Don Bosco en son temps : La famille des comtes de Maistre
15 août 2019
La famille de Maistre a fourni des hommes de valeur au service des rois de Piémont-Sardaigne, de l’empereur Alexandre Ier de Russie, et des Etats Pontificaux. Don Bosco était accueilli familièrement dans cette famille, qui l’a très généreusement soutenu dans ses œuvres.
François-Xavier de Maistre (1705-1789), né à Aspremont, fut avocat fiscal à Nice, puis sénateur et président du sénat de Savoie. Il reçut, du roi Victor-Amédée III de Sardaigne, le titre de Comte pour sa participation active aux réformes institutionnelles. Il eut quinze enfants, dont deux écrivains célèbres, Joseph et Xavier de Maistre, auxquels la ville de Chambéry a élevé un monument devant le château.
Joseph et Rodolphe
Joseph (1753-1821) est le plus connu. Il fut, lui aussi, sénateur de Savoie. Lors de l’invasion de celle-ci par les républicains, en 1792, il vécut une période de vingt ans de déménagements et tribulations. Il devint ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne à Saint-Pétersbourg. Son œuvre littéraire la plus fameuse, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg », a inspiré le Tolstoï de « Guerre et Paix ». Il est célèbre pour ses écrits philosophiques, connu pour ses idées royalistes et son soutien au pape. Il eut trois enfants, dont Rodolphe, qui reçut Don Bosco chez lui.
A l’âge de seize ans, Rodolphe (1789-1866) fut appelé par son père comme secrétaire de l’ambassade de Sardaigne à Saint-Pétersbourg. Aussitôt promu officier au service du Tsar de Russie Alexandre Ier, il participa à plusieurs batailles contre les troupes napoléoniennes, notamment à la Bérézina ; et il fut nommé lieutenant-colonel. Rentré au Piémont en 1817, il devient général au service du roi Charles Albert de Piémont-Sardaigne. De 1838 à 1848, il exerce la charge de gouverneur du Comté de Nice. Ecarté pour ses idées anti-libérales (il refuse d’exécuter l’ordre d’expulsion des Jésuites et des ordres religieux dans le comté de Nice), il est mis à la retraite en 1849. Il réside alors, avec sa famille, à Rome, où il reçoit Don Bosco. En 1820, Rodolphe a épousé Charlotte Espérance Azélie de Plan de Sieyès dont il a onze enfants.
Rencontre avec Don Bosco
Le Père Cafasso, père spirituel du Comte et de la Comtesse, les envoya vers Don Bosco. En 1858, Don Bosco fit son premier voyage à Rome, dans le but de rencontrer le pape et lui présenter son projet de fonder la congrégation salésienne. A cette occasion, Don Bosco fut l’hôte de la famille de Maistre dans leur palais de Via Quirinale. Il y trouvait un endroit pour travailler tranquillement aux premières audiences avec Pie IX. Deux des fils, Charles et Eugène – ce dernier était officier dans les troupes pontificales –, se prêtèrent comme guides pleins de gentillesse et d’attentions pour les visites de la ville éternelle.
Dîner diplomatique
Durant ce premier séjour, le Comte voulut montrer sa sympathie à l’égard de Don Bosco en organisant à son honneur un dîner diplomatique. Il avait invité des personnes illustres accréditées par les cours européennes auprès du Saint Siège. Durant le repas, le comte Rodolphe s’adressa avec une grande désinvolture aux uns et aux autres en français, en espagnol, en allemand, selon le cas. Se tournant vers Don Bosco, qui restait silencieux et se faisait discret, il se mit à converser en piémontais avec lui. Les convives surpris, se demandaient de quelle langue étrange il s’agissait. Le comte répondit, farceur, que c’était du sanscrit !
Un autre fait a lié de façon significative Don Bosco et la famille de Maistre : l’Abbé Dominique Sire, du séminaire St-Sulpice de Paris. Ce dernier avait lancé le projet d’offrir un cadeau à Pie IX : les traductions dans toutes les langues et dialectes du monde de la Bulle Ineffabilis Deus qui définit le dogme de l’Immaculée Conception. On confia la réalisation du volume en piémontais à Don Bosco, qui chargea le théologien turinois Gaetano Costamagna d’établir le texte. Ce sont les enfants de la famille de Maistre qui illustrèrent les trente pages en parchemin avec des décors floraux et des symboles bibliques. L’invocation en calligraphie « Auxilium Christianorum, ora pro nobis » (« Secours des chrétiens, priez pour nous ») est manifestement la signature de Don Bosco.
Pour les missions
Le comte Eugène, passant un jour par Turin, en mars 1887, s’invita à la table de Don Bosco. A la fin du repas, il lui demanda s’il avait besoin d’argent. Quelle question ! Il déposa, sur la table, une somme importante offerte par une de ses tantes pour les œuvres du Valdocco. Don Bosco était justement face à une échéance de six mille lires pour financer le départ des missionnaires salésiens en Patagonie.
Son frère, Charles avait hérité du château de Beaumesnil, dans l’Eure, en France. Il lui envoyait une généreuse offrande en 1865, accompagnée d’une lettre dans laquelle il racontait : « Depuis quelques mois, les jours de fête, je rassemble les gamins de notre village pour leur offrir une récréation et essayer de faire du bien à leurs âmes. Comme je serais heureux que vous soyez ici ! Vous me donneriez tant de bons conseils ! Et je pourrais écouter vos leçons pour faire pareil que vous ! » A la mort de Don Bosco, il écrivit à Don Rua : « Nous le considérions affectueusement comme notre père. Pas une joie, pas un souci ou une tristesse que nous ne lui faisions savoir pour le partager avec lui… »
Leur sœur Marie épousa le marquis Domenico Fassati. Ils furent parmi les premiers « coopérateurs salésiens ». Ils faisaient le catéchisme au Valdocco. Et la marquise fit partie des femmes qui cousaient et raccommodaient les vêtements des garçons dans la chambre de Maman Marguerite à la Maison Pinardi.