars 2013, François de Sales est une figure immense de l’Eglise catholique. Surtout, il a beaucoup inspiré Jean Bosco, lorsque celui-ci a décidé de fonder son œuvre pour les jeunes. Le choix de saint François de Sales comme patron de la congrégation qu’il fonde s’est imposé à Don Bosco pour de multiples raisons, dont principalement l’ardeur dans la charité et la douceur.
Saint François était populaire dans le royaume de Piémont-Savoie. Ses œuvres maintes fois rééditées et sa biographie y étaient massivement répandues. Dans le pays de Don Bosco, on gardait le souvenir de son passage et de sa prédication. Au séminaire de Chieri, on le présentait comme figure idéale du prêtre pasteur. Dans l’église Saint-Philippe, adjacente au séminaire, une chapelle lui était dédiée ; une confrérie « salésienne » de laïcs s’y retrouvait pour ses pratiques de dévotion. À cette époque, Don Bosco se réfère au personnage quand il raconte comment il y avait deux « Bosco » au séminaire et comment il avait choisi d’être « Bòsch’ ed’ Sales », c’est-à-dire « bois de saule » parce qu’il devait acquérir la souplesse, tandis qu’il désignait son homonyme comme « Bois de néflier », parce qu’il devait s’endurcir.
Charité et douceux
La région du Piémont figurait parmi celles où les prêtres étaient les mieux formés, mieux même que dans les États pontificaux, grâce à l’action d’évêques mettant l’accent sur la formation en matière de spiritualité et de pastorale. François de Sales était souvent présenté dans les travaux des séminaristes pour le style de son apostolat. On ne s’étonne guère que Don Bosco ait inscrit comme résolution à la fin de la retraite qui le préparait à l’ordination – qui se faisait dans l’ancienne maison et église de la Visitation peuplées d’images salésiennes – : « Que la charité et la douceur de saint François de Sales me guident en chaque chose. »
« Donne-moi les âmes, prends le reste »
À peine ordonné, Don Bosco choisit d’approfondir sa formation au « Convitto » fondé par don Guala. Or, celui-ci était placé sous le patronage de deux évêques remarquables, celui de Genève, François de Sales, et celui de Milan, saint Charles Borromée. En même temps, il était devenu aumônier des orphelines de la marquise de Barolo. Dès ce moment, l’œuvre de l’oratoire prit le nom du saint, et Don Bosco en donne trois raisons. La première, la marquise pensait fonder une congrégation de prêtres qui porterait ce nom, et elle avait fait peindre l’image de saint François, placée devant les chambres où Don Bosco réunissait les jeunes garçons pour la prière. La seconde, « parce que la plus grande partie de notre ministère exige le plus grand calme et la mansuétude » et « pour sa recherche des âmes » : on reconnaît l’écho de sa devise « Donne-moi les âmes, prends le reste » ; or, c’est au refuge qu’il avait trouvé la citation qu’il fit inscrire sur un écriteau dans son bureau : « Da mihi animas, coetera tolle » qu’il interprète comme le fait François de Sales. En troisième lieu, il voulait imiter son patron dans sa lutte contre le protestantisme, usant, comme lui, de l’apostolat par les écrits. Don Bosco dédia à saint François de Sales la première église qu’il fit construire.
On ne trouvera pas d’écrit de Don Bosco où il commente les grands traités de l’évêque savoyard, mais une série de phrases maintes fois répétées, illuminant la spiritualité salésienne. Outre la douceur et la patience, il fait une grande place à la joie dans son projet de sainteté, et il partage la conviction que la vie chrétienne est à la portée des petits et des gens simples. Ce que Don Bosco reprend, c’est un style de vie proche des gens, fait de beaucoup d’empathie. Le fond de son système préventif, c’est la conviction qu’on ne peut convertir de force : il faut convaincre par la charité, par le dialogue raisonnable. Il rejoint l’humanisme de François quand il combine citoyenneté et vie chrétienne.
Père Jean-François MEURS, SDB