Auguste Arribat. Un témoignage de foi et de joie évangélique
28 mars 2013
La Navarre vient de fêter le cinquantième anniversaire de la mort du Père Arribat dont le procès de béatification est en cours. À cette occasion, une célébration, présidée par le P. Joseph Enger provincial des Salésiens, a réuni des membres de la famille du P. Arribat et des anciens élèves. Était présent le P. Morand Wirth, son biographe, qui nous résume ici l’essentiel d’une existence simple mais, oh combien, fructueuse.
Juste parmi les nations
Homme du devoir quotidien, rien pour lui n’était secondaire. Tous savaient qu’il était le premier à se lever le matin pour nettoyer les douches des élèves et balayer la cours de récréation.
Directeur de la maison et voulant faire son devoir jusqu’à la fin et à la perfection, par respect et amour des autres, il veillait jusqu’à tard le soir, abrégeant son temps de repos. Par ailleurs, il était toujours disponible, accueillant, sachant s’adapter à tous, depuis le bienfaiteur, grand propriétaire terrien, jusqu’au personnel d’entretien, sans négliger les religieux novices, ses confrères, et surtout les jeunes qui lui étaient confiés.
Ce don total de soi se manifestait jusqu’à l’héroïsme. Durant la seconde guerre mondiale il n’hésita pas à cacher des familles et des jeunes juifs, prenant le risque d’une indiscrétion ou d’une dénonciation. Trente trois ans après sa mort ceux qui furent témoins de ces faits firent reconnaître son courage. Son nom est désormais inscrit à Jérusalem où il a été officiellement reconnu comme « Juste parmi les nations ».
Profondément homme de Dieu
Ceux qui l’ont connu voyaient en lui un véritable homme de Dieu. Il faisait « tout par amour et rien par force » comme disait Saint François de Sales. C’était le secret d’une aura dont lui même ne saisissait pas toute la portée. Tous les témoignages révèlent la foi vive de ce Serviteur de Dieu, homme de prière, sans ostentation. Sa foi était une foi communicative. Elle traduisait une véritable union à Dieu, notamment dans l’Eucharistie. Quand il célébrait la Messe ou quand il priait, il émanait de sa personne une ferveur qui ne pouvait pas passer inaperçue. Sa foi transparaissait au confessionnal et dans des conversations spirituelles. Homme d’espérance, il comptait à chaque instant sur Dieu et sa providence, maintenant le calme dans la tempête et dispensant autour de lui un sentiment de paix.
BIOGRAPHIE
- 17 décembre 1879 Naissance d’Aguste Arribat à Trédou dans le Rouergue.
- Il rejoint à l’âge de 18 ans l’Oratoire Saint Léon à Marseile. La politique anticléricale d’alors l’obligea à s’initier à la vie salésienne en Italie où il reçoit la soutane des mains du bienheureux Michel Rua, successeur direct de Don Bosco. De retour en France il commença, comme tous ses confrères, sa vie salésienne active dans une semi-clandestinité, d’abord à Marseille puis à La Navarre près de Toulon.
- 1912 : Il est ordonné prêtre. Il est infirmier durant la première guerre mondiale.
- 1931 : Il devient directeur de La Navarre et curé de la paroisse de Sauvebonne. Ses paroissiens l’appelleront « le Saint de la Vallée ».
- Plusieurs nominations l’amèneront à Morges, en Suisse, à Millau puis à Villemur, un très riche moment de sa vie sacerdotale.
- 1953 Retour à la Navarre où il mourra le 19 mars 1963.
Cette foi profonde s’est par la suite affermie durant les dix dernières années de sa vie. Il n’avait plus alors aucune responsabilité et il avait beaucoup de difficulté à lire. Il se contentait de l’essentiel, dans une grande simplicité, accueillant tous ceux qui savaient que sa demi-cécité ne l’empêchait pas de voir clair dans leur cœur. Au fond de la chapelle, son confessionnal ne désemplissait pas, que ce soit de la présence des jeunes ou des voisins de la vallée.
« Je ne suis pas venu pour être servi… » L’image que les témoins ont gardé du Père Auguste Arribat est celle d’un serviteur de l’Évangile, dans le sens le plus humble du terme. Balayer le couloir, nettoyer les douches, faire la vaisselle, soigner et veiller les malades, bêcher le jardin, faire briller le parquet, décorer la chapelle, lacer les chaussures des plus petits, les peigner, rien ne lui répugnait et il était impossible de le détourner de ces humbles exercices de charité. La générosité du « bon père Arribat », ne se payait pas de mots et s’exerçait concrètement. Ainsi prêtait-il volontiers son appartement à des visiteurs occasionnels se contentant pour lui-même d’un lieu peu confortable. Sa disponibilité était permanente et ce, à chaque instant. Sa préoccupation pour la propreté et une pauvreté digne, ne le laissait pas en paix, parce que pour lui, la maison devait être accueillante. Homme au contact facile, il profitait de ses longues promenades pour saluer chacun et même dialoguer avec ceux que l’on qualifiait de « bouffeurs de curés ».
Don Arribat a vécu 30 ans à La Navarre, la maison que Don Bosco lui-même voulait mettre sous la protection de Saint Joseph, chef et serviteur de la Sainte Famille.
Sa sollicitude pour les besoins matériels de la maison à travers sa proximité à toutes les personnes exerçant des travaux manuels, paysans, jardiniers, ouvriers, employés, hommes à tout faire, cuisiniers, blanchisseuses, faisait penser à Saint Joseph dont il portait aussi le prénom. D’ailleurs, n’est-il pas décédé le 19 mars, jour de la fête de Saint Joseph ?
Morand Wirth
28 mars 2013
Pour aller plus loin…
Le site des éditions Don Bosco