Missions salésiennes : « Dieu a son merveilleux plan pour chacun de nous ! » témoignent le père Vincent Tran et sœur Mary Magdaline Synnah
11 novembre 2023
Le 11 novembre 1875, Don Bosco envoyait dix salésiens Italiens en Argentine, pour annoncer les Évangiles. Près de cent cinquante ans plus tard, des salésiens et des salésiennes quittent leurs pays et leurs vies pour se consacrer à Dieu et aux jeunes, ailleurs. Le frère Vincent Tran, né au Vietnam et aujourd’hui salésien prêtre à Nice, et sœur Mary Magdaline Synnah, née en Inde et vivant en Tunisie, nous expliquent ce que signifie être missionnaire aujourd’hui.
DBA : Pouvez-vous présenter votre parcours ?
Père Vincent Tran : Je suis né en 1980 en Dong Nai, dans une commune qui se trouve à 80 km de Hô-Chi-Minh-Ville, au Vietnam. Ma famille était modeste et mes parents travaillaient dur sur le marché pour pouvoir assurer le nécessaire du foyer avec quatre enfants, dont je suis l’ainé. La population dans cette région est majoritairement catholique car elle est formée par des tribus immigrant du nord après la guerre d’Indochine. C’est dans ce climat de la foi catholique que j’ai été éduqué et très jeune, j’avais un rêve de devenir prêtre.
J’ai été encouragé par ma famille dans cette voie. A l’époque, je fréquentais une communauté salésienne pas loin de mon village pour les activités extra-scolaires. Quand j’ai terminé mes études universitaires en 2002 et après un temps de discernement, j’ai décidé d’entrer en prénoviciat chez les salésiens à Hô-Chi-Minh-Ville.
Sœur Mary Magdaline Synnah : Je suis née dans une petit village de Mawkyndeng, état de Meghalaya, au Nord-Est de l’Inde. Mes parents sont de la première génération de chrétiens. Le curé de notre paroisse était salésien. Dieu a son merveilleux plan pour chacun de nous !
Quand je suis entrée dans la congrégation des Sœurs Salésiennes de Don Bosco comme aspirante en 1984, j’ai fréquenté nos sœurs missionnaires et j’ai été fascinée par leur courage et leur joie au service de Dieu. La flamme missionnaire ne m’a jamais quittée. En 2010, ma provinciale m’a demandé si j’avais envie d’aller en mission. Ce fut une décision difficile, car j’étais animatrice de la communauté et j’avais planifié de nombreux projets. Dieu a parlé à mon cœur en me disant : « Tu es utile, mais pas indispensable ». Oh ! c’était la réponse. Alors j’ai dit mon « Oui » pour être missionnaire Ad Gentes.
DBA : Pourquoi avoir choisi d’être missionnaire, et plus particulièrement missionnaire salésien ?
Père Vincent Tran : Tout comme ma vocation de religieux salésien, je crois bien qu’il s’agit d’un appel personnel du Seigneur. Il m’a appelé au plus profond de moi-même, à travers mon désir, mon rêve. Il m’accompagne sur ma route de la vie pour que je puisse l’entendre et répondre à son appel, toujours avec délicatesse et bienveillance.
Quand je suis en formation initiale comme salésien de 2002 à 2007, je ressens l’appel de plus en plus clair et fort en moi de partir en mission ad gentes là où le Seigneur m’envoie, à travers la congrégation. C’était telle fort que dans mon discernement, pour bien connaître la volonté de Dieu, je me suis posé la question au sens inverse, c’est-à-dire au lieu de « est-ce que je veux vraiment partir en mission ? » je me suis demandé : « qu’est-ce qui m’empêche de partir en mission ? »
A la fin de ma formation de philosophie en 2007, j’ai écrit une lettre pour me mettre à la disposition de la Congrégation dans le monde. C’est le Recteur Majeur et son Conseil général qui décident la destination de chaque salésien missionnaire. C’est comme cela que j’ai été envoyé en France avec trois autres confrères.
Sœur Mary Magdaline Synnah : Parfois on pense qu’aller en mission est facile, il suffit d’avoir une bonne santé physique. Ce n’est pas assez ! La préparation de l’esprit et du cœur est très importante. J’ai été envoyé comme économe à la communauté de Menzel Bourguiba, en Tunisie, où nous avons une école primaire qui accueille 470 élèves.
Entrer dans une mission est un changement : le témoignage silencieux d’amour est mon travail quotidien, à travers des contacts quotidiens avec les enseignants, les parents et les élèves. Les vertus qu’il faut cultiver sont la patience, l’écoute et le service dans le domaine de l’éducation.
DBA : En quoi consiste votre vie de missionnaire ? En quoi est-elle différente d’une vie de religieux « classique » ?
Père Vincent Tran : Au fond, il n’y a pas de grande différence car c’est toujours la vie salésienne que l’on vit au Vietnam, en France ou ailleurs. Mais en même temps, la différence se trouve fortement au niveau culturel et social. Arrivant en France le 10 octobre 2007, j’ai dû « partir de zéro » pour apprendre la langue, la culture, la mission en France et en Europe. La manière de vivre en communauté est aussi différente, les activités apostoliques aussi… Bref, il me fallait bien m’adapter car être salésien éducateur des jeunes en France est bien différent que l’être au Vietnam.
Ma vie missionnaire consiste à m’inculturer au mieux dans la vie afin de servir au mieux la mission salésienne en France-Belgique Sud. J’aime beaucoup un confrère qui nous disait un jour dans son mot du soir : « vous êtes venus ici, non pas pour boucher des trous mais pour continuer la mission salésienne avec ce que vous êtes et avec ce que vous apportez pour cette province. » Oui, il s’agit bien de l’actualisation du charisme de Don Bosco pour notre contexte d’aujourd’hui. Je pense que c’est une belle manière de résumer en quoi consiste ma vie missionnaire.
Sœur Mary Magdaline Synnah : Notre mission est de servir en toute gratuité. Notre école doit suivre la programmation nationale, nous ne pouvons pratiquement rien faire d’autre que les cours. Afin de faire quelque chose de bien avec notre système éducatif, j’ai lancé le mouvement scout dans notre école. Et avec sœur Virginie Merel, nous avons commencé aussi les Clubs Bosco jeunes pour former les animateurs, Bosco Ados et Bosco Kids, un type d’« oratorio », avec un résultat très positif parmi les participants et leurs familles.
Comme communauté nous participons à la vie des gens en visitant les familles lors des moments de peines : maladie, mort, malheur, etc., et nous partageons aussi leurs joies : mariages, jours de fêtes… C’est un témoignage de notre solidarité.