Un documentaire espagnol, « Love », présente le travail des Salésiens auprès des jeunes filles de la rue à Freetown
22 février 2022
Elles sont des millions dans le monde entier, des centaines dans les rues de Freetown, la capitale de Sierra-Leone. Les filles de la rue ont un destin différent des garçons. Elles vivent beaucoup entre elles, Elles ont quelques lieux pour dormir, se doucher, se maquiller, laver leurs vêtements. Pour manger, pour payer l’école, elles vendent leur corps. C’est une question de survie. Mais elles restent des enfants qui ressentent et réagissent comme des enfants…
Aminata est jolie, et elle le sait. Elle s’habille bien et se promène fièrement dans les rues, accompagnée de ses amies. Mais les gens ne les aiment pas, ils ne veulent pas d’elles. Elles font trop de bruit, elles sont de trop. Elles se font insulter. Les policiers les ramassent pour inconduite, les conduisent en garde à vue ; ils n’ont aucun respect pour les femmes, ils les violent. Elles n’ont personne pour les protéger.
Aminata a 17 ans, et elle vit dans la rue depuis l’âge de 13 ans. La mère est morte, le père a disparu. Il lui reste une grand-mère malade et trop pauvre. Alors, elle a décidé de quitter son village pour ne plus être à sa charge. À la ville, Freetown, elle pourrait au moins aller à l’école ? Elle y a rencontré une amie qui l’a entraînée dans un club. Elle a été accostée par deux hommes. Ce fut sa première expérience sexuelle.
Les filles n’ont que deux endroits pour boire. Les vendeurs de marijuana le savent, et aussi les garçons qui viennent pour obtenir une passe. Un jour, on est venu les chercher pour aller faire leur « métier » sur un chalutier chinois ancré au large. Elles étaient complètement à la merci des marins : si elles ne faisaient pas ce qu’on leur demandait, on les jetterait à l’eau, et elles ne savent pas nager ! Dans ces lieux, elles rencontrent la drogue, l’alcool… Cela laisse des traumatismes profonds, elles ne peuvent plus faire confiance à aucun homme, ni croire en l’humanité.
Beaucoup sont malades, séropositives, ou infectées par les maladies vénériennes. Les hommes refusent les rapports protégés. Elles n’ont pas la possibilité de se soigner, on ne les accepte pas à l’hôpital si elles ne peuvent pas payer. Aminata est une battante et elle est intelligente. Elle a beaucoup d’amies, de relations, elle a ses clients réguliers, cela fait moins de risques.
Le père George Crisafulli les visite. Le centre « Don Bosco Fambul » va à leur rencontre avec un minibus. Dans un autre bus, plus grand, il y a une équipe qui accueille les filles. Elle détecte les cas de prostitution, propose des tests pour le sida, offre une aide psychologique. Elle encourage celles qui le veulent à venir vivre une expérience de vie familiale au foyer Don Bosco pour les sortir de cette espèce d’esclavage. Elles peuvent manger, dormir, connaître un peu d’hygiène, recevoir une éducation morale, un soutien spirituel. Elles peuvent rêver.
Aminata a passé un jour à Don Bosco Fambul, un seul : elle n’a pas supporté les horaires communs, d’être suivie partout. Elle est retournée à la rue, sa liberté. « C’est mon histoire ». Mais elle a pris une décision. Aidée financièrement par le Centre de Fambul, elle est retournée dans son village, pour s’occuper de sa grand-mère, auprès de ses tantes et sa famille. Elle a ouvert un salon de coiffure et une petite épicerie. Elle espère fonder une famille, avec deux garçons et une fille. Elle a changé d’histoire.
Jean-François Meurs
D’après le documentaire « Love » de Raul de la Fuente, pour Misiones Don Bosco.