Un homme nommé Jésus. Une conférence de Jean-Christian Petitfils
28 février 2013
Ce que nous savons de Jésus, nous le tenons des Evangiles, de brèves notations chez des historiens romains et de découvertes archéologiques. La connaissance de l’époque et le recours à l’exégèse historico-critique éclairent l’ensemble. Enquête sur le Jésus de l’Histoire.
Jean-Christian Petitfils, historien réputé, spécialiste de l’Ancien Régime, a donné une conférence très enrichissante devant une salle comble à la paroisse Saint Jean Bosco de Paris 20ème arrondissement, le jeudi 21 février. Ecrire une vie de Jésus et en parler, n’était-ce pas un challenge pour un spécialiste des 17° et 18° siècles ? On ne peut pas raconter la vie de Jésus comme celle d’un personnage de l’époque moderne !
Une démarche historique et une recherche scientifique sérieuse
S’attaquer au sujet de Jésus peut paraître une ambition énorme et ardue. Il y a tant de livres sur Jésus et souvent les polémiques à leur égard ne manquent pas. A entendre l’orateur, nous devinons son long travail de recherche – quelque 25 années – pour resituer le Jésus de l’histoire. A l’écouter on connaît mieux l’enracinement historique et religieux de Jésus, et son enracinement palestinien.
Les évangiles canoniques nous livrent des faits et des discours globalement fiables, mais leurs rapports à l’Histoire ne sont pas identiques, commente Jean-Christian Petitfils. Les évangiles dits synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) ne sont pas des témoins directs. En revanche, le quatrième est celui d’un disciple de la première heure, un témoin oculaire, Jean. Ce Jean ne serait pas le fils de Zébédée, le pêcheur du lac de Tibériade, mais un disciple de Jérusalem, portant le même nom et qui faisait partie du haut sacerdoce juif. C’est à la fois le plus mystique et le plus historique, poursuit notre historien. Tout en s’appuyant sur des recherches scientifiques rigoureuses son propos reste toujours ouvert sur le mystère de la foi chrétienne.
En guise d’épilogue : la question « qui suis-je ? » se pose encore
Jean-Christian Petitfils terminera sa conférence en disant « qu’il y a là un phénomène unique, que l’historien armé de sa seule science ne peut pénétrer. De ce point de vue le Jésus de l’histoire, auquel les disciples renvoient, reste une énigme, un mystère insondable. « Pour vous qui suis-je ? » leur avait-il demandé. Près de deux mille ans plus tard, la question se pose encore. A chacun, en conscience, d’y répondre ».
Avant de se quitter, Jean-Christophe Petitfils répondit aux questions des auditeurs, tant l’attention portée à ses propos avait été grande. Il dit aussi l’intérêt qu’il portait au linceul de Turin, au suaire d’Oviedo et à la tunique d’Argenteuil, trois reliques qui constituent une source très précieuse pour éclairer le déroulement de la Passion.
La fascination du public, croyant ou incroyant, pour le personnage de Jésus est profonde. Sans doute témoigne-t-elle d’une quête de sens et de spiritualité dans une société largement sécularisée, où s’effondrent les connaissances de base que dispensait naguère la catéchèse traditionnelle. C’est ce que donne à penser les propos et le livre « Jésus » de Jean-Christian Petitfils, un livre – qui plus est – écrit dans une langue claire, élégante et agréable !
Père Job INISAN, curé
28 février 2013