Colloque : « La violence se règle par le dialogue »
18 juin 2015
Le vendredi 5 juin dernier s’est tenu, à la Mutuelle Saint-Christophe, le deuxième colloque organisé par la famille salésienne à l’occasion du bicentenaire. Accueillis par une introduction remarquée du Provincial Daniel Federspiel, les sept intervenants à la table-ronde ont chacun réagi à la question de la « relation éducative » chère à Don Bosco et aux salésiens.
Le carton d’invitation annonçait pour thème « Don Bosco et la Société ». De fait, les débats se sont très vite orientés vers les questions de la relation éducative et de la prévention de la délinquance. Et c’est au Père Daniel Federspiel (vidéo) qu’est revenue la lourde tâche d’initier la discussion. Dans une allocution remarquée, parce que remarquable, le Provincial a insisté sur ce qui, à ses yeux, constitue le « plus fondamental de tous les sens : le toucher » : « Quand tu regardes, quand tu écoutes, quand tu parles, quand tu sens, la relation est toujours univoque : elle va seulement dans un sens, elle n’implique pas de relation. Mais quand je touche, cela implique une relation : je ne peux pas toucher quelqu’un sans qu’il ne s’en rende pas compte ! C’est pourquoi il faut une très grande délicatesse de notre part, et beaucoup de respect. Il faut aussi que l’autre se laisse toucher. Or, Don Bosco a su toucher les jeunes de son temps, et comment ? Par la confiance et une extrême bienveillance. » Les débats étaient lancés…
Vidéos : voir les extraits des interventions…
Vers une réhabilitation de l’affectif dans la relation éducatif ?
Fondateur des Valdocco de France (Argenteuil, Lyon, Nice, Lille) avec la passion qui le caractérise, le Père Jean-Marie Petitclerc (vidéo) a ouvert la table-ronde en retraçant les grandes lignes de la pédagogie salésienne depuis Don Bosco jusqu’à nos jours. « Aujourd’hui, comme hier, conclue-t-il, les défis sont toujours nombreux : celui de la violence, celui de l’autorité, celui du vivre ensemble. Dans ce contexte, le rôle de l’adulte est de réguler l’agressivité, d’inspirer la confiance, d’être crédible et de favoriser la fraternité. Don Bosco a su faire cela et s’entourer de nombreux disciples pour l’aider. »
François Le Clère, (vidéo) Directeur général des Valdocco, évoque, quant à lui, la nécessité de « pratiquer le chemin des 3A dans la relation éducative : « Approche, Alliance, Accompagnement ». Pour ce faire, le jeune directeur invite à relever trois défis : « le lien entre l’adulte et le jeune, l’esprit de famille et la capacité à se laisser « entamer » et « toucher » par le jeune. »
De l’importance du climat de confiance dans les quartiers
Ancien Député-maire de Chanteloup-les-Vignes, Pierre Cardo (vidéo) a pris le temps de rappeler le contexte de violences préalable à la création (avec Jean-Marie Petitclerc) des Messagers, dépêchés pour limiter les actes de malveillance et rétablir un bon climat dans la cité. « Aujourd’hui, dit-il, on a toujours besoin d’éducateurs de proximité. La violence ne se règle pas par la violence, mais par le dialogue, en créant un climat de confiance. »
De son côté, Christine Rossignol, (vidéo) Directrice du Pôle Scolarité et prévention du décrochage scolaire à la Fondation d’Auteuil, s’est indignée des situations de décrochage dans un contexte où l’école est ouverte à tous. « L’école va mal, diagnostique-t-elle, mais le plus important reste peut-être ce qui se joue en-dehors de l’école, à la maison, en famille et dans les associations qui s’occupent du soutien scolaire. Pour elle, le « besoin d’alternatives est encore grand. »
Après que le Père Emmanuel Besnard (vidéo) ait évoqué la question de la sanction dans la pédagogie salésienne (« Il faut savoir être inventif, car la sanction doit transmettre des repères et permettre au jeune qui a commis une faute de restaurer ses capacités à réussir et faire appel à la sagesse et à la patience. »), M. Amédée Lathoud, ancien Directeur de l’administration pénitentiaire, a rappelé ce qui était essentiel en matière d’éducation : « Une forte capacité d’innovation et de création ». Surtout, Amendé Lathoud (vidéo) a défendu une éducation sur le terrain du jeune : « Ce n’est pas en déportant les jeunes qu’on pouvait les sauver du temps de Don Bosco. Aujourd’hui non plus. C’est donc dans les quartiers que doit se faire le travail éducatif. C’est pour cela que le système préventif, imaginé par Don Bosco, est précieux, car il allie le sens de la fête, de la joie et du beau. C’est fédérateur et libérateur ! »
« Voilà, conclue-t-il, ce qui caractérise les salésiens et tous ceux qui travaillent avec eux : et ça marche toujours aujourd’hui, près de 150 ans après la mort de Don Bosco, au plus grand bénéfice de la jeunesse ! »
18 juin 2015
Extraits des interventions des conférenciers…
Père Daniel Federspiel, provincial
Père Jean-Marie Petitclerc
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François Le Clère, directeur du Valdocco
Pierre Cardo, ancien Député-maire de Chanteloup-les-Vignes
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Christine Rossignol, prévention du décrochage scolaire
Père Emmanuel Besnard, Valdocco Nice
Amendé Lathoud, avocat général honoraire
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