Crise dans l’Eglise : émois, et moi ?
8 mars 2020
Voilà plusieurs mois que l’Eglise traverse de solides turbulences. Comment vivre sa foi dans le contexte de cette crise ? Et comment restaurer la confiance ? Nous avons interrogé dix membres de la famille salésienne de Don Bosco, tous différents par leur vocation, leur personnalité, leur caractère, leur histoire, leur âge.
Quel mot utiliser pour décrire ce que vit l’institution Eglise, et par ricochet les catholiques, depuis plusieurs mois ? Tumultes, turbulences, crise, drame, catastrophe, réveil douloureux, tsunami… Ces mots ont été écrits par des lecteurs de La Croix répondant à l’enquête « Réparons l’Eglise » et chacun se fera son propre avis.
Mais derrière ces mots, plusieurs événements de l’année 2019 reviennent en mémoire : le film de François Ozon, Grâce à Dieu, sorti en février (900 000 entrées en France) ; le documentaire « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église » diffusé sur Arte le mardi 5 mars (quasiment 2 millions de téléspectateurs) ; l’affaire du nonce apostolique (sorte d’ambassadeur du Vatican à Paris) Luigi Ventura, accusé d’agressions sexuelles et dont l’immunité a été levée en juillet par le Vatican ; le procès du cardinal Philippe Barbarin, condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis (condamnation dont il a fait appel) pour non-dénonciation d’agressions sexuelles ; le livre Sodoma de Frédéric Martel, enquête sur l’homosexualité au Vatican, sorti en février.
La crise de l’Eglise, ce sont aussi des événements moins médiatisés. Comme le suicide de deux jeunes prêtres à Rouen et Orléans (en septembre et octobre 2018). Ou la fermeture des séminaires de Lille et de Bordeaux, en septembre 2019.
Mais l’Eglise catholique en France en 2019, ce sont aussi quantité de magnifiques témoignages de vie, de joie, de conversion. Comment ne pas être émerveillé par le remarquable succès du documentaire Lourdes, réalisé par deux auteurs « agnostiques » (Thierry Demaizière et Alban Teurlai), et qui a enregistré plus de 200.000 entrées au cinéma ? Comment ne pas être impressionné par l’initiative du producteur Roberto Ciurleo de réaliser une comédie musicale sur Bernadette de Lourdes (coproduite par Gad Elmaleh) sur des musiques de Grégoire, et par l’incroyable succès de celle-ci, tant en fréquentation qu’en retour médias ?
Et dans notre famille salésienne, comment ne pas être rempli d’espérance par le choix du pape de faire cardinal notre évêque de Rabat, Cristobal Lopez Romero ? Comment ne pas se réjouir de ces jeunes qui choisissent la vie religieuse (premiers vœux en septembre pour Alban, Gilles, Vincent, Nicolas, vœux définitifs en août pour Fidélis et André, en mai pour Amélie…) ? Comment ne pas remarquer le renouveau des pélés de la famille salésienne à Lourdes, qui ont lieu tous les quatre ans (près de 700 participants, contre à peine 300 il y a huit ans) ?
Benoit DESEURE
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Nathalie : « Les femmes comme les jeunes « sont » aussi l’Eglise ! »
Nathalie Varitto est adjointe en pastorale scolaire, au lycée professionnel Don Bosco de Nice. Elle seconde donc le chef d’établissement dans la formation et la réflexion humaine et chrétienne des jeunes.
Quand j’entends “crise”, je pense aux abus sexuels qui ont été révélés depuis quelques années et à la manière dont ils ont été traités. Pour moi, c’est une vraie fracture. En effet, comment imaginer que des hommes aient pu profiter du pouvoir qu’ils avaient sur des plus jeunes ou des religieuses et ainsi pervertir leur rôle auprès d’eux ? Comment imaginer le silence qui a accompagné les faits durant des décennies parfois ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
Il est évident que ma confiance se place dans la résurrection du Christ, qu’il est vivant et que nous sommes créés pour être libres. Cependant, je me rends compte que je suis restée longtemps comme éloignée en me disant que cela concernait qu’une infime partie de l’Eglise jusqu’à ce que j’entende le témoignage d’une religieuse qui avait subi le viol d’un prêtre. A ce moment-là, en tant que femme, j’ai pris conscience que j’étais l’Eglise aussi. Il me revient à l’esprit l’enseignement de saint Paul : “tous les membres […] ne forment qu’un seul corps.”
