Domaine « Le Songe de Don Bosco » : les vins de La Navarre entre histoire séculaire et modernité écologique

A La Navarre, dans le Var, Jean Bosco prend de la bouteille ! Dans ce magnifique domaine de 300 hectares que le prêtre de Turin a visité en 1884, les vins salésiens connaissent de profonds changements.

Il a fallu dix petites lignes, dans le quotidien Le Monde, l’été dernier. Un test à l’aveugle de 200 bouteilles issues en grande majorité du sud-est de la France et vendues entre 10 et 20 euros. Et parmi la sélection, l’Amorevolezza, du domaine Le Songe de Don Bosco. « Coup de cœur pour ce vin taillé pour la gastronomie. Si les odeurs qui s’échappent du verre sont sur la retenue, c’est en bouche que tout se passe. Au palais, il dévoile des trésors de subtilité et de complexité, avec des arômes de rose, de coing frais, de poire et d’abricot, une bouche vive et étirée en longueur », écrit notamment le grand quotidien du soir.

Une consécration, forcément, pour ce qui est un des rares domaines viticoles de France à appartenir… à une congrégation religieuse. Car le domaine « Le Songe de Don Bosco », c’est évidemment La Navarre, cette œuvre salésienne à quelques kilomètres de Toulon.

La Navarre, un nom et une histoire. Le nom, celui de la famille Navarre, propriétaire des terres à l’époque de la Révolution française. L’histoire, c’est cette donation faite en 1868 à un prêtre du diocèse avec cette précision : il faut y aménager un orphelinat agricole. Dix ans plus tard, l’évêque de Fréjus, faute de temps à consacrer à cette œuvre, se tourne vers une congrégation naissante (née neuf ans plus tôt)… et surtout vers un prêtre dont la renommée a largement dépassé les frontières du Piémont italien. Un prêtre qui donne sa vie aux jeunes des rues de Turin. Un prêtre dont la sainteté ne fait guère de doute dans la tête de ses contemporains et qui saura s’occuper des orphelins varois.

Un songe pour aider les jeunes

Ce prêtre, c’est évidemment Jean Bosco. Qui, en songe, en 1877, avait vu la Vierge Marie lui présenter une petite œuvre avec deux bâtiments où travaillent des orphelins. Lorsqu’il reçoit la lettre de l’évêque de Fréjus, il fait le lien. Et accepte.

Il vient sur place début mars 1884, sur la route de Paris et bénit notamment la chapelle du pensionnat. Sur ces terres, on a planté des vignes, pour soutenir financièrement des actions au service des jeunes. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui, avec la Fondation La Navarre, présidée par le père Jean-Marie Petitclerc, qui possède plusieurs implantations dans le sud de la France : l’institut Don Bosco (IDB) à Gradignan, le centre Jean-Bosco à Lyon, et, bien sûr, le collège Saint Joseph, installé au centre du domaine…

Mais dans ce domaine de 300 hectares, 86 sont plantés de vignes. Sauvignon, merlot, tibouren, grenache ou mourvèdre. Des vignes qui, depuis l’été 2021, connaissent une mini-révolution : une conversion biologique, inspirée à la fois par les écrits du pape François (Laudato Si) et par la demande des consommateurs. Une décision qu’aurait pu prendre un certain… Jean Bosco.

Benoit DESEURE

Site internet : https://www.lesongededonbosco.com