Nigeria, le géant blessé
12 février 2015
Les salésiens sont présents au Nigéria dans six œuvres qui accueillent de très nombreux jeunes. En 2004, les frères et pères africains étaient 52. Aujourd’hui, ils sont 122. Malgré le climat pesant, les salésiens continuent à travailler auprès des jeunes de ce pays, dont la population dépasse les 110 millions de moins de 25 ans. Par la formation et l’éducation, les religieux ont un rôle clé dans le maintien de la paix et le développement humain et économique.
Le fléau s’appelle Boko Haram. Il s’agit d’un mouvement de guérilla féroce, organisée de façon sommaire et qui se donne pour objectif de fonder un état islamique au Nigeria. Il attire les islamistes radicaux, les paysans touchés par la sécheresse et la famine et les jeunes désœuvrés. Son nom, en langue hausa signifie littéralement « l’éducation occidentale est mauvaise. »
Boko Haram peut intervenir à n’importe quel moment
L’enlèvement de plus de 200 jeunes filles a ouvert de vieilles blessures. « La situation générale du pays est fragile, très tendue, avec un climat de peur car Boko Haram se déplace librement. Les gens ont la sensation que ce terrorisme peut toucher à n’importe quel moment et dans n’importe quelle partie de la région » expliquent les missionnaires salésiens qui travaillent dans le pays.
« Les familles des jeunes enlevées étaient très en colère et beaucoup voulaient aller dans la forêt pour récupérer leurs filles mais c’était trop dangereux », disent les salésiens. Cependant, même si la population nigérienne vivait dans la peur, chaque jour, il y avait des manifestations pour réclamer la libération des jeunes filles. « Ce sont toutes des jeunes filles chrétiennes. De nombreuses familles catholiques du Nord du pays nous contactent pour que nous accueillions leurs filles dans notre école et notre internat de façon à ce qu’elles puissent continuer leurs études » expliquent les salésiens.
Dans le Nord du pays, où agit Boko Haram, la peur a fait fermer beaucoup d’écoles. Seules restent ouvertes celles qui sont gardées par les militaires, lesquels craignent toujours une attaque à l’arme lourde de la part de Boko Haram contre laquelle ils ne pourront rien. »
Les racines de la violence et de l’insécurité
Don Silvio Roggia, vicaire de la Province décrypte la situation : « La violence dépend d’un mélange de facteurs : il y a le fondamentalisme islamique. Mais il faut aussi considérer les questions économiques et de pouvoir. Le pétrole est une richesse énorme mais qui n’a jamais été partagée avec la population. C’est probablement là que se trouve une racine lointaine du problème. Un facteur géographique peut jouer aussi : il y a des années, quand les présidents de la République étaient des gens de l’Ouest et du Nord du pays, il y avait beaucoup d’enlèvements dans le Sud et le Nord était plus tranquille. Maintenant que le président est du Sud, les enlèvements ont cessé dans le Sud et c’est dans le Nord que se produit ce phénomène.
Le Nigéria étant une République Fédérale, beaucoup d’états se sont développés de façon responsable et autonome. Mais, d’une façon générale, socialement, l’enrichissement a touché les classes plus aisées, la classe moyenne n’est pas encore sortie d’affaire, tandis que les pauvres sont vraiment très nombreux. Il n’y a pas encore de vrai projet pour éradiquer la pauvreté.
Des jeunes bien d’aujourd’hui
Les jeunes du Nigeria sont semblables à leurs contemporains. Ils ont tous un téléphone en poche et sont en communication avec le monde entier. Certainement, le « rêve américain » est très attirant pour eux : les Etats-Unis, mais aussi l’étranger, en général, représentent un espoir, parce qu’il y a beaucoup de chômage au Nigeria.
C’est pourquoi, nous, Salésiens, nous nous efforçons de répondre à cette recherche de travail par la formation technique et l’éducation aux médias. »
Les salésiens et les musulmans
Don Michaël Karikunnel, salésien indien missionnaire en Afrique depuis environ 30 ans se trouve actuellement au Nigeria. Il espère pouvoir ouvrir une école professionnelle pour les jeunes chômeurs de Lagos. Il insiste sur le rôle primordial de l’éducation à l’accueil, à l’écoute en ce qui concerne les relations entre religions différentes : « Le dialogue est pour tous l’unique manière de vivre heureux, ensemble. Nous faisons partie de la même famille de Dieu. Nous faisons le même voyage : tous nous cherchons la vérité et cela nous rapproche. »
Extrait du Bolletino Saliesano
Traduit pas Joëlle Drouin
10 février 2015