« Don Bosco est un attaquant ! » Un colloque aux Bernardins de qualité
12 février 2015
Premier des trois rendez-vous académiques prévus cette année, le colloque « Don Bosco et l’Eglise », organisé le jeudi 5 février, a rassemblé près de 120 personnes dans le Grand Auditorium du Collège des Bernardins. Si le réseau salésien était bien représenté, grâce à la présence de nombreux chefs d’établissement, un certain nombre de curieux a pu apprécier la qualité des propos tenus au cours de la table-ronde.
A la sortie de l’auditorium, un invité s’interroge : « N’aurait-il pas été plus judicieux de dire « Don Bosco, les jeunes et l’Eglise » ? » « Parler de Don Bosco, c’est forcément parler des jeunes ! » rétorque son voisin. C’est, en effet, pour eux, les jeunes, que le natif des Becchi bâtit la première des maisons salésiennes, puis fonda sa congrégation. Pour eux, aussi, qu’il donna sa vie, confiant : « Dans les choses qui regardent le bien de la jeunesse, je me lance en avant jusqu’à la témérité ! »
L’Eglise et la génération Y
Et l’Eglise d’aujourd’hui, que fait-elle pour cette « génération Y » que décrit Clémence Houdaille, journaliste au service Religion de La Croix, partenaire de l’événement ? Répond-elle aux aspirations, à la demande et aux attentes de ces jeunes, « qui n’attendent pas de l’Eglise qu’elle valide leurs choix, mais qui attendent quand même qu’elle donne des repères et dise quelque chose » ?
Au fil des interventions, le constat apparaît que Don Bosco reste un exemple à suivre, malgré la distance entre son époque et la nôtre. Plus qu’un exemple, une « inspiration », pour Monseigneur Dufour, Evêque d’Aix-en-Provence, lié à Don Bosco et à Dominique Savio depuis sa prime enfance : « [Don Bosco] avait une espèce de sixième sens qui lui permettait de comprendre intuitivement le sens humain et spirituel, ce qui l’encourageait à agir subito ». Le Père M.E. Hyppolite, professeur à l’UPS, préfère la métaphore du football : « Si dans ce corps aux membres variés qu’est l’Eglise du Christ, il faut que certains soient à la défense, Don Bosco, lui, est un attaquant. »
« Ce prêtre ne parle pas pour nous »
200 ans après sa naissance, l’Eglise a, pourtant, encore du chemin à parcourir pour reconquérir les jeunes et parler leur langage. « 79% des jeunes Français considèrent que les Chrétiens et l’Eglise ne savent pas bien communiquer ni s’adresser aux jeunes générations », énonce Clémence Houdaille. Une sentence qui fait écho à l’anecdote racontée par Mgr Dufour : celle d’un Don Bosco allant à la rencontre de garçons dormant pendant la messe. Interrogés par lui, ceux-ci répondent : « On ne comprend rien ! Ce prêtre ne parle pas pour nous… »
A ce constat, l’Evêque d’Aix-en-Provence en ajoute un autre : celui de « familles blessées ». Et d’appeler : « C’est à vous, la famille salésienne, de relever le défi de toutes ces questions que vous nous posez ! Nous avons, aujourd’hui, besoin d’oratoires pour les familles et les jeunes ».
S’il devait y avoir une conclusion à ce colloque, elle serait celle-ci : de l’audace, de l’ingéniosité ! Voilà ce dont l’Eglise a le plus besoin aujourd’hui. En cela, le modèle de Don Bosco reste d’une incroyable actualité : lui n’hésita pas à se faire professeur, chef d’établissement, chef d’atelier, auteur de pièce de théâtre… alors qu’il n’avait aucune vocation à être tout cela. A Charles Péguy le mot de la fin, cité par Mgr Dufour : « Il a fallu des Saints et des Saintes de toutes sortes. Maintenant, il en faudrait une sorte de plus. »
Rémi Favresse
12 février 2015