« C’est notre histoire » : quand des jeunes de Garelli 95 mettent des mots sur ce qu’ils ont vécu
18 juin 2024
C’est un clip émouvant, intitulé « C’est notre histoire ». Quatre jeunes accueillis au sein de l’association salésienne Garelli 95 ont écrit une chanson et tourné un clip présenté au Festiclip, le festival salésien du clip vidéo, début juin. Ils ont obtenu le prix de la bande-son.
Ce sont d’abord des visages. Et ce sont des mots. Un texte qui raconte leur histoire de migration avec beaucoup de lucidité. Des mots forts, sincères, émouvants que Souleymane, Adama, Baraka et Mabinty ont posés, aidés par deux éducatrices de l’association, Solène Certain et Marjorie Pinta. Puis qu’ils ont interprété devant la caméra d’Arnaud Bequet entourés de leurs amis danseurs, Moussa, Pomykal, Sainey, Abdoulaye, Zeynab.
Que nous disent-ils ? Voici quelques extraits de la chanson :
« Je ne veux plus me rappeler du mot Désert. Marcher des kilomètres à pied juste avec une bouteille d’eau, deux paquets de biscuits et une bouteille de soda, c’est difficile d’en parler. Si tu n’as pas vécu l’expérience, tu ne croiras pas à mon histoire et pourtant, c’est une histoire réelle.
J’ai vu des gens mourir de soif tomber sur la route parce qu’ils n’arrivaient plus à marcher, ils sont épuisés mais d’autres continuent leur route. C’est chacun pour soi, Dieu pour tous. J’ai plein de souvenirs négatifs du désert, je veux les effacer complètement de ma tête.
Au moment où je vous parle du désert c’est mes larmes qui coulent : j’ai perdu mon frère, celui avec qui j’ai traversé le désert à pied, c’est lui qui m’a aidé le plus. Parfois, dans le désert tu te fais agresser par les rebelles, j’ai vu des femmes violées, des hommes maltraités les enfants pleuraient…
Soyez fort, n’abandonnez pas, c’est un combat à vie, c’est mon histoire.
Méditerranée, Mauritanie, Espagne, depuis l’âge de 15 ans, on a traversé des chemins difficiles pour survivre et atteindre notre objectif. Le froid, la faim, la fatigue, la peur, l’angoisse, les mauvaises surprises, les vagues…
D’aussi loin que je me rappelle, ma maman dit : lève-toi, mon fils, la vie est un combat, personne ne viendra à ton secours, lève-toi et sois ton propre héros.
L’arrivée en France, un objectif atteint, le bonheur, une ville tellement belle qu’on se sent dans un monde parallèle, un rêve réalisé. Mais un nouvel obstacle qui se présente. Proche du but mais tellement loin. Comment vivre en France ? Comment je fais pour manger ? Où vais-je dormir ? On s’en remet à Dieu pour un peu de consolation car, de toute façon, on ne peut pas vivre pire que la traversée, on a frôlé la mort. On sait qu’à l’intérieur, on n’est pas sorti indemne.
A toutes ces personnes qui ont traversé ces difficultés : ne baissez pas les bras. C’est notre histoire. »
Admirative
« Je suis admirative de ces jeunes « lions et lionnes » qui ont confié face caméra leurs traumatismes et leurs déterminations sans faille, souligne Sonia Maria, membre du conseil d’administration de Garelli 95. Je reprends leurs mots : la douleur est temporaire, la fierté éternelle. Et moi, je suis fière d’être administratrice d’une association qui permet aux jeunes de s’exprimer et de leur donner des armes pour atteindre leurs objectifs. Bravo aux équipes ! »
Garelli, comme Barthélemy Garelli
Au cœur du Val d’Oise, l’association Garelli 95 s’est donné pour mission de protéger, accompagner, insérer les mineurs non accompagnés que lui confient les services de l’Aide Sociale à l’Enfance du Val d’Oise. Elle fait partie du réseau Don Bosco Action sociale.
Garelli, comme Barthélemy Garelli, ce jeune orphelin qu’un prêtre de Turin, Jean Bosco, rencontra le 8 décembre 1841 et qui fut le premier jeune accueilli dans ce qui allait devenir la famille salésienne de Don Bosco, la plus grande organisation éducative dans le monde.