Libertad : le documentaire-choc sur les salésiens de Freetown, au cœur des prisons pour mineurs
30 octobre 2021
C’est un chiffre effroyable : dans le monde, 1,5 million de mineurs jetés en prison chaque année pour des délits légers, ou simplement parce qu’ils trainent dans la rue. Leurs droits sont bafoués, les conditions de vie y sont effroyables. Dans de nombreux pays, les salésiens font tout pour humaniser, offrir une aide spirituelle, les faire sortir au plus tôt. « Libertad » est le témoignage des salésiens de Freetown, en Sierra Leone, accessible sur You Tube, produit par « Missiones salesianas » de Madrid, sous-titré en français. Un documentaire-choc.
À 15 ans, Chennor était surnommé « sniper », le franc-tireur. Orphelin à 8 ans, il a vécu dans la rue. Lors d’une bagarre – c’est courant chez les gamins de la rue -, il a été pris et incarcéré dans la prison de Pademba, pendant deux ans. Comme des centaines de jeunes de Sierra Leone, les enfants soldats ont été livrés à eux-mêmes, sans but, sans avenir à la fin de la guerre civile. Ils ont été rejoints par les orphelins de l’Ebola. Ils dorment sur les tombes dans le cimetière ou bien ils errent la nuit dans les rues. S’ils commettent un larcin, s’ils se font pincer lors d’une bagarre, s’ils se font repérer comme vagabonds par les policiers, ils sont jetés brutalement en prison où ils attendent un jugement qui ne vient pas, et qui risque de ne jamais avoir lieu parce qu’ils n’ont pas de papiers, pas de famille, et que de toute façon, ils sont « moins que des cafards » …
Un « centre de correction » nommé Pademba
En prison, Chennor s’est battu pour se faire une place dans la cellule surpeuplée, pour survivre aux agressions verbales et physiques des adultes ou des caïds, pour manger, pour ne pas servir d’objet sexuel. Pademba, « Centre de correction », est un, endroit sombre, sale, puant, un enfer où des mineurs de 12-13 ans sont à la merci des plus violents. Un gamin a été surnommé « Bosse » parce que la police et les gardiens le frappaient toujours sur le crâne et ça laisse des traces !
Don Bosco a changé la vie de Chennor, qui a retrouvé la liberté. Le père George Crisafulli est un des rares qui pénètrent dans la prison de Pademba. Il visite les cellules, repère les plus faibles, ceux qui sont en danger, ceux qui n’ont rien à faire là, et met en route son équipe juridique pour obtenir le jugement et la libération des innocents ou de ceux qui échouent là pour une peccadille et qui sont sans défense. Certains meurent de faim littéralement. Il leur fait faire un check « santé » et donner les soins adéquats, il fournit des repas. Depuis 15 ans, la prison manquait d’eau, les prisonniers ne trouvaient rien à boire, ou ne pouvaient pas se doucher. Le père George a pu faire arriver l’eau de nouveau.
Fambul, la famille
Sortis de prison, les jeunes sont accueillis à la maison « Don Bosco Fambul ». Fambul, c’est la famille. Grâce à l’esprit accueillant du centre, les jeunes récupèrent et peuvent se mettre à faire un projet d’avenir. Ils reçoivent une formation professionnelle : électriciens, menuisiers, mécaniciens, etc. Chennor est devenu soudeur.
Sur un mur de la prison, quelqu’un a écrit : « God bless Don Bosco ». Là où ceux qui entrent laissent toute espérance, Don Bosco rend l’espoir. Le secret, c’est la bienveillance, le sourire, le refus de désespérer des jeunes. Quand le père Crisafulli a amené Alpha Cece à l’hôpital pour le recoudre un peu partout à la suite d’une bagarre, l’infirmière avait dit : « Père, ne gaspillez pas votre argent pour ces déchets ! » Don Bosco, lui, voit en chacun son potentiel de bonté, il leur rend leur dignité. Alpha Cece proclame : « Don Bosco m’a sauvé la vie ». Dieu bénisse Don Bosco qui lui a appris que Dieu l’aime et l’a toujours aimé.
Oui, cela va très loin : la douceur et l’affection transforment. Chennor est devenu volontaire pour aller à la rencontre des jeunes dans la rue et dans la prison. Il est plein de vie et d’enthousiasme. Il est surnommé « Too nice », « super-sympa ». Il encourage par son exemple, il donne des conseils, il veut éviter à d’autres de vivre ce qu’il a vécu, et il sait de quoi il parle. Le 17 septembre dernier, il était à Madrid, sur le plateau de Misiones Salesianas, pour présenter le film documentaire de Raul De la Fuente, « Libertad ».
Quelques jours plus tard, lui qui n’avait jamais pris l’avion, ni un ascenseur ou des escaliers mécaniques, était au Valdocco, à Turin. « J’ai prié devant Don Bosco et Dominique Savio pour tous les enfants que Fambul aide en Sierra Leone (…) Je pensais que j’allais mourir en prison, parce que j’ai vu mourir les mineurs autour de moi… mais Don Bosco m’a sauvé la vie et m’a changé à jamais. Je dois tout à Don Bosco et je serai toujours à ses côtés, travaillant pour qu’aucun enfant des rues ne finisse comme moi et en sauvant ceux qui sont en prison. »
Jean-François MEURS, SDB
Pour voir ce documentaire (en espagnol, sous-titré en français), cliquer ici.