Dans « vie éternelle », il y a vie ! Comment parler de vie et de mort aux jeunes
28 janvier 2016
« Une excellente session dans la continuité de celle de l’année dernière : de beaux échanges, de vrais témoignages, un enseignement solide » rapporte un participant à la session des Chefs d’établissement et des APS qui s’est tenue les 18 et 19 janvier 2016 à Lyon au centre Jean Bosco. Cette année encore, cette session des chefs d’établissement des maisons salésiennes, et de leurs adjoints et animateurs en pastorale scolaire a marqué les esprits.
Il y a une attente énorme des jeunes vis-à-vis des animateurs en pastorale sur la question de la mort. « Pourquoi la mort ? Qu’y a-t-il après ? Où est mon ami qui s’est suicidé ? » Comment mettre des mots justes.
Les objectifs de cette session du service formation étaient de :
- Eclairer les notions: vie, mort, achèvement, Royaume des cieux, vie éternelle
- Déceler la manière dont ces questions affectent les jeunes
- Se donner ensemble des repères pour mieux accompagner les jeunes.
Un enseignement solide
Les intervenants ont montré les enjeux philosophiques, théologiques et pastoraux des mots utilisés. On retient quelques propos lumineux de Jean-Noel Dumont, professeur au Collège supérieur de philosophie de Lyon :
- C’est raisonnable de penser le mystère : Voulez-vous priver vos élèves des questions sur le mystère, ils vont remplir ce vide par autre chose. L’ignorance fait la lie du fanatisme.
- La mort fait violence à notre nature : Jésus ne dit pas : c’est un « mauvais moment à passer ». C’est l’affrontement à l’absurde, à l’absence, au mal.
- Le jugement dernier est une délivrance : Il faut sortir l’idée de jugement=punition, c’est une délivrance. Si je ne suis pas jugé, ma vie se clôt sur un destin.
- Qu’est-ce qu’être sauvé ? Etre soi-même sous le regard de Celui qui vous aime.
Les intervenants, Jean-Noël Dumont, philosophe, et Régine Maire, bibliste, ont éclairé, de manièrent lumineuse, le thème. Il est urgent de donner un sens juste aux mots de vie, de mort, d’accomplissement, de Paradis, enfer, pour permettre aux jeunes d’affronter le mystère avec vérité.
Isabelle, Rodolphe, Anne… des témoignages vrais
Trois animateurs en pastorale scolaire des établissements salésiens ont pris la parole pour parler de ce qu’ils vivent sur le terrain. Isabelle Rizzo, APS au collège Sévigné à Marseille, a su traduire avec émotion le parcours de deuil qu’elle a fait vivre à une élève de 5e qui a perdu sa sœur dans un accident de voiture. Rodolphe Fiort, APS à l’ESTIC à St Dizier, a parlé d’une initiative très particulière de faire vivre une visite au cimetière à tous les jeunes de l’établissement. Anne Weider, APS à Don Bosco Witthenheim, a expliqué pourquoi elle a voulu parler de bonheur lors de la célébration funéraire de son mari.
De beaux échanges entre chefs d’établissements et adjoints en pastorale
Les établissements se sont donnés ensuite des pistes pour aborder cette problématique dans l’établissement. Par exemple, à la Salesienne (St Etienne), créer un oratoire ; à Don Bosco Saint-Cyr, vivre en équipe de vrais temps de relecture ; à Sévigné, développer un parcours pour être présent auprès des jeunes qui vivent le deuil.
« Il nous faut apprendre à être présent et disponibles à nos jeunes, à nous préparer à les accueillir dans leur deuils et dans leur rapport à la mort » rappelle Alain Normand, Chef d’établissement à Sévigné-Marseille.
Des jeux, pour aborder le thème autrement
On connaît la formidable créativité des animateurs du week-end : Sœur Anne Orcel et Père Vincent Grodziski. Elle n’a pas fait défaut. Sur la modèle des grands jeux du Campobosco, les deux animateurs ont fait vibrer la cinquantaine de participants au son du métronome. Chaque équipe partait avec un crédit temps qui s’écoulait au fil de la soirée, perdant des minutes précieuses, qu’elle reprenait si elle gagnait à l’un des jeux proposés, inspirés de Dixit, ou Times up… Au final, les équipes gagnantes ont accepté de de partager leur temps aux presque mourants… bon joueurs… Comme quoi, jouer sur des thèmes graves, c’est possible !
L’an dernier, c’était l’intériorité. Cette année, la vie et la mort…. Pour les participants à ces sessions, il est devenu évident qu’il ne faut pas avoir peur de parler de ces questions. Prenons le temps. Il en va de la responsabilité de chacun.
Hélène Boissière-Mabille
28 janvier 2016