Le recteur majeur des salésiens, Don Angel Fernandez Artime, créé cardinal par le pape : ce que cela signifie pour lui, pour la famille salésienne et pour l’Eglise catholique
16 juillet 2023
Grande surprise dimanche dernier : le pape François a annoncé qu’il allait créer de nouveaux cardinaux en septembre. Et parmi eux, se trouve… le supérieur général des 14 000 salésiens de Don Bsoco, et animateur de l’ensemble de la famille salésienne dans le monde, le père Angel Fernandez Artime. Le dixième successeur de Don Bosco. Qu’est-ce que cela signifie pour lui, pour la famille salésienne… et pour l’Eglise catholique ?
Qui est Don Angel, dixième successeur ?
Le père Ángel est né le 21 août 1960 à Gozón-Luanco, en Espagne. Il a fait sa première profession religieuse à l’âge de 18 ans et a prononcé ses vœux perpétuels en 1984 (à 24 ans) à Saint-Jacques-de-Compostelle. Prêtre depuis 1987, il est âgé désormais de 62 ans.
Titulaire de diplômes en théologie pastorale, philosophie et pédagogie, il a exercé plusieurs missions en Espagne. Il a notamment été délégué à la pastorale des jeunes. Mais en 2009, à l’âge de 49 ans, il est invité à traverser l’Atlantique pour devenir le supérieur de la Province d’Argentine du Sud, basée à Buenos Aires. À cette époque, il a eu l’occasion de rencontrer et de travailler personnellement avec l’archevêque de Buenos Aires de l’époque. Autrement dit, le cardinal Jorge Mario Bergoglio. Et oui, le futur pape François !
En mars 2014, il est élu par le 27e Chapitre général comme nouveau Recteur majeur de la Congrégation salésienne et 10e successeur de Don Bosco. Six ans plus tard, en 2020, il a été confirmé par le 28e Chapitre Général à ce poste pour un second mandat de six ans. Un mandat qui doit donc, en principe, se terminer en 2026.
Qu’est-ce que cela signifie pour la famille salésienne ?
Dans un courrier adressé mercredi aux salésiens du monde entier, ainsi qu’à toute la famille salésienne, le père Angel souligne sa « surprise ». Il explique qu’une demi-heure après l’annonce, le Saint Père lui a envoyé un courrier remis en mains propres lui demander d’aller « lui parler le plus tôt possible ».
Quoi qu’il en soit, don Angel voit dans cette décision un « don que le pape François nous a fait comme congrégation salésienne et comme Famille de Don Bosco. » Il s’agit notamment pour le pape de « rendre visible une Église sortante, qui soit un hôpital de campagne où de nombreux jeunes puissent trouver un environnement habité par des personnes qui éduquent, accompagnent et aident à grandir dans la foi », comme l’écrit le provincial des Salésiens d’Espagne. C’est, de fait, un hommage au travail de la famille salésienne de Don Bosco dans le monde entier. Et une invitation à poursuivre notre mission.
Le provincial d’Espagne, évoquant ce choix, va plus loin : pour lui, cette décision « rappelle également que la vocation salésienne nous place au centre de l’Église et nous met pleinement au service de la mission à laquelle le Seigneur nous envoie. Notre charisme nous amène à travailler avec les jeunes avec une pédagogie et une spiritualité héritées de Don Bosco. Depuis notre naissance, nous nous sentons partie de l’Église avec une fidélité filiale au Successeur de Pierre. Sans aucun doute, la confiance que le Pape François a accordée à l’actuel successeur de Don Bosco est un signe qui nous remplit de joie pour toute la Famille Salésienne. »
Concrètement, cardinal est le rang le plus élevé dans la hiérarchie de l’Église catholique romaine après le pape. Etre cardinal, c’est notamment avoir le redoutable honneur de devoir désigner un nouveau pape, lors du « conclave » : chapelle Sixtine, fumée noire, fumée blanche…
Est-il le premier salésien à être cardinal ?
Non, bien sûr ! Pour l’anecdote, le premier Salésien de Don Bosco à avoir été créé cardinal fut Giovanni Cagliero, camarade de classe de Dominique Savio et de Michel Rua, parti comme missionnaire en Uruguay et en Argentine. Il le devint en 1915, par décision du pape Benoit XV.
Aujourd’hui, avec don Angel, on compte désormais 11 cardinaux salésiens (sur un peu plus de 200), dont cinq de moins de 80 ans, donc susceptible de voter pour le prochain pape. Précision qui mérite d’être donné : si don Ángel pourra voter (à partir du 30 septembre), en tant que (nouveau) cardinal, il sera également… éligible pour devenir le nouveau pape à l’avenir !
Les cinq cardinaux salésiens dits « électeurs » sont désormais : Ángel Fernández Artime (62 ans, Espagne), Charles Maung Bo (74 ans, Birmanie), Cristóbal López Romero (71 ans, archevêque de Rabat, au Maroc, que l’on connait bien ici en France et en Belgique), Daniel Fernando Sturla Berhouet (64 ans, Uruguay) et Virgilio do Carmo da Silva (55 ans, Timor Oriental).
Et pour la congrégation, quel changement ?
Dans le courrier qu’il a adressé cette semaine, après son entrevue avec le pape, don Angel évoque les conséquences pour la congrégation et la famille salésienne : « Le pape François a considéré la pertinence, pour le bien de notre congrégation, qu’après le consistoire du 30 septembre, je puisse continuer mon service comme recteur majeur jusqu’au 31 juillet 2024 ». Don Angel présentera alors sa démission et sera appelé par le pape à d’autres fonctions. Le Chapitre général 29, prévu en 2026, sera avancé d’un an et débutera en février 2025. C’est à ce moment-là que le 11e successeur de Don Bosco sera élu.
Que va devenir don Angel ?
Le recteur majeur le dit en conclusion de sa lettre : il n’en sait rien ! « Quelle mission va me confier le Saint-Père ? Il ne me l’a pas encore dit, et nous pouvons comprendre qu’avec le temps qui reste encore disponible, c’est mieux que ce soit comme ça ». Et d’ajouter : « Je demande à mes confrères salésiens et à notre chère Famille salésienne d’intensifier la prière ». Pour le pape. Et pour lui.
La lettre complète est à lire sur le site ANS, l’agence internationale salésienne d’informations, en bas de cet article.