14-18. Les salésiens dans la guerre
8 août 2014
Après les lois de Séparation de 1905, la guerre de 1914 change beaucoup de choses. La bravoure des salésiens est remarquable et remarquée. Ainsi en 1918, les salésiens vont pouvoir revenir en France et réouvrir leurs œuvres.
En 1901, la France salésienne comportait deux régions : le Nord, province St Denis, centrée sur Paris, avec 9 maisons, 95 confrères et 26 novices ; et le Sud, Province St Lazare, centrée sur Marseille avec 10 maisons, 125 confrères et 51 novices.
Les Salésiens sont expulsés hors de France en 1905
Les lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat prévoient l’expulsion des salésiens. Le Sud décide de se séculariser et de rester en place. En 1905, ils sont encore 43 confrères pour sept maisons. Le Nord demande l’agrément, qui lui est refusé au cours d’un procès retentissant. Obligés de partir, certains restent en changeant de statut, comme le Père Dhuit à Paris. Son école ferme, mais il maintient le patronage ! D’autres partent, emmenant parfois leurs élèves avec eux, à Sampierdarena en Italie, par exemple, pour se replier ensuite en Belgique. En 1905, le Nord possède encore cinq présences sur le territoire national tenues par 18 confrères. Par contre 10 salésiens sont à Guernesey, 24 à Melles-lez-Tournai en Belgique et 4 à Oran. Entre temps le noviciat s’est replié en Italie à Avigliana, puis en Belgique à Hechtel. Ces maisons sont considérées comme faisant partie de la province de France. Les maisons de Tournai, Verviers, Hechtel et Liège en Belgique sont dirigées par des salésiens français, et le personnel vient presque en totalité de l’ex province de Paris
Etat des lieux de la province en 1914
Au début de la guerre de 1914, il n’y a plus qu’une seule province ! Et 82 confrères sur 163 reçoivent leur ordre de mobilisation. Ils partent sans discuter laissant les maisons démunies. A Montmélian, l’œuvre est même fermée. A Melles lez Tournai le Père Festou, directeur, est mobilisé avec tous ses professeurs, les élèves du collège sont envoyés à Tournai. Au total entre 1914 et 1918 les salésiens de France auront eu 112 mobilisés, 17 y laisseront leur vie.
Les salésiens reviennent en France après la guerre
Certains sont brancardiers ou infirmiers, le Père Cau et Paul Legall sont en première ligne pendant toute la guerre pour assister les blessés et les mourants. D’autres sont téléphonistes et agents de liaison dans des conditions particulièrement difficiles. D’autres encore, simples soldats au front, se sont distingués par leur courage : Prestau, lieutenant d’une bravoure légendaire, a mené plusieurs fois ses hommes à l’assaut, Mayet (sur la première photo, au milieu) et Aime, grenadiers, etc. Au total trente-quatre citations et décorations. L’état français leur sera reconnaissant. Les Salésiens reviennent peu à peu en France, car les lois ont changé à la suite du comportement des religieux et prêtres pendant la guerre.
Les salésiens rentrent du front à partir de 1917 et ouvrent de nouvelles maisons
Il faudra attendre 1917 pour que le Provincial, le Père Virion, ouvre en France au Château d’Aix, dans la Loire un noviciat remplaçant celui de Belgique. Il se doublera d’un collège. En 1919, les salésiens prennent une école à Guînes, mais doivent la quitter en 1921. Ils se sont aussi installés en 1919 à Caluire, dans une école primaire, puis secondaire. Dans le sud, dès 1919, les œuvres de Nice, Marseille, La Navarre, Montpellier La Marsa en Oranie, peuvent reprendre leurs activités sous la direction officielle des salésiens. Et en 1920, ils prennent l’école agricole de Pressin.
Par contre, les salésiens ont quitté Guernesey en 1926, regagnant l’Institut Lemonnier de Caen. Ils ont abandonné Tunis en 1959 et La Marsa en 1960, et l’Oranie peu de temps après. La maison de Melles-lez-Tournai a fermé en 1962, pour reprendre le collège de Bailleul, dans le Nord.
Cette présentation simplifie outrageusement une histoire remplie de rebondissements, d’actes de courage et de résistance. Retenons seulement que les salésiens persécutés n’ont pas hésité à défendre leur patrie et sont venus à son appel pour la défendre, ce qui leur a permis ensuite de continuer à servir sa jeunesse.
Jean-Pierre Monnier,
salésien de Don Bosco
15 aout 2014