Réussir malgré tout, le parcours de Benoit en RDC
30 décembre 2015
A Lubumbashi, capitale de la province du Katanga au Congo (RDC), une ONG salésienne, VIA Don Bosco travaille avec les Œuvres Maman Marguerite. Ce réseau, dirigé par un Père salésien de Don Bosco, Eric Meert, tente d’offrir aux enfants une vie loin de celle qu’ils vivaient. Un ancien enfant de la rue, Benoît Mulongo Soni, aujourd’hui formateur et entrepreneur, raconte son parcours.
Benoît est un homme de trente-sept ans. Joyeux et confiant, il travaille déjà depuis sept ans comme entrepreneur indépendant. Il est marié. Il a cinq enfants. Ses petits yeux – quand il était jeune, ses copains l’appelaient Le Chinois – vous regardent de façon désinvolte quand vous lui parlez : « J’ai grandi à vingt kilomètres de Lubumbashi. Ma famille était très pauvre. En tant qu’enfant de la rue, je suis entré en contact avec le centre Magone, une école faisant partie du réseau des Œuvres Maman Marguerite. » Un des Pères salésien a cru en Benoît. Il l’a envoyé à Salama, une école où il a pu profiter d’une meilleure éducation. « Là, je suis devenu électricien ; mais j’ai aussi appris le jardinage. Notre atelier avait en effet peu de courant dans l’après-midi. » Pendant ses études, il logeait au siège des Œuvres Maman Marguerite. Il y a travaillé comme concierge, gardien de nuit et homme-à-tout-faire. C’est là qu’il a rencontré le Père Eric, salésien de Don Bosco.
Sous l’impulsion des pères, Benoît a créé une coopérative
Sous l’impulsion des Pères, Benoît a fondé une coopérative. « Nous étions un groupe d’Anciens de Magone et nous avons commencé à mettre en œuvre de petits projets. » Il y a cinq ans, Benoît est entré en contact avec l’Université de Grenoble. Il a appris le concept des briques BTC. Ces « Briques de Terre Compressée » sont des briques écologiques fabriquées avec une presse manuelle. « Depuis 2010, une personne de l’université de Grenoble vient, chaque année, donner une formation, précise Benoît. Je connaissais déjà bien la construction, mais j’y ai gagné tellement plus de connaissances et d’acquis. Grâce à la réussite des briques BTC, nous évoluons vers une petite mais forte entreprise. »
Benoît n’a pas oublié d’où il vient
Benoît n’a pas oublié d’où il vient. Quatre cinquième de ses salariés viennent d’écoles à projet qui accueillent d’anciens enfants de la rue ; il a aussi des stagiaires en service. Un jeune homme, travaillant pour Benoît, a déjà économisé assez d’argent pour aller étudier. Il veut devenir prêtre et le collège l’attend. « Il choisit la foi et non les affaires ; il ne veut pas finir comme moi ! » dit Benoît en riant : « Nous avons construit un mur de 700 mètres de long. Ce mur n’est pas un job bien rémunéré, » confie Benoît, « mais il peut m’aider à plus de projets. » Et ce plan semble fonctionner. Après que les Frères de la Charité aient vu son travail, l’entreprise a été immédiatement engagée sur un autre projet. L’hôpital voulait construire un dortoir supplémentaire avec quatre chambres spacieuses pour les patients les plus aisés. « Pour cela, j’ai dû engager des ingénieurs et des informaticiens dans mon équipe. » Il n’a pas peur de travailler avec des gens compétents : « Je n’ai pas pu aller à l’université, mais j’apprends des autres.»
Plusieurs enfants des rues ont vécu un parcours de réussite vers l’emploi
Patient Kibambe dirige les travaux du dortoir supplémentaire. Comme Benoît, c’est un ancien enfant de la rue. « Peu après la mort de ma mère, je me suis retrouvé dans les rues de Lubumbashi. Je devais aller vivre avec notre grand-mère. Mais celle-ci m’a renvoyé à la rue. Elle disait que je volais et que j’étais un enfant de sorcier. Je n’y crois naturellement pas. Mais que voulez-vous faire quand vous êtes si jeune ? » Patient vit aujourd’hui avec sa femme et ses deux fils près du chantier. « Si j’aime travailler pour Benoît ? Oui absolument ! Je lui serai éternellement reconnaissant. »
Jago Kosolosky
Responsable de mission pour Via Don Bosco
01 janvier 2016
VIA Don Bosco
VIA Don Bosco est une ONG belge active dans le domaine de l’éducation. En matière de coopération au développement, elle soutient, en Afrique et en Amérique Latine, soixante-dix programmes qui permettent aux jeunes défavorisés de développer des compétences professionnelles et sociales. Ces programmes sont tous liés à un institut ou un établissement Don Bosco, d’enseignement technique ou professionnel et assurent un suivi pour l’emploi.
Aujourd’hui, les Œuvres Maman Marguerite en RDC encadrent environ 750 enfants, filles et garçons de la rue, à Lubumbashi., au sein de 14 maisons. L’objectif de ces maisons est double : réinsérer les jeunes dans leurs familles et s’assurer qu’ils soient scolarisés puis qu’ils apprennent un métier.
Les Œuvres Maman Marguerite sont là pour stimuler la réalisation d’un projet commun en faveur des jeunes à risque. Chaque jour environ 1200 repas sont servis aux garçons et filles qui font partie du programme de scolarisation : les 300 enfants externes (qui ont réintégré leur famille) reçoivent un repas et les 450 internes reçoivent deux repas par jour.
A lire aussi sur Don Bosco Aujourd’hui….
- « En Tunisie, nous avons beaucoup à partager. »
- L’attaché de l’Ambassade de France rend visite à l’établissement salésien de Kenitra (Maroc)
- Mali : Les jeunes ont besoin d’être formés
- Népal : Les Salésiens sur place portent secours à la population
- En Tunisie, les Salésiens doublent leur présence