Je pense qu’il faut une mutation de la représentativité. Ne sommes-nous pas tous prêtres, prophètes et rois dès notre baptême ? L’Eglise doit retrouver la fraternité avec tous ceux et celles qui la composent. Les mœurs changent, les femmes comme les jeunes « sont » aussi l’Eglise : notre place est légitime dans la participation à la construction de l’Eglise.
Nous devons évoquer les difficultés et tenter de renouveler en actes ce qui a été fondateur pour l’Eglise : servir ses frères et surtout les plus fragiles, reconnaître en l’autre qu’il a sa part avec moi au Salut du monde, créer des ponts entre nous, accueillir l’étranger. Donnons ce que nous avons de plus précieux, notre humanité en a besoin.
Marie : « Beaucoup vivent l’Evangile discrètement et font un magnifique boulot »
Originaire de Haute-Savoie, Marie Muffat, 27 ans, étudiante en bijouterie contemporaine, connaît bien la famille salésienne. Engagée dans le Mouvement salésien des jeunes, fidèle du Campobosco, animatrice du mouvement belge de jeunesse Ephata, elle a aussi donné plusieurs mois de sa vie au service des jeunes aux Philippines, dans le cadre du volontariat salésien (Vides).
Le plus difficile pour moi, c’est l’image que beaucoup de gens, y compris des catholiques, ont de l’Eglise. Beaucoup se disent chrétiens, mais ne veulent plus « du catho ». Ils pensent que l’Eglise est peu accueillante et rejette beaucoup. Ce qui est médiatisé, c’est surtout l’Eglise de ceux qui veulent une identité forte et qui disent qu’il faut être visible, mais qui se font voir avec des formes reprises à une tradition qui ne porte plus, une conception du sacré qui les coupe de l’humain.
Moi, je vis ma foi discrètement, mais quand il y a des débats avec ceux qui me connaissent, je peux témoigner d’une autre image de l’Eglise. Pour cela, je nourris ma foi. J’évite d’être seule. J’ai fréquenté le MEJ à Lyon, et le groupe MAGIS pour les 18-30 ans, animés par les jésuites. On y pratique la relecture de sa vie et la prière. C’est là que je me suis décidée à partir en volontariat. Actuellement, je suis plongée dans la spiritualité salésienne : je fais partie du MSJ et j’anime des week-ends Ephata en Belgique. C’est ce qui me porte. Ma foi me fait sortir de mes angoisses, je bouge, je me dépasse.
Ce que je crois, c’est qu’il y a de l’espoir : de nombreuses personnes et associations vivent l’Evangile discrètement mais font un magnifique boulot. On ne va pas vers l’apocalypse de l’Eglise ! Mais il faudrait que les différentes communautés soient davantage unies, moins enfermées dans leurs particularismes.
Rudy : « C’est aussi une crise de sens »
Curé jusqu’en septembre dans la paroisse salésienne de Liège, Saint-François-de-Sales, Rudy Hainaut, 58 ans, est titulaire d’une licence en sociologie à l’université de Liège. Il est prêtre depuis 25 ans.
La crise de l’Eglise ? Pour moi, c’est surtout l’érosion silencieuse des paroisses, la diminution des prêtres et des personnes qui s’engagent. C’est aussi la crise de sens : l’Eglise n’est plus une instance qui a le quasi-monopole de donneur de sens. Enfin, ce qui fait beaucoup de bruit, c’est ce qui est mis en vedette par les médias : les contre-témoignages de ceux qui trahissent les valeurs qu’ils incarnent.
Je vis ma foi assez sereinement, avec beaucoup de questions. Comment trouver les mots qui feront sens ? Les gens ont soif de spiritualité, mais refusent le vocabulaire de la puissance et de la gloire. Comment vivre la liturgie et rejoindre ceux qui ne sont plus familiers des gestes de l’Eglise, notamment lors d’événements comme les mariages, les baptêmes, les funérailles ? Beaucoup ont soif de spiritualité, mais il faut trouver les mots. Je n’ai pas la foi comme quelque chose qu’on possède, mais comme ce qui grandit quand on la partage. Et là, j’ai de la chance parce que je ne suis pas seul : la paroisse Saint-François-de-Sales est très vivante et fréquentée par des familles, avec de nombreux jeunes. Ils m’ont provoqué, stimulé et ils m’ont fait faire des avancées sur mon chemin de foi. Mon choix personnel me conduit vers Jésus, le Christ, visage humain de Dieu, qui nous rejoint et nous invite à nous faire proches.
