Accueil de jeunes femmes migrantes : l’internat Don Bosco de Ganshoren reçoit un prix de la Fondation Sœur Emmanuelle

10 décembre 2022

Accueil de jeunes femmes migrantes : l’internat Don Bosco de Ganshoren reçoit un prix de la Fondation Sœur Emmanuelle

La Fondation Sœur Emmanuelle Belgique a remis, le 24 novembre, à Louvain-la-Neuve, un prix à l’association (ASBL) Don Bosco de Ganshoren (Bruxelles) et au collectif Umoya. Ce prix vient soutenir le lancement en janvier prochain d’un projet commun d’accueil de jeunes femmes migrantes entre 18 à 21 ans à l’internat salésien bruxellois.

Il n’y a pas un jour sans que l’on parle de la situation des migrants en Belgique et dans le monde : logement provisoire dans les parcs, difficultés administratives, exploitions financières, mauvaises images, difficultés linguistiques… Ces difficultés s’accroissent lorsque ces jeunes migrants arrivés mineurs sur le territoire atteignent leur majorité. La problématique est encore plus grande pour les jeunes filles qui arrivent à 14-15 ans pour être « bonnes » dans des familles car elles disparaissent aux yeux des services sociaux et finissent souvent dans des parcours d’esclavage moderne ou de prostitution.

L’ASBL Don Bosco et le Collectif Umoya se sont rencontrés autour de Marion (1) qui, arrivée de Guinée à Bruxelles, est passée par trois centres d’accueil de ses 14 à ses 18 ans. Et puis elle a atteint la majorité…. Et le vide total lui est tombé dessus. Une amie de la communauté des sœurs salésiennes a accueilli cette jeune chez elle un bon temps. Un jour, à cause de problèmes de santé, elle nous a demandé de la placer chez nous en payant sa pension. Marion est arrivée à l’internat Don Bosco à bout de force, se demandant si cela valait la peine de se battre. Mais petit à petit, le fait d’être entourée par des personnes bienveillantes, d’être accompagnée par l’internat et le collectif, par les relations avec les autres étudiants du kot, elle a repris goût à la vie. Aujourd’hui, Marion poursuit ses études d’infirmière, arbore un beau sourire quand on la croise dans le couloir et rêve d’un futur heureux.

Ces rencontres successives nous ont tous fait faire du chemin. De notre regard lointain sur la cause des migrants en Belgique, avec tous les enjeux politiques et les peurs environnantes, nous sommes tout d’un coup devenus partie prenante pour accompagner une jeune femme que nous avons appris à aimer. C’est le fondement de ce projet : amener les personnes et notamment les jeunes, à se rencontrer dans une vie de groupe à l’internat. Les objectifs sont de tisser des liens qui transforment le regard sur l’étranger, d’apprendre le vivre-ensemble qui fait grandir en humanité et, finalement, de changer la vie de tous les acteurs sur ce chemin.

Alaxia et Rita, deux membres du collectif Umoya, avec soeur Valentine Delafon (gilet gris) et soeur Marie Vaillant (gilet rouge), salésiennes de Don Bosco.

Semi-autonomie

L’internat Don Bosco Ganshoren, depuis 2 ans, mène un projet de semi-autonomie pour des jeunes de 17 à 21 ans. Ce projet accueille des jeunes scolarisés en secondaire pour les soutenir dans leur scolarité, réaliser une transition vers les études supérieures ou le milieu du travail et retravailler les liens familiaux lorsque cela est nécessaire. Six places sont ouvertes au sein de ce projet pour de jeunes femmes migrantes. Ces dernières seront également suivies par le collectif Umoya, spécialisé dans le domaine de l’accompagnement psycho-social des jeunes en situation de migration.

Ces deux structures unissent ainsi leur force pour aider les jeunes : un logement, une réussite scolaire, un suivi psycho-social et une insertion dans une vie communautaire avec des jeunes Belges du même âge, sont des clés indispensables pour retrouver une sécurité et pour une inclusion réussie de ces jeunes, ici en Belgique.

Umoya = « l’esprit qui souffle »

Umoya, c’est « l’esprit qui souffle » en swahili, comme l’esprit qui plane sur les eaux à la création. Ce projet ouvre vers une création nouvelle, une genèse, celle de chaque jeune, qui par la création de relation retrouve une dignité, celle d’exister pour d’autres, celle d’avoir la possibilité de raconter son histoire.

Notre vocation de sœurs salésiennes est de soutenir « la femme et l’enfant » et nous avons trouvé ce même écho dans les paroles du président de la Fondation sœur Emmanuelle, Robert de Muelenaere. Un « clin Dieu » qui nous encourage à croire que ce projet pourra être un projet pilote que nous pourrons dupliquer par la suite dans d’autres maisons ! « Yalla  » comme aimait le crier Sr Emmanuelle.

Soeur Marie Vaillant, sœur salésienne de Don Bosco

(1) Le prénom a été changé.

Oeuvres salésiennes