Jean-Marie Petitclerc : la médiation sociale enfin reconnue !

17 février 2024

Jean-Marie Petitclerc : la médiation sociale enfin reconnue !

La médiation compte parmi les 12 mots-clés de la pédagogie salésienne. Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, coordinateur du réseau Don Bosco Action sociale (DBAS), revient sur cette notion, chère à Don Bosco, alors qu’une proposition de loi (portée par le député Renaissance de l’Hérault Patrick Vignal) vient d’être adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale sur le sujet.

Jean-Marie Petitclerc : « Cette notion de médiation, qui compte parmi les 12 mots clés de la pédagogie salésienne, était chère à Don Bosco, qui vouait une grande admiration à Dominique Savio, dont les talents de médiateur, dans les conflits entre camarades, étaient reconnus de tous. Les membres de la compagnie qu’il a fondée ont joué un grand rôle dans la médiation entre les deux groupes de jeunes accueillis à l’oratoire : les apprentis, dont bon nombre venaient de la rue, et les collégiens, la plupart issus de familles solides. Et l’on connait l’importance des tensions entre ces deux groupes.
Et puisque nous fêtons cette année le bicentenaire du rêve des 9ans, nous pouvons aussi souligner le rôle de médiatrice que joue Marie entre son fils Jésus et le petit Jean Bosco.
Alors, le vote en première lecture par l’Assemblée Nationale d’une proposition de loi visant à reconnaitre les métiers de la médiation sociale est vraiment une bonne chose. Dans le texte, la médiation sociale est définie comme « un processus de création et de réparation du lien social, ainsi que de règlement des situations conflictuelles de la vie quotidienne. »

DBA : les premières expérimentations datent des années 90, n’est-ce pas ?
Jean-Marie Petitclerc : « Oui, il y a 30 ans, à l’initiative de Pierre Cardo, maire de Chanteloup-les-Vignes, était lancée la première expérimentation de mise en place de médiateurs dans le contexte de résolution des premières émeutes urbaines en Ile-de-France, qui se sont déroulées au début des années 90. Et en 1995, année de la création de l’association « Le Valdocco » à Argenteuil, je créais également l’association pour la Promotion des Métiers de la Ville (PROMEVIL), qui est devenue aujourd’hui la plus importante association de médiateurs sociaux en Ile de France. »

DBA : Le chemin a été long, donc, pour une reconnaissance par les pouvoirs publics de ce « métier »
Jean-Marie Petitclerc : « Durant les 10 années où j’ai travaillé au cabinet du vice-président, puis du président du conseil départemental des Yvelines, ainsi que durant les deux années passées au cabinet du ministre du Logement et de la Ville, j’ai beaucoup travaillé sur ce dossier de l’indispensable reconnaissance par les pouvoirs publics de ces métiers de la médiation sociale. Dans l’ouvrage paru en 2002 aux éditions Dunod, intitulé « pratiquer la médiation sociale », j’ai consacré de longs chapitres au nécessaire processus de professionnalisation de ce nouveau métier de la ville.
Cela étant dit, il a aussi fallu trente ans, de l’après-guerre à l’arrêté de 1972, pour que soit enfin reconnu le métier de l’éducateur de prévention spécialisée… »

DBA : revenons à PROMEVIL. L’association s’est retrouvée en première ligne lors des émeutes de l’été 2023.
Jean-Marie Petitclerc : « Oui, les médiateurs ont joué un grand rôle dans le retour au calme suite aux émeutes du début de l’été (une semaine a été nécessaire cette fois, alors qu’en 2005 il avait fallu compter plus de trois semaines !) Je pense en particulier à la qualité de présence des médiateurs de l’association PROMEVIL sur le quartier Pablo-Picasso de Nanterre, d’où était originaire le jeune Nahel. Quel dommage que les médias n’aient parlé que du rôle de la police et des dealers. »

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