Pour redonner confiance ? L’ouverture. Résister à la tentation d’une Eglise qui se replie sur elle-même, qui compte sur des signes identitaires extérieurs, des pratiques rituelles. Oser aller à la rencontre du monde actuel et de ceux qui croient différemment. Quitter sa zone de confort et de sécurité, risquer des initiatives comme accueillir les sans-papiers dans son église.
Jean-Baptiste : « Ce qu’on raconte, je n’y porte pas attention »
Agé de 15 ans, études sportives, Jean-Baptiste Bouhy vit en Belgique. Il a été adopté d’Haïti à l’âge d’un an et demi et a une sœur et un petit frère « biologiques ». Il participe aux activités d’Ephata Don Bosco depuis des années.
La foi, c’est une affaire familiale. Enfant, nous allions régulièrement rencontrer d’autres familles dans une communauté des Béatitudes, et aussi à Don Bosco Farnières. Nous allions à la messe tous les dimanches. J’y vais moins souvent maintenant, à cause des matchs de foot, mais à l’internat, nous avons une « messe » toutes les semaines : une pièce est à notre disposition, nous sommes une quinzaine entre 12 et 18 ans, la plupart africains. Nous sommes entre jeunes, il n’y a pas d’éducateurs avec nous. Nous lisons l’Evangile, puis nous échangeons nos idées comme le prêtre nous a appris à le faire, car il ne vient que de temps en temps. J’aime beaucoup les histoires de Jésus, ses paroles. Il pardonne si on va vers lui. Je cherche les mots-clés pour comprendre les Evangiles. L’ambiance est joyeuse, nous chantons.
Ce qu’on raconte sur l’Eglise et les prêtres, je n’y porte pas attention, je n’y crois pas. Nous avons des prêtres amis qui viennent manger du poisson le vendredi. Je suis allé deux fois à Lourdes avec le pèlerinage du diocèse de Tournai. J’ai lu des BD sur la vie des papes. L’Eglise, les politiques la mettent de côté, les chrétiens ne disent plus qu’ils sont chrétiens. Moi, ça ne me gêne pas de le dire et de le montrer. Dire qu’on est chrétien mais pas pratiquant, ça ne veut rien dire : il faut mettre en œuvre ce que Jésus a dit.
Don Bosco, pour moi, c’est Farnières et les week-ends Ephata que je vis très fort avec les copains. C’est un lieu important pour moi, on respire. Je fais le point sur ma vie, je dépose mes problèmes, et je repars le cœur libre et serein.
Marc : « Jésus est la source de ma joie, j’ai confiance en Lui »
Diacre permanent, marié à Sophie, cinq enfants, Marc Muffat est directeur de l’œuvre salésienne Les Albertans, en Haute-Savoie.
Ce que je ressens en premier, c’est la souffrance. Une blessure qui me touche car l’Eglise est un seul corps dont Jésus est la tête. Par mon baptême, je fais partie de ce corps. Aujourd’hui, les plaies sont mises à la lumière, on appuie là où ça fait mal mais c’est en regardant la vérité en face et en l’acceptant que nous pouvons commencer un processus de guérison. Ma foi reste celle que j’ai apprise et vécue en famille, en paroisse, celle de toute l’Eglise qui est aussi ma mère. Je crois en l’Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Je crois à la rémission des péchés et la résurrection des morts et en la vie du monde à venir. Je crois en la victoire de la vie sur la mort et cette victoire est définitive. Jésus est vivant. Il est avec nous tous les jours et il nous aime. Il est la source de ma joie, j’ai confiance en Lui et je lui demande de m’aider à le suivre. Avec Lui, nous pouvons témoigner de son amour inconditionnel pour tous mais sans Lui nous ne pouvons rien faire. Du haut de la croix, en s’adressant à Jean, il nous donne Marie pour maman. En marchant selon l’Esprit que le Seigneur a donné à Jean Bosco, en restant arrimés à la Sainte Vierge, en Eglise pour profiter de la vie du ciel donnée par les sacrements du pardon et de l’eucharistie, notre confiance restera solide. Aux Albertans, beaucoup de jeunes prennent du temps durant leurs vacances, pour approfondir et pour vivre leur foi. C’est une belle leçon d’espérance.
Benjamin : « Aspirer avec passion à la sainteté »
Salésien, prêtre, artiste, frère Benjamin Dewitte, 36 ans, est depuis septembre coordinateur du collège Don Bosco de Giel, dans l’Orne. Il est le fondateur de la chorale Cap Cœur, un groupe de chanteurs de toutes confessions.
Les temps que l’Eglise traverse de nos jours ressemblent bien à une crise, mais ça ne serait pas la première. Peut-être la dernière si on s’appuie sur les différentes apparitions de la Vierge Marie depuis la Salette ou autres révélations mystiques de Jésus (sainte Faustine, Marthe Robin, etc.). Difficile de savoir. Mais au fond, qu’importe, ce qui compte, crise ou pas, c’est la sainteté. Face aux scandales, face à pareils contre-témoignages, il ne me reste plus qu’à riposter par la sainteté. « Je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant… Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche. » (traduction liturgique) dit le Seigneur en l’Apocalypse de saint Jean (3, 15-16).
La vérité, c’est que le seul moyen de « réparer l’Eglise » comme dirait saint François d’Assise, c’est d’aspirer avec passion à la sainteté, c’est de redevenir des tout-petits humbles et dépendants de la grâce, c’est de (re)tomber fiévreusement amoureux de Celui qui a livré sa vie pour toi, pour moi. De même qu’aux attentats de 2015, les enfants de la chorale Cap Cœur ont riposté par leur témoignage d’unité dans la diversité, de même nous répondrons aux crimes sexuels par le témoignage de nos cœurs épris du Christ, épris de Marie.
Je rêve d’une Eglise d’amoureux, de « gagas », de fols-en-Christ, de brûlés-vifs à l’Amour de Dieu et dont le feu déborde sur toute âme qui vive. Une Eglise moins prétentieuse, moins rationaliste, moins moralisante. Une Eglise plus obsédée de répandre la Miséricorde, obsédée par le bien des âmes, que les cathos se saisissent du cri de saint Dominique : « Mon Dieu ! Que vont devenir les âmes ? » Ou de la devise chère à Don Bosco : « Da mihi animas, caetera tolle », c’est-à-dire « Donne-moi des âmes, pour le reste (toute ma vie) prends-le ».
Marie-Agnès : « L’Eglise doit écouter davantage »
Marie-Agnès de Cockborne est enseignante de mathématiques et informatique au lycée Etienne-Gautier de Ressins, dans la Loire. Son mari, Thierry, vient d’être ordonné diacre permanent. Ils ont trois enfants.
Tout d’abord, je voudrais dire que ces crises (pédophilie et cléricalisme) concernent quelques personnes, MAIS que toute l’Église est remise en cause ; y compris les personnes justes et engagées. Et puis, il y a les victimes qu’il faut absolument soutenir… Hélas, je constate que l’Église n’est pas si différente du monde, elle a en permanence le souci de son image et protège ses membres dans une espèce de solidarité mal venue car aux dépens des victimes et surtout de futures victimes. Elle doit réagir, être attentive aux victimes, à ses fidèles et à ses serviteurs, pour que la confiance revienne et surtout pour que les personnes avec un comportement déviant soient repérées et soignées.
Pour cela, l’Église doit s’ajuster sans cesse encore plus au message du Christ qui s’est fait proche des petits et des souffrants, en écoutant davantage ce qui se dit autour d’elle. Mais attention, l’Église, c’est chacun de nous, il faut donc réagir nous-mêmes avec bienveillance et fermeté. La prière va nous y aider.
Marie : « Je suis en colère »
Marie Michel est chef d’établissement dans l’enseignement public, en Isère. Mais elle est depuis de nombreuses années très engagée dans la famille salésienne de Don Bosco.
J’ai vu à quelques semaines d’intervalle le film « Grâce à Dieu » et le reportage d’Arte « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église ». Même si j’avais déjà connaissance de crimes commis par des prêtres ou religieux, le visionnage de ces deux films m’a profondément chamboulée. Nous ne parlions pas seulement de personnes dérangées mais d’une institution malade, dont l’orgueil et l’incompétence sont criminels. J’ai été en colère contre cette Eglise dont l’incohérence rend le message évangélique inaudible, qui met tant de temps pour écouter, se taire et reconnaître ses fautes. Je suis encore en colère quand le « sacré » est plus une affaire de rites que de respect de la personne.
Je remercie le monde laïc, journalistes, avocats, cinéastes, qui ont travaillé avec conscience pour révéler au grand jour ces scandales, et qui ont obligé l’Eglise à se rendre compte de l’ampleur du mal. Et moi, qui suis-je dans cette Eglise ? Que faire aujourd’hui ? Trois propositions pour s’engager :
– s’informer, réfléchir : comprendre les mécanismes personnels et institutionnels qui ont conduit à ces scandales (merci à ceux qui ont osé des paroles fortes pour nous aider à réfléchir, en particulier à sœur Véronique Margron*).
– éduquer (et s’éduquer) à la liberté intérieure, à la responsabilité personnelle et collective.
– rester dans l’Eglise avec confiance et responsabilité car « il faut fleurir là où Dieu nous a planté » (saint François de Sales).
* Théogienne moraliste, auteure du livre « Un moment de vérité » chez Albin Michel
Sr Suzanne : « Je garde une belle espérance »
Salésienne de Don Bosco (on dit aussi Fille de Marie-Auxiliatrice) depuis 57 ans, sœur Suzanne Blais, 79 ans, a accepté, durant sa vie, de nombreuses responsabilités au sein de la congrégation, mais aussi dans l’Eglise.
Comment ne pas avoir été secouée, ébranlée, meurtrie par tout ce qui s’est vécu dans l’Eglise ces derniers temps ou plus exactement qui est apparu au grand jour ces derniers temps ? Oui, cela a été comme un tsunami et pourtant… malgré ces souffrances, ces blessures… que de motifs d’Espérance ! Le pape François, véritable pasteur qui, à la suite du Christ, n’hésite pas à aborder des sujets qui ne font pas l’unanimité : l’accueil des migrants, le dialogue interreligieux, la place des femmes dans l’Eglise… Son respect de tous les peuples et la cohérence de ce pape entre paroles et actes forcent l’admiration même des incroyants.
Je suis confiante et garde une belle espérance en voyant tant de jeunes s’investir… soit dans le chant pour aider à la prière, soit dans l’écologie, soit auprès des sans-abris, soit dans de multiples associations, souvent auprès des plus démunis. N’est-ce pas non plus une grande source d’espérance de voir nombre de jeunes et de moins jeunes demander le baptême ou s’intéresser d’une manière ou d’une autre au « religieux » ?
Comme le disait Sr Nathalie Becquart, Xavière, lors de notre chapitre provincial, « Non seulement l’époque change mais nous sommes dans un changement d’époque. » Nos fondateurs, Don Bosco et Marie-Dominique Mazzarello ont vécu, eux aussi, des périodes difficiles de mutations mais leur confiance inébranlable en Dieu, leur amour en particulier des jeunes, leur ont permis d’avancer avec l’aide de l’Esprit Saint dans la joie et l’espérance.
Pierre : « Impressionné par la fidélité inconditionnelle de Jean Bosco à l’Église »
Lyonnais, Pierre Halbout est engagé dans la famille salésienne depuis de nombreuses années. Proche des salésiens coopérateurs, ces laïcs qui prononcent une promesse, il est marié, père de quatre enfants, et est très engagé dans les paroisses salésiennes de Lyon.
C’est peu de dire que l’Eglise a été secouée ces derniers mois, que nous avons été ébranlés ; voire meurtris ; par les évènements qui ont fait l’actualité. J’avoue avoir porté un regard largement critique sur les faits, sur ceux qui les ont commis et sur les personnes en responsabilité qui n’auraient pas pris la mesure des drames vécus, ni les mesures qui s’imposaient. J’en ai beaucoup voulu une fois de plus à l’institution.
Mais l’Église est aussi et avant tout le corps vivant du Christ ressuscité, le peuple immense des baptisés. Elle est cette formidable famille d’hommes ; et singulièrement de femmes ; qui mettent leurs talents au service de la mission, qui prennent des positions courageuses en conformité avec le message évangélique. C’est cette Église-là que j’habite au quotidien, qui me fait cheminer dans la joie. Elle qui contribue au travers de toutes ses diversités à nourrir ma foi. J’ai été très impressionné par la fidélité inconditionnelle de Jean Bosco à l’Église de son temps. Je la comprends mieux aujourd’hui et ne suis pas loin de la faire mienne. Ce qui ne m’empêche pas d’être vigilant. Je sais que nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours.
Nous avons vécu il y a quelques mois un grand moment à Lourdes en famille salésienne, un grand moment d’Eglise. Avec Don Bosco qui nous invite à être attentifs à tous, mais d’abord aux pauvres et aux petits. A Lourdes où la première place est accordée depuis toujours aux personnes qui souffrent. Je rends grâce d’appartenir à cette Eglise-là.
Dossier préparé par Joëlle Drouin, Vincent Grodziski, Jean-François Meurs et Benoit Deseure.