Don Bosco vu par Vincent Blondel, recteur de l’Université catholique de Louvain : « Une école qui vit, une école de vie »
19 novembre 2021
Vincent Blondel est ingénieur et professeur de mathématiques appliquées à l’Université catholique de Louvain. Depuis 2014, il est également le recteur de cette université belge, connue et reconnue sur la scène internationale, fondée en 1425, et qui compte aujourd’hui 32 000 étudiants. Il est aussi un ancien élève des Salésiens de Don Bosco. DBA l’a rencontré.
Monsieur Blondel, quel est votre lien aux Salésiens ?
J’ai fait toutes mes études secondaires au Collège Don Bosco de Stockel (Woluwé-Saint-Lambert), de 1977 à 1983. A l’époque, nous habitions à Anvers, et après des primaires en néerlandais il a semblé préférable de poursuivre mes études en français, même si le démarrage n’était pas simple. La raison pour laquelle nous avions choisi Don Bosco était que c’était un des premiers collèges qui organisait l’ « enseignement rénové ».
Que vous a procuré votre passage chez les Salésiens ?
Ce sont six ans qui font vraiment partie de mon adolescence. Une dimension particulière au collège, c’était le brassage de jeunes de toutes origines, contrairement à d’autres écoles de Bruxelles où la population étudiante était assez marquée. Cette mixité sociale était un élément très positif, une initiation à la vie sociale, qui pousse à une ouverture pour sortir d’un environnement limité, après la cellule familiale et l’école primaire.
Par ailleurs, le collège offrait un environnement complet, plus large que celui des cours, avec des groupes de sport, des activités à l’heure de midi ou extrascolaires. La communauté de salésiens présente sur place fait que c’était une école qui vit, une école de vie. En particulier, un élément a été déterminant pour mon parcours d’adolescent et de jeune adulte. Il y avait une unité scoute attachée à l’école, l’unité 104e Don Bosco. Alors que j’étais en 5e ou 6e secondaire, âgé de 16 ou 17 ans, le père Guy Dermond avait jugé que j’avais des aptitudes à prendre une responsabilité dans une meute louveteau. Il est venu me trouver à la cantine où je déjeunais, m’a demandé si ça m’intéresserait de m’occuper d’une meute, avec d’autres jeunes de l’époque avec qui je suis encore en contact aujourd’hui. Nous avons pris la responsabilité de la meute « Fleur Rouge », jusqu’à plusieurs années au-delà de notre sortie du collège. La responsabilité d’un mouvement scout, c’est une véritable école de vie !
Qu’aimez-vous chez Don Bosco ?
Don Bosco lui-même, en tant qu’élève nous n’en savions pas grand-chose, si ce n’est ce que la communauté des Salésiens en reflétait. Il y a évidemment cette bande dessinée absolument formidable de Jijé, extrêmement inspirante, sans doute par endroit romancée, qui raconte la vie de Don Bosco et qui offre une vision enthousiasmante de l’impact qu’on peut avoir sur le monde, de ce qu’il est possible de faire. J’ai dû la lire une vingtaine de fois et j’en ai acheté un exemplaire trente ans plus tard pour l’offrir à mes enfants. La bande dessinée raconte de manière inspirante l’impact qu’on peut avoir sur la vie des jeunes.
Auriez-vous un message à faire passer aux Salésiens, éducateurs et professeurs ?
D’abord, le métier d’enseignant, quelle noble tâche… et en même temps quelle difficulté aujourd’hui ! J’ai énormément de reconnaissance pour celles et ceux qui y consacrent leur vie professionnelle. Ceci est pour moi aussi l’occasion de dire l’impact, même si parfois ça peut ne pas leur apparaître, qu’ils ont sur le cours de vie de certains des élèves dont ils ont la charge. Au collège j’avais un professeur de physique avec qui j’ai réalisé un « travail de maturité » à la fin de mes études secondaires. Dix ans plus tard, j’ai dédié ma thèse de doctorat à ce professeur, ce qui devait témoigner de mon état d’esprit à l’époque. Les parcours de vie sont souvent le résultat de rencontres inspirantes ou qui arrivent au bon moment.
Ensuite, par rapport aux Salésiens, dans le monde d’aujourd’hui, consacrer sa vie, faire ce choix de donner son énergie, son attention et s’engager auprès des Salésiens, c’est un message formidable pour la société. C’est sans doute plus difficile à vivre aujourd’hui qu’il y a vingt ou cinquante ans et c’en est d’autant plus remarquable.
Je suis vraiment reconnaissant à ceux qui assurent l’enseignement avec dévouement et à ceux qui font le choix de consacrer ouvertement leur temps, leur énergie, leur vie, à une attention aux autres et à ceux qui les entourent.
Joaquim LESNE