Être jeune aujourd’hui
23 octobre 2015
Don Bosco s’est dévoué corps et âme à ceux qu’il appelait « ses jeunes ». Mais c’est quoi, être jeune aujourd’hui ? Loin de l’image peu élogieuse véhiculée par les médias et la publicité, les jeunes du XXIe siècle se montrent volontiers à la hauteur des espoirs que les adultes ont placés en eux et ce, malgré un contexte difficile et des préjugés tenaces. Leur premier moteur ? La confiance que leurs aînés leur portent.
Ils composent une génération que l’on affuble de plusieurs noms, plus ou moins flatteurs, d’ailleurs : « génération Y », « génération quoi », « génération crise »… Intercalée entre la X et la Z, la génération Y (voir encadré), telle que la dépeint Olivier Revol1 lors d’une conférence, est une génération d’enfants-rois, grandis à l’ombre de la paix et de la démocratie. Une génération du « vivre », aspirant à la liberté et à l’autonomie, et pour laquelle le travail ne serait pas une priorité.
Le rapport au travail a changé
Un constat que ne partage pas Christophe Guillozet, Chef de secteur à la Mission locale pour l’Emploi de Torcy (Seine-et-Marne), qui accueille deux mille cinq cents jeunes de seize à vingt-cinq ans chaque année : « Ce n’est pas que le travail n’est pas leur priorité, c’est plutôt que le rapport au travail a changé. Et ce rapport a évolué pour tout le monde ! On est tous un peu en recul par rapport au travail. Cela vaut tout autant pour le jeune d’aujourd’hui que pour le cadre qui use de ses RTT. »
« L’époque a considérablement raffermi l’importance de l’estime de soi »
Pas fainéant, le jeune. Mais hésitant. Prudent, même ! « C’est un monde dans lequel on se pose plein de questions sur soi, sur l’avenir, sur les autres, et pour lesquelles on n’a pas forcément de réponses, confie Matthieu, dix-neuf ans, étudiant à Chambéry en école d’ingénieur. C’est aussi un monde où l’on essaie de devenir soi-même ».
« Même pour les choses où tu veux t’amuser, il faut être dans la performance. »
Reste que se construire dans un monde qui semble ne pas vouloir de vous est un sacré challenge. Et le premier défi reste, pour beaucoup d’entre eux, de trouver un travail : une nécessité dans une « société formatée par le travail et qui ne permet l’émancipation que par le travail.
En octobre 2013, France 2 proposait une série de documentaires. Les caméras suivaient des jeunes dans leur quotidien. Dans leurs confidences apparaissait le même constat d’une société qui les rejette. « On est jeunes, on est motivés, on vient d’avoir un diplôme… et puis on se rend compte que le diplôme… Y’a toujours quelque chose qui ne va pas », témoigne Julie. « Plus de cinq