« Le numérique, allié ou menace pour l’éducation ? » : Alain Bentolila présente le prochain congrès de l’éducation salésienne

Spécialiste de l’illettrisme et de l’apprentissage de la lecture et du langage chez l’enfant, le linguiste Alain Bentolila est professeur à l’Université Paris-Descartes, auteur d’une vingtaine d’ouvrages et Grand Prix de l’Académie française 1997. Il est aussi le président du conseil scientifique des Maisons Don Bosco, conseil qui prépare le « Congrès de l’éducation salésienne », fin mars 2022 à Lyon sur un thème éminemment d’actualité : « Le numérique, allié ou menace pour l’éducation ? »

DBA : Le conseil scientifique des maisons Don Bosco est une instance singulière, qui réunit des enseignants-chercheurs des universités publiques, comme vous, mais aussi de l’Institut Catholique de Paris ou de l’Université catholique de Lyon (Ucly), aux côtés de responsables d’œuvres salésiennes. Pourquoi avoir accepté de le présider ?

Alain Bentolila : J’ai accepté après un temps de réflexion ! En effet, je suis déjà très sollicité par ailleurs… et je n’aime pas faire de la figuration. Cette présidence, ce n’est pas juste s’asseoir et présider. C’est impulser. C’est ce que j’ai dit à Jean-Marie Petitclerc, que je connais depuis très très longtemps, notamment lorsque j’étais vice-président de la Fondation des Caisses d’Epargne. Je l’ai souvent invité dans des colloques, notamment les Controverses de Descartes (1). On se retrouve sur un certain nombre de convictions, de principes, lui le prêtre salésien, et moi, le juif, plutôt agnostique. Des convictions dans deux grands domaines, l’éducation et la transmission.

DBA : Par exemple ?

Alain Bentolila : Par exemple, nous croyons qu’aucun enfant ne mérite qu’on le laisse en dehors de notre patrimoine culturel et scientifique. Nous croyons dur comme fer qu’avec patience, intelligence et amour, nous pouvons faire en sorte que tout enfant, où qu’il soit né, d’où qu’il vienne, peut se forger une langue capable de porter son intelligence.

Autre conviction, lorsque nous agissons auprès des jeunes les plus fragiles, nous travaillons aussi pour nous ! Face aux dangers terribles qui nous menacent, le sectarisme, la partition, l’exclusion, la haine de l’autre, dangers qui ne sont pas nouveaux mais qui sont démultipliés par le numérique, la seule chose à faire est d’activer la raison de nos jeunes. On ne gagne pas contre des gens qui n’ont plus comme vision de la vie et de la mort que le fait que la vie n’a plus de sens ni de valeur. Nous nous battons pour la raison des enfants, l’intelligence des enfants, le discernement.

DBA : Et vous voici donc, désormais, partie prenante de notre réseau Don Bosco (2), à la fois scolaire et d’action sociale…

Alain Bentolila : oui, cette vision salésienne de l’éducation me plaît beaucoup. C’est vrai qu’au départ, c’est à travers Jean-Marie Petitclerc que je connais le réseau Don Bosco, par ses conférences notamment. Mais j’y ai trouvé des gens exemplaires et ouverts. Cette proposition de présider le comité scientifique m’a donc plutôt honoré. Il règne dans ce réseau de formidables valeurs qui font honneur à l’éducation et aux salésiens de Don Bosco.

DBA : Vous nous donnez rendez-vous les 25 et 26 mars 2022, à Lyon-Ecully pour le Congrès de l’éducation salésienne, c’est bien ça ?

Alain Bentolila : oui, ce congrès est la première action du comité scientifique. J’ai choisi un sujet large : « Le numérique, allié ou menace pour l’éducation ? » C’est un sujet qui touche beaucoup de gens, qui mérite qu’on y réfléchisse sérieusement. On ne sort pas de ce genre de sujets en disant « c’est mal » ou « c’est bien ».

Propos recueillis par Benoit Deseure

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(1) Une journée dédiée aux professionnels de l’Éducation (enseignants, chercheurs, formateurs, éducateurs…) a lieu chaque année à l’Université Paris Descartes, afin d’accompagner et de solliciter la réflexion sur les grands sujets qui préoccupent le monde de l’Éducation. Pour en savoir plus, aller sur la chaîne youtube « Les Controverses de Descartes ».

(2) Le réseau Don Bosco regroupe 68 établissements scolaires en France, en Belgique francophone et au Maroc pour environ 40 000 élèves et une vingtaine d’associations d’action sociale (pour environ 80 établissements et services).