Pastré-Grande Bastide : à Marseille, une grande inauguration pour un lieu pas comme les autres !

9 avril 2022

Pastré-Grande Bastide : à Marseille, une grande inauguration pour un lieu pas comme les autres !

Grand, très grand moment vendredi à Marseille : les nouveaux locaux de notre établissement Pastré-Grande Bastide, qui accueille près de 1300 élèves (ce qui en fait l’un des plus importantes maisons du réseau Don Bosco), ont été inaugurés. Pastré, ce sont des écoliers, des collégiens, des lycéens (en filière générale et pro) et des post-bac. Pastré, c’est aussi un lieu très particulier, que saint Jean Bosco lui-même a visité à plusieurs reprises. Découvrez l’histoire de la villa Pastré qui renferme plusieurs énigmes…

Madame Mathilde Pastré était allée plusieurs fois à Lourdes, mais sans obtenir le miracle souhaité. Sa petite-fille Marguerite était fort malade depuis une douzaine d’années et à 18 ans, sa santé laissait craindre le pire. Elle reçoit une lettre de Don Bosco lui souhaitant la bonne fête, et lui faisant savoir qu’à Turin, on prie pour la jeune fille. Il invite la famille à prier Marie Auxiliatrice et promet la guérison. Le 3e jour de la neuvaine, Marguerite réussit à s’alimenter. Puis, elle se lève et marche. Le 9e jour elle se rend à l’église pour remercier le Seigneur. Madame Pastré hésite à croire à la guérison totale, mais celle-ci se confirme.
Elle connaissait Don Bosco, elle était allée l’entendre à l’église de la Madeleine, à Paris, lors du grand voyage de 1883. Emue, elle avait fendu la foule pour lui dire quelques mots et donner son offrande. Elle savait que Don Bosco avait fait des miracles, mais elle n’avait pas cru bon de le solliciter pour sa petite-fille. C’est Don Bosco qui a pris l’initiative avec l’envoi de cette lettre. Mais comment le saint de Turin avait-il connu l’adresse à Paris, et surtout la maladie de Marguerite, pour inviter à cette prière ? Mystère !

La villa en reconnaissance
Reconnaissante, Madame Pastré contacte Don Bosco pour mettre à sa disposition sa villa de Marseille. C’est une « bastide », une de ces belles maisons de campagne plantées dans un cadre de verdure, de fraîcheur et de paix, où les familles aisées passent les jours d’été. Elle est située dans le quartier de Sainte Marguerite, au sud-est de la ville, jouxtant les calanques. La famille Pastré avait déjà fait cette proposition aux Dames de Sion, qui en avaient profité pendant une dizaine d’années, y tenant un orphelinat, mais qui avaient quitté les lieux.
Curieusement Don Bosco refuse l’offre. Pourtant, il est à la recherche d’une maison et d’un domaine pour y mener les enfants de l’oratoire Saint-Léon au moment des grosses chaleurs. Il en parlait depuis longtemps au chanoine Guiol, qui était à l’origine de l’arrivée des salésiens à Marseille. Il lui avait notamment confié un songe dans lequel il avait vu « cette maison qui est déjà à ma disposition », et qu’il décrivait avec deux piliers surmontés de lions de pierre à l’entrée, une allée circulaire de platanes, de nombreux pins, et un cours d’eau qui traverse la vaste propriété. Il avait même vu des enfants jouer sous un gros chêne. Il avait déjà refusé d’autres offres parce qu’elles ne correspondaient pas à cette description.
Mais Madame Pastré insiste. Alors, Don Bosco envoie le père Bologne et le chanoine Guiol visiter les lieux. Tout y est, les lions, les platanes, les pins, la rivière qui traverse. Alors, il accepte. A l’automne 1883 et jusqu’en 1891, la villa sera le noviciat des futurs salésiens. Don Bosco y résidera plusieurs fois lors de ses voyages : les sœurs montrent encore le rejeton du chêne sous lequel il aimait prier et réfléchir.
En 1891, Don Rua offre la villa aux sœurs salésiennes, pour y établir leur noviciat. La maison est grande pour les quelques candidates, mais bientôt elle sera remplie par les nombreuses vocations. Dès les premières années, les sœurs y accueilleront un pensionnat pour les filles pauvres et commenceront une école. Elles firent construire une chapelle, inaugurée en 1898.
La villa appartenait toujours à la famille Pastré, d’autres héritiers y avaient droit. Du coup, en 1904, elle ne fut pas confisquée par l’Etat comme bâtiment religieux au moment de la loi Combe. Des sœurs avaient repris leurs vêtements civils pour échapper à l’expulsion.


Origines de cette famille
Les Pastré sont issus d’une famille de bergers venus du Haut-Languedoc, qui firent fortune et devinrent d’importants armateurs à Marseille. Ils feront des affaires en Afrique et notamment en Egypte, à Suez. Madame Pastré, Anne Mathilde Régny, est née à Marseille le 6 avril 1814, fille de Pierre Aimé, et de Marie Madeleine Bernadac. La famille Régny s’était établie à Gènes au début du XVIIIe siècle tout en restant française, et la branche qui nous intéresse fonda une maison de commerce et de banque qui fut l’une des plus considérables d’Italie. Les deux familles possédaient plusieurs bastides dans la banlieue de Ste Marguerite et ailleurs autour de Paris. Elles étaient traditionnellement généreuses, soutenant les œuvres catholiques.
Mathilde Régny épousa le 19 mars 1833 Jean-Joseph Pastré, dont elle eut deux enfants ; Aimé né en 1834 et Marie Madeleine Philomène, née en 1837. Cette dernière est la mère de Marguerite, la jeune fille guérie grâce à l’intervention de Don Bosco. Les salésiennes disposèrent de la villa avec l’accord de leurs descendants. En 1947, certains demandèrent de clarifier la situation, et les sœurs décidèrent de racheter la villa, créant l’« Association Villa Pastré ». Plusieurs héritiers firent don de leur part, perpétuant la tradition de mécénat en faveur des institutions de charité. Encore actuellement ils restent impliqués dans l’œuvre en exerçant la présidence de la « Fondation Salésienne Pastré » créée en 1979, qui succède à l’Association propriétaire, et qui élargit les buts. M. Jacques Pastré, le premier d’entre eux, fut très actif, suivi de son neveu Serge, jusqu’en 1983. Actuellement, c’est Henri Pastré qui préside l’assemblée.

Jean-François MEURS

 

Oeuvres salésiennes