Bicentenaire : l’heure du « debrief » !
14 janvier 2016
C’est fini ! L’année 2015 a été marquée par le bicentenaire de la naissance de Jean Bosco : des fêtes, des spectacles, des colloques, des conférences, des inaugurations et même un géant (à Tournai) ont rythmé l’année. Quel bilan tirer ? Qu’a-t-elle changé chez les jeunes ? Allez, on « debrieffe » !
Si le terme « bicentenaire » peut faire craindre des commémorations engoncées, des souvenirs ressassés, des banquets chloroformés, celui de la naissance de Jean Bosco ne l’a pas été. Les jeunes ont été au cœur.
Vous les jeunes, ça vous a fait grandir ?
Campobosco à Ressins, Intercampo dans quatre villes de France, Don Bosco Academy, pélé à Turin, les occasions de se réunir et de faire la fête ont été nombreuses. « Ce bicentenaire a été un concentré d’évènements », témoigne Anne-Florence, Lyonnaise présidente du Mouvement salésien des jeunes (MSJ). « Depuis que je connais Don Bosco, le Bicentenaire a été le point culminant. Cela m’a permis de mieux connaître comment le vivre, mettre en œuvre son esprit, sa pédagogie, sa foi. De voir quel résultat cela a aujourd’hui : le charisme de Don Bosco a des années et c’est toujours présent, ce que Don Bosco a fait il y a deux cents ans, c’est encore là aujourd’hui : on en est témoin. Mais ce n’est pas facile de dire aujourd’hui tout ce qu’on retire de tous ces événements : il faudra nous le demander dans quelques mois ! »
Camille Bagnol : « Grâce à cette expérience, j’ai pu grandir en confiance »
A Ressins, fin août, quatre cents jeunes se sont réunis pour un camp mêlant Réflexion, Activités et Prière, le fameux « RAP » salésien. « Le Campobosco ? Nous avons vraiment passé un séjour fantastique, raconte Camille, lycéenne de Marseille. Ce qui a été génial, c’était de partager du bonheur, des activités intéressantes, sportives et spirituelles, des rencontres, de l’enthousiasme, du dynamisme. » « Permettre à des jeunes de se retrouver à 400, de vivre des moments forts, de tisser de nouveaux liens amicaux, je pense que c’est ce que désirait Don Bosco en créant la congrégation salésienne et ce fut un pari réussi au Campo », ajoute Eloïse Puga, l’amie de Camille. « Au début du Campo, quand Jean-Marie Petitclerc, (salésien, directeur du Campobosco) et les volontaires nous ont présenté les activités, ils nous ont annoncé que certains d’entre nous se découvriraient des talents ou les amélioreraient. Je me disais que cela devait être génial de se découvrir un talent mais je ne pensais pas à moi… Et puis je me suis découverte un talent pour le chant et, à la fin de la veillée finale, je me suis remémoré ces paroles que j’avais un peu laissées de côté et je me suis dit : « Ça m’est arrivé ! ». Grâce à cette expérience, j’ai pu grandir en ayant confiance en moi. »
« Ce bicentenaire a permis de renforcer l’identité de notre réseau MSJ autour de Don Bosco, par l’identification à Don Bosco, en le remettant à sa place de fondateur de l’esprit salésien. Et c’est l’esprit qui nous fait appartenir à ce réseau. », complète le Belge Pierre, membre du MSJ, le Mouvement salésien des jeunes.
En tout cas, résument Anne-Florence, Bénédicte et Aubérie, c’est « une année qui nous a rempli de joie ! C’est beau de voir l’engagement de nouveaux jeunes. » Pour Bénédicte, cette année a d’ailleurs très concrètement été celle de son engagement dans la famille salésienne : « J’étais étudiante à Bruxelles, logée au foyer de Ganshoren chez les sœurs salésiennes. On a été invités à aller à Louvain-la-Neuve lors du passage des reliques de Don Bosco, en novembre 2012. Depuis il s’est passé bien des choses, et me voici membre du conseil d’administration du MSJ, après avoir dansé le waki-waki à minuit le 16 août à Turin ! »
La Don Bosco Academy : l’aventure la plus « spectaculaire »
Evidemment, de toutes les aventures festives et éducatives vécues en 2015, la plus « spectaculaire » a sans nul doute été celle de la « Don Bosco Academy ». Ce spectacle, écrit et mis en scène par Tristan de Groulard, a été joué par plus de quatre cents jeunes, aux quatre coins de la France et de la Belgique.
Exemple à Chambéry où le spectacle a été joué fin 2014 : « Ce fut un moment fort, pour les jeunes comme pour les adultes. Un moment de grâce, de pause, où tout ne semble finalement pas si compliqué. Un moment où les accompagnateurs ont la joie de voir que la pédagogie salésienne, qui veut que l’on fasse confiance aux jeunes et à Dieu, a un sens et une vraie portée », témoigne Hortense Destremau. « Un moment où des jeunes, tous ensemble, s’entraident pour réaliser une belle œuvre. Un moment où les jeunes prennent conscience qu’ils ont de la valeur, pour eux-mêmes, pour les autres, et qu’ils sont aimés de Dieu. Un moment qui permet au jeune de prendre confiance en lui. Un moment où il se surpasse pour mieux avancer dans sa vie familiale, scolaire… »
Mettre en avant l’attachement profond de Don Bosco à la cause des jeunes
L’idée : non pas « réécrire sur scène » la biographie de Don Bosco, mais bien mettre en lumière sa démarche, sa pédagogie et son attachement profond à la cause des jeunes, à travers un scénario très actuel, prenant pour décor l’univers de l’adolescence du XXIe siècle. Mais pour Tristan comme pour les Salésiens, commanditaires du spectacle, l’objectif est aussi de mettre en valeur les « talents » des jeunes ».
Florence Leverve, professeur au Bocage, l’établissement salésien de Chambéry, se souvient : « Lucas, par exemple, nous a montré une belle présence sur scène, et une attention aux autres et une délicatesse qui m’ont touchée, que j’ai trouvées en harmonie avec le personnage qu’il incarnait sur scène. » Pour Florence, le spectacle a porté du fruit, bien au-delà de la scène sur laquelle il a été joué : « A la fin de notre semaine de stage à La Feclaz pour préparer la comédie musicale, nous devions faire le ménage du chalet que nous avions occupé. Quand il a fallu un volontaire pour m’aider à nettoyer les toilettes… c’est Lucas qui s’est proposé très spontanément. J’ai été touchée par l’esprit de service qu’il a montré dans cette aventure. »
Pour Hortense, à Chambéry, la Don Bosco Academy a porté au-delà des seuls participants : « Cela a permis aux jeunes de voir que le corps enseignant et l’établissement leur faisaient suffisamment confiance pour croire en eux. »
« Ma fille en ressort enrichie, davantage tournée vers les autres et disponible »
« Pas d’éducation sans confiance, pas de confiance sans affection » : forcément, deux siècles plus tard, cette phrase de Jean Bosco semble résonner. A travers les propositions faites aux jeunes durant l’année 2015, la famille salésienne franco-belge souhaitait les faire grandir, les faire mûrir. Laetitia Bagnol, une maman d’élève de Marseille, l’a bien ressenti : « Ma fille Camille a vécu beaucoup d’événements pour ce Bicentenaire. Elle est allée à Turin en pèlerinage, a participé à l’organisation d’un concours photo au collège, a fait le Campobosco… et elle en ressort enrichie, davantage tournée vers les autres et disponible. Elle a beaucoup mûri et toutes ces expériences lui ont apporté une joie de vivre. Je pense également que sa foi en Dieu s’est renforcée et qu’elle est prête pour accompagner les premières communions comme elle veut le faire cette année. »
« Vivre ces évènements et toute cette année du Bicentenaire, ça m’a fait grandir en maturité »
Thibault Pras, lycéen aux Minimes (Lyon), en témoigne aussi : « Vivre ces évènements et toute cette année du Bicentenaire, ça m’a fait grandir en maturité : comme « ambassadeur », je représentais les Minimes lors du voyage à Turin et cela a été important pour moi. J’ai été plus impliqué cette année dans l’animation, j’ai pris des responsabilités. La rencontre avec Jefferson au Campobosco m’a aussi fait changer : j’ai découvert ce qu’il vivait et il m’a appris beaucoup de choses : il faut croire en soi et on peut toujours être aidé par quelqu’un. »
« Ce sont des rencontres qui peuvent nous aider à avancer dans la vie. »
Jefferson, ce garçon de 21 ans et deux autres Colombiens, Juan et Diana, sont venus en France en août-septembre pour témoigner de ce qu’ils avaient vécu au sein de la République des Enfants, une œuvre salésienne de Bogota destinée aux enfants des rues, et souvent présentée comme un modèle d’héritage de Don Bosco. « Jefferson et ce défi citoyenneté, c’est très très fort pour aujourd’hui », souligne Anne-Florence, du MSJ.
« Avant, j’écoutais les histoires des immigrés de loin mais après avoir entendu ce qui se passe en Colombie, la pauvreté, les jeunes qui vivent dans la rue, j’ai vu qu’il y avait des choses en rapport avec les réfugiés qui arrivent en Europe et maintenant je m’intéresse un peu plus à cette actualité. », explique Agathe Poncet, élève en 2nde aux Minimes, à Lyon. « Ce sont des rencontres qui peuvent nous aider à avancer dans la vie. C’est une découverte, une ouverture sur d’autres cultures, proches ou lointaines d’ailleurs : on ne vit pas de la même manière à Marseille, Bruxelles ou à Bogota », complète une autre Agathe, Millet, elle aussi lycéenne lyonnaise.
« C’est important pour moi, cette joie salésienne »
Pour beaucoup, l’année fut fondatrice. « Je me rends compte à quel point c’est important pour moi, cette joie salésienne », témoigne Aubérie, Alsacienne membre du conseil du MSJ. « Elle me permet d’avoir un équilibre dans ma vie. Je vois la joie sur le visage des autres. Je me rends compte à quel point cela me fait beaucoup de bien. » « Hier, je manquais de confiance en moi, j’avais des doutes, maintenant, je me lâche davantage, témoigne pour sa part, la Marseillaise Héloïse. Je me fais confiance, et demain, j’espère que d’autres expériences, comme celles-ci, me permettront d’acquérir encore plus d’assurance. »
« Quand je regarde cette année bien chargée, j’ai vrament trouvé la personne que je suis »
« Quand je regarde cette année bien chargée, je me dis que j’ai vraiment trouvé la personne que je suis », ajoute Camille Bagnol, lycéenne à Sévigné (Marseille). « J’aime les projets, aider, partir à l’aventure vers les autres, dans de nouveaux endroits, bousculer mes habitudes, changer. » D’ailleurs, à Marseille, l’un des fruits du Bicentenaire s’appelle la « DB Team ». « C’est un groupe réunissant les élèves et professeurs présents au pélé de Turin pour mettre en place des projets afin de dynamiser notre établissement et donner aux jeunes des responsabilités », explique Camille. Un concours photo ouvert aux classes de 5e sur le thème de « Don Bosco et la joie » a été créé. « Ce sont les classes de 4e qui ont voté afin d’élire la photo la plus représentative du sujet. S’en est suivie une remise des prix lors de la fête de Don Bosco dans le lycée. Ces projets, nous désirons les poursuivre cette année car ils nous ont permis de prendre des responsabilités au sein de l’établissement ».
Don Bosco Aujourd’hui
article de la revue n°985 : abonnez-vous…
14 janvier 2016