Inondations à Don Bosco Verviers : « Nous avons partagé les mêmes moments de découragement mais aussi d’espoir », souligne la nouvelle directrice, Sandrine Spronck
13 novembre 2021
Il y a quatre mois, les 15 et 16 juillet, la Wallonie était marquée par de terribles inondations. Le bilan fut terrible : 38 morts et un disparu, quelque 224 000 bâtiments touchés ou détruits, 155 000 tonnes de déchets collectés, etc. Dans le réseau Don Bosco, plusieurs établissements scolaires furent touchés, mais c’est Don Bosco-Verviers qui eut à affronter les pires dégâts. Quatre mois plus tard, où en est-on ? Rencontre avec Sandrine Spronck, la toute nouvelle directrice de l’établissement verviétois.
DBA : Quelle a été votre impression lors de votre première visite sur place ?
Sandrine Spronck: La première visite avec les chefs d’atelier, nous a marqué profondément. Déjà à l’entrée du quartier, la boue, les maisons abîmées… comme beaucoup l’ont dit, nous avions l’impression de nous trouver dans une « zone de guerre ». L’arrivée à l’école a confirmé cette première impression. Nous nous sommes dit qu’il serait impossible d’assurer la rentrée de septembre, tant l’ampleur des dégâts dépassait l’entendement. La totalité du rez-de-chaussée de l’école était impacté par l’inondation. Nous nous retrouvions face à des locaux envahis par 30 centimètres de boue, des portes arrachées, des machines, parfois très lourdes, déplacées et entassées dans un coin de l’atelier, la partie administrative complètement détruite… c’était l’horreur !
DBA : Une entrée en fonction pour le moins perturbée…
En tant que nouvelle directrice, mon premier contact avec les enseignants a été pour les avertir de la situation de l’école… « Bonjour, je suis votre nouvelle directrice et les inondations ont ravagé l’école… ». C’était vraiment bizarre comme situation et, en même temps, cela m’a permis d’avoir un contact beaucoup plus direct. Il fallait se serrer les coudes, se mettre en route pour nettoyer, évacuer les déchets… nous partagions les mêmes moments de découragements mais aussi d’espoir.
DBA : Comment s’est organisé le nettoyage ?
Très vite, une belle solidarité s’est développée. Les enseignants et le personnel de l’école ont répondu présents. Ils ont été rejoints par de nombreux bénévoles. Notamment un groupe d’une soixantaine de Néerlandophones qui ont montré beaucoup de cœur à l’ouvrage. Des grands élèves sont aussi venus participer au nettoyage. C’était beau de voir leur énergie, courant pour aller vider les brouettes de boue sur la rue où s’entassait tout ce qui était irrécupérable. Des parents d’élèves, des anciens… Pelleter la boue ensemble, cela crée une autre relation professeurs-direction, élève-direction. Et puis, voir ces gens venus d’un peu partout, cela encourage, on se sent « citoyen du monde ».
DBA : Vous avez reçu de l’aide d’un peu partout
Le réseau des écoles salésiennes a fonctionné. Des enseignants de Don Bosco Halle et de Don Bosco Woluwé ont aidé à la remise en route des machines pour lesquelles cela s’avérait possible. Une enseignante de Don Bosco Stockel a alerté ses collègues et sa direction. Un monsieur, mécanicien de formation, et son épouse sont venus s’installer avec leur camping-car. Leur aide a été précieuse dans la remise en route de machines de l’atelier mécanique.
Un ancien élève pensionné a fait un don de cent euros : « Je n’ai que ma petite pension, mais je tiens à participer. » Un autre monsieur se présente pour faire un don. Au fil de la conversation, on se rend compte qu’il est directeur d’une entreprise qui travaille dans l’hydraulique. Finalement, le don se transformera en une participation à la remise en route de la cisaille hydraulique et par le don d’un Clark. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres, mais c’est tout ça qui nous a permis de rendre possible la rentrée le 1er septembre.
DBA : Une rentrée fort différente de ce qui se passe d’habitude
Bien sûr, cette rentrée a été un peu chahutée. Il a fallu remettre en route toute la partie administrative, récupérer du matériel, réinstaller une ligne téléphonique, internet, … Les élèves du troisième degré ont été envoyés en stage en entreprise dès le début de l’année, ce qui a permis de continuer la remise en ordre des ateliers de l’école. Cela a pu se faire grâce à la collaboration et la compréhension des entreprises qui accueillent ces élèves.
DBA : Et cette solidarité continue encore aujourd’hui…
Le soutien des écoles du CES Verviers a aussi contribué à ce redémarrage, notamment par le soutien apporté au niveau administratif. Les élèves de rhéto du DIC Collège, une école secondaire de Liège, ont fait le trajet jusqu’à Don Bosco Verviers en vélo. Le parrainage leur a permis de récolter une belle somme qui a été en partie affectée à l’achat d’une machine pour l’atelier de menuiserie.
Aujourd’hui, l’école fonctionne mais beaucoup de choses sont encore à faire. Le chauffage n’a commencé à être réinstallé qu’au moment du congé de Toussaint.
Cet événement difficile nous a invités à nous remobiliser pour faire vivre l’école. Il nous faut maintenant continuer à rendre un visage humain à l’école, la repositionner dans la ville.
Rudy Hainaux, SDB