Marie Croon, co-présidente du Mouvement salésien des jeunes (MSJ) : « J’ai tenu Dieu à distance car j’étais en colère »
14 février 2022
Co-présidente du MSJ, animatrice Ephata et bénévole, Marie témoigne de son retour à la foi par des chemins salésiens.
Depuis ma plus tendre enfance, je suis baignée dans le monde salésien, par une grand-mère maternelle coopératrice salésienne et engagée ainsi qu’un grand-père paternel investi au sein de l’Institut Don Bosco Val d’Or à Bruxelles. Je passais beaucoup de temps chez mes grands-parents, je découvrais au fur et à mesure cette flamme qui anime chaque personne au fond d’elle. Le baptême, la première communion, les messes avec ma grand-mère, … mais également le sens du partage, du don de soi, de l’envie d’aider l’autre.
J’ai reçu les valeurs, la spiritualité salésienne, la foi chrétienne dès mon berceau mais voilà… Le divorce de mes parents, moins de temps chez les grands-parents et l’entrée dans l’adolescence, voilà trois facteurs qui m’ont éloigné de la foi, qui m’ont fait prendre un autre chemin… Pendant de nombreuses années, j’ai tenu Dieu à distance car j’étais en colère : pourquoi devait-il me donner cette épreuve à vivre ? Pourquoi moi, s’il était présent parmi nous ? Pourquoi mon univers, mon idéal s’effondraient-ils ?
Tous ces questionnements m’ont vraiment mise à mal par rapport à ma foi. Celle-ci était en pleine construction mais fut, d’un coup, stoppée net. Et puis un jour, le cheminement a repris. Un pas après l’autre, j’ai repris ce chemin, cette reconstruction par rapport à ma foi. J’ai commencé par un camp marche, de Farnières à Rochefort, avec Ephata Don Bosco. Ce n’était pas gagné. Une semaine avant, je voulais tout arrêter, renoncer à cet engagement que j’avais pris d’aller cuisiner pour tout un groupe de jeunes. Heureusement, ma maman m’a soutenue, encouragée à venir avec elle. Appréhension, doute, peur se sont glissés malgré tout dans ma valise.
La peur était fort présente mais je me suis laissée toucher par cette flamme salésienne que chaque jeune avait à sa propre manière. Échanges, discussions, émerveillement, découverte : je m’abandonne alors et me reconnecte à cette foi qui grandit, à cette flamme qui réchauffe. Me voilà embarquée comme animatrice, ce qui me permettra de vivre mille aventures, de nouer des amitiés fortes.
C’est d’abord Ephata qui m’a permis de reprendre ce chemin, mais une autre expérience a fait grandir cette flamme salésienne : mon VIDES (Volontariat salésien) en Bolivie. Je suis partie pour 11 mois au sein d’une communauté de sœurs salésiennes. Elles tiennent une maison pour une centaine de jeunes filles placées par le juge, faute de famille pouvant leur offrir un lieu sécurisé, bienveillant et aimant.
Durant une année, ma foi a grandi, cheminé via les échanges, les différentes rencontres avec les filles de la Casa Main[1], et les joies vécues mais aussi et surtout par les difficultés, les peines et les épreuves rencontrées. J’ai été confrontée à une autre culture, dans un pays dont je ne parlais pas la langue mais qui m’a accueilli les bras grands ouverts. Toutefois, je me suis vite rendue compte que oui, nous parlions le même langage, celui de Don Bosco, celui de Marie-Dominique Mazzarello. Lors des moments plus difficiles, quand le manque de mes proches se faisait sentir, lorsque j’étais témoin de violence éducative, Marie-Do, Marie Auxiliatrice et Don Bosco m’accompagnaient.
Depuis, Don Bosco et sa pédagogie sont un moteur pour moi. L’étincelle salésienne est au cœur de ma vie et de mon engagement au quotidien. La citation du Petit Prince, « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux » témoigne de cette flamme qui m’anime et que je souhaite transmettre à toute personne qui rencontre mon chemin. Grâce à ce feu qui réchauffe, il devient plus facile d’aller à la rencontre de l’autre, de ce jeune.
Propos recueillis par Joaquim LESNE
[1] Nommée par le surnom de Marie-Dominique Mazzarello