Audran Cattin : « J’ai eu cette chance d’être bien entouré. »
7 août 2020
Vivre son rêve quand on est jeune ! Don Bosco en parlait, les jeunes qui fréquentent les œuvres salésiennes le vivent régulièrement. Audran Cattin nous parle de son rêve, des personnes qui lui ont permis de le réaliser. Ce jeune comédien de théâtre et de cinéma, une des vedettes de la série à succès de TF1, Les bracelets rouges, nous livre ici son témoignage.
Un rêve de collégien, bien accompagné
En 2007, à l’âge de douze ans, je découvre le théâtre dans mon collège jésuite bordelais St Joseph de Tivoli, avec un professeur de français formidable : François Cassou. Je suis bouleversé par cet art de l’instant. « J’veux faire ça plus tard ! » que je crie à mes parents. Ils me sourient avec tendresse et m’inscrivent à des cours extra-scolaires, dans la troupe du « Théâtre En Plus », rue Mandron (à Bordeaux), dirigée par la grande Béatrice Benero.
Je suis cette formation à Bordeaux jusqu’en 2013. J’y découvre tous les exercices d’improvisation, de diction, les joies de la vie de troupe, le trac des représentations, l’acharnement dans l’apprentissage et dans les répétitions, les grands textes de jeunes auteurs incroyables et les classiques. Et plus les années passent, plus l’affirmation de mon désir se fait ressentir, malgré des remarques acerbes de certaines connaissances.
Un choix à faire, un tournant, entre peur et excitation
À 17 ans : « Je veux vraiment faire ça ! » que je dis posément à mes parents. Ils me sourient avec sérieux. « Si c’est réellement ce que tu veux, nous t’aiderons ».
Je leur ai dit cela calmement, mais à l’intérieur c’était un volcan. Pour la première fois de ma vie, je prenais une décision, seul. Je connaissais tous les risques de ce métier, du moins théoriquement, mais je voulais tenter ma chance, je voulais sentir ça, raconter et vivre des histoires, sur scène, tous les jours !
J’étais en ébullition interne, évidemment. Peur et Excitation se mêlaient. Qui ne l’est pas à cet instant où, si jeune, on te demande « Bon, mon grand, qu’est-ce que tu veux faire de ta vie ? ». On sort à peine du ventre de sa mère qu’on nous parle déjà de profit, de salaires, d’années d’études.
« C’est réellement ce que tu veux ? » Je répondais « Oui » mais je pensais « Non ». Mais qui peut se vanter de ne jamais avoir eu peur ? Surtout à cet âge. C’est normal d’avoir peur ! C’est normal de douter ! C’est normal de ne pas savoir ! Ce qu’il faut, c’est agir, quoi qu’il arrive. Prendre une décision et l’assumer ! On aura toujours des regrets pour des choses qu’on a faites ! Ce qui est terrible, c’est d’avoir des remords pour des choses qu’on aurait voulu faire.
Un rêve écouté, accompagné ; un rêve incarné
Ces décisions, évidemment, quand on a 17 ans, s’il n’y a pas une oreille attentive et une épaule sur laquelle se reposer, sont très dures à prendre. Avoir des amis à l’écoute, des accompagnateurs et des parents qui nous soutiennent ; voilà des atouts essentiels et nécessaires. J’ai eu cette chance.
Entouré d’amis et encouragé par mes parents, à dix-huit ans, j’ai pris la décision de devenir comédien. Mon Bac ES en poche, avec mention Bien, je suis parti pour Paris. J’ai suivi pendant deux ans la formation du regretté Jean-Laurent Cochet (professeur de Depardieu, Luchini, Berri) alternativement avec une licence Théâtre à la Sorbonne Nouvelle. En 2015, j’ai intégré le cours d’art dramatique « Le Foyer », dirigé par Arnaud Denis, Jean-Laurent Silvi et Axel Blind. J’y ai beaucoup travaillé, et cela m’a permis de jouer dans la pièce d’Arnaud Denis Le Personnage Désincarné, au théâtre de la Huchette, d’intégrer la formation de La Classe Libre des Cours Florent jusqu’en 2018, d’avoir un agent et d’être pris pour la série TF1 Les Bracelets Rouges. Sacrée année 2016 !
Ensuite d’autres projets se sont enchaînés comme Les Rivières Pourpres ou Philharmonia sur France 2, des courts métrages, des projets théâtraux, et l’assurance du statut intermittent. Mission accomplie. Cependant, je sais que ce métier est mouvant, et je peux très bien me retrouver sans emploi pendant longtemps. Alors je continue de travailler sans relâche. Surtout, ne jamais se reposer sur ses acquis.
Un rêve de jeune, une vie vécue pleinement en adulte
L’idéal existe pour ne jamais être atteint. C’est pourquoi il est idéal. Ce que nous atteignons, au cours de notre vie, ce sont des objectifs. Une multitude. Ils sont souvent très différents de ce que nous nous étions imaginés.
J’ai joué au premier trimestre de cette année, une pièce qui s’intitule « 25 » de Romain Bouillaguet. On y parle des questions que se posent les jeunes, de leurs angoisses, de leurs troubles et des non-dits dans une famille. Il y a un passage qui résumerait parfaitement ce que j’essaie de vous dire : « Papa, c’est si dur de se parler. Alors j’écris. Je suis à un âge où l’on se rend compte de choses. L’âge où l’on se pose face à ses illusions, ses espoirs. Et c’est maintenant que je sais. Je sais que ce que j’avais envisagé, rêvé, ne se réalisera jamais. Mais c’est ça la vie, il me semble. Et je sais aussi que ce qui m’arrive, et ce qui est devant moi, est au final peut-être plus beau et plus grand que toutes ces illusions. »
Propos recueillis par Florent LERUSTE