Mot clé de la pédagogie de Don Bosco : Autorité et affectivité
14 janvier 2016
Don Bosco a réhabilité l’affectivité dans la relation éducative, suite au siècle des Lumières qui avait eu tendance à tout vouloir rationaliser. Il y a de l’affectif dans chaque relation, y compris d’autorité.
Alors, mieux vaut reconnaître cette part d’affectif afin d’apprendre à la gérer plutôt que de vouloir la nier. Si l’école rencontre aujourd’hui de telles difficultés dans la gestion de la violence, c’est, je crois, parce que bon nombre des enseignants ont été formés dans la négation de la prise en compte de l’affectif.
Il n’est guère de concept aussi flou que celui d’affectivité. Il évoque souvent le seul registre des sentiments affectueux, alors qu’il est également nécessaire de prendre en compte l’agressivité : « J’appelle affectivité la capacité de réinvestir des émotions sentimentales faites à la fois de plaisir et de peine, de tendresse et de peur, d’affection et d’agressivité. » (Xavier Thevenot, « L’affectivité en éducation »)
« En disant “ oui ”, on permet à l’enfant d’advenir comme sujet.
En disant “ non ” à l’enfant,
on lui permet de sortir de l’illusion de toute-puissance. »
La juste distance : ni trop éloigné, ni trop proche
L’autorité1 et l’amorevolezza2 doivent être modulés en fonction de l’équilibre général du jeune. Il s’agit toujours d’être suffisamment proche et suffisamment distant. Tout l’art de l’exercice de l’autorité réside dans cet art du positionnement. Si l’adulte est trop éloigné, le jeune peut faire n’importe quoi pour attirer l’attention sur lui. Mais si l’adulte est trop proche, le jeune peut alors devenir violent pour échapper à cette gangue affective qui l’emprisonne.
Voilà pourquoi Jean Bosco disait : « Il ne suffit pas que les jeunes soient aimés, mais qu’ils se sachent aimés. » L’éducateur doit toujours se laisser guider non par son propre ressenti, mais par celui de l’enfant auquel il s’adresse.
Savoir autoriser, savoir interdire
Nous savons combien il est important que l’adulte comprenne ce qui se passe en lui lorsqu’il accepte de se lier affectivement avec un jeune. Et, si nous n’y prenons pas garde, la confrontation avec l’enfant ou l’adolescent peut réveiller en nous une part d’infantile, nous faisant alors courir le risque de régression avec lui.
Faire autorité, c’est savoir autoriser. En disant « oui », on permet à l’enfant d’advenir comme sujet. Mais c’est aussi savoir interdire. En disant « non » à l’enfant, on lui permet de sortir de l’illusion de toute-puissance. C’est être suffisamment proche pour ne jamais être indifférent, mais aussi suffisamment distant pour ne pas être indifférencié. C’est toujours apprendre à conjuguer amour et loi.
L’art de l’exercice de l’autorité, c’est l’art du funambule. Tout est toujours question d’équilibre !
Jean-Marie Petitclerc,
éducateur spécialisé et prêtre
Salésien de Don Bosco
14 janvier 2016
1 : Le mot autorité vient du latin « augere », qui signifie « croître ». Une relation d’autorité, c’est une relation qui fait grandir. Une relation d’autorité, c’est une relation qui permet à l’enfant, à l’adolescent qui grandit de devenir auteur de sa vie. <revenir à la source>
2 : L’amorevolezza : la bonté affectueuse. <revenir à la source>