En route vers Prague. L’Est team
10 août 2016
60 jeunes d’Ephata Don Bosco, de 14/16 ans, ont traversé l’Allemagne à vélo pour arriver à Prague, en 16 jours. Un pèlerinage, une aventure spirituelle, marquée par l’ouverture aux autres, le partage d’expériences et de réflexions personnelles, la ténacité, la confiance et encore bien d’autres valeurs de vie.
East time : l’estime de soi, l’estime des autres, l’estime de la fragilité
Prendre la direction de l’est, en faisant équipe, a suggéré le slogan de notre périple : l’ « EST TEAM », qui lui même a inspiré le choix de nos thèmes de journée : l’estime de soi, l’estime des autres, l’estime du silence, l’estime de la fragilité, l’estime de homme, etc. Quant à la République Tchèque, elle nous offrait sur un plateau le « check », ce salut qui remplace la poignée de mains par un choc des poignets, un claquement de mains, auquel on ajoutait un signe de la main symbolisant le thème du jour.
La route Ephata de l’Allemagne à Prague
Les paysages d’Allemagne sont magnifiques. L’Eifel avec ses arbres bien dodus, et puis surtout les vallées du Rhin et du Main, avec leurs falaises et leurs villes aérées comme Coblence, Mayence, leurs coteaux quadrillés de vignes en terrasses, les champs de blé bordés de coquelicots et de bleuets sur les plateaux après Würtzburg. Les villages de Bavière, soignés, avec les maisons aux façades colorées, font penser à la route des vins en Alsace. Si les paysages à la frontière tchèque sont plus monotones, on a bientôt retrouvé les collines pentues près de Karlovy Vary, et tout autour de Prague.
Accueil très « salésien » des maisons de Don Bosco sur la route
Partout nous avons reçu un accueil formidable, attentif, qui passe les barrières de la langue – mais on pouvait toujours recourir à Brigitte, Sarah et quelques jeunes qui connaissent bien l’allemand –. Accueil très « salésien » des maisons de Don Bosco, à Junkerath, Mayence, Würtzburg, Bamberg, et enfin Prague ; accueil des centres paroissiaux vastes et bien équipés. Plusieurs nous ont offert le petit déjeuner, et à Marktredwitz, des dames sont venues nous le servir elles-mêmes !
Le rythme des journées est bien soutenu : lever vers 6h30 – 7h00, enseignement « semailles » et déjeuner, puis départs échelonnés des jeunes répartis en six carrefours. Vers 13h00, la camionnette rejoint un point fixé d’avance avec le ravitaillement. Après un peu de temps libre, les carrefours prennent leurs carnets d’animation et partagent sur le thème du jour. Ils reprennent ensuite la route, un à un, jusqu’à l’étape. Foot ou détente, douches, souper, moisson et veillée. Les jours de repos permettent des visites en ville, des discussions approfondies, un temps de désert, des célébrations, l’occasion de faire une petite lessive.
A Koblenz, enquête en ville, genre cluedo, sur la disparition de la « madonnina », mise en scène par sœur Anne devenue sœur Anne-Tonietta. A Würzburg, piscine. A Bamberg, où les salésiens ont une école de cirque, deux heures d’apprentissage de quelques techniques : diabolo, équilibre sur des grosses boules, assiettes chinoises, jonglerie, acrobaties, et surtout trapèze où l’on a vu des timides s’éclater ! En soirée, une veillée à la manière de Taizé dans la tente du cirque. A Karlovy Vary, visite des sources thermales, et dégustation de l’eau saumâtre. A Jesenice, temps de désert très serein dans le verger ensoleillé de la vieille ferme. Visite guidée de Prague avec le Père Janko, qui nous a fait connaître les grands personnages de la République, et fait sentir ce que furent les 70 années de dictatures, celle d’Hitler et celle des communistes.
Il y a les spécialistes des rustines ou des freins détendus
Les premiers jours, bien des jeunes mordent sur leur chique pour suivre et tenir jusqu’au bout. Quelques chutes dues à la fatigue ou la distraction, heureusement bénignes. Il y a les spécialistes des rustines ou des freins détendus, les vitesses qui ne passent pas bien, et les pédales qui se dévissent. Pauline apprend à mettre la selle à la bonne hauteur et à rectifier la position sur le vélo, la pose des pieds sur les pédales, afin d’éviter les tendinites ou les douleurs aux genoux. Jojo rappelle les consignes de roulage, pour la prudence. Cela portera du fruit. Si dans les dernières étapes les vélos attrapent des maux de vieillesse, les jeunes, eux, sont de plus en plus résistants. Cela se manifeste dans les hurlements de plus en plus fréquents et de plus en plus forts, les « bon anniversaire » incongrus, les chants à répons qui donnent l’ambiance. On ne passe pas inaperçu ! L’unification du groupe se manifeste dans les tics de langage adoptés par tous : « pas l’temps d’niaiser », « j’suis saoulée », « des chiques ou des bonbons », « kinki » (olé-olé), et diverses onomatopées.
Lors de l’eucharistie finale, chacun recoit un « diplôme » rappelant ses qualités
Gérard et Philippe, les mécaniciens forment une équipe folklorique, qui fait penser à « Devos & Lemmens ». Gérard a des petits airs de Bourvil. Ils sont au taquet pour les réparations, y passant des heures tous les jours … Dans leurs temps perdus, ils composent des couplets satiriques sur l’air de « la chenille » et animent la fin de déjeuners.
L’équipe cuisine se spécialise : Colette pour les décisions et les menus, Stéphanie pour les sauces, Brigitte comme interprète et pour touiller dans les casseroles, Raphaël pour ranger le matériel dans la remorque. On se souviendra de la potée liégeoise, du poulet à la sauce curry et citron, du chili con carne de Manu, des « american wrapes » sorte de crêpes variante des « durums », mais aussi des sandwiches à la mozzarella garnis de roquette, de la soupe au petit déjeuner !
Quand il le peut, c’est-à-dire lorsqu’il dispose de la wifi, Romain envoie sur le site Facebook des photos et des textes qui permettent aux parents de participer à la route en envoyant à leur tour des messages de sympathie et d’encouragements. Un contact fort apprécié.
Il y avait de quoi célébrer lors de l’eucharistie finale, chacun recevant un « diplôme » rappelant ses qualités, et chaque carrefour ayant recueilli les moments forts du camp.
Jean-François Meurs
11 août 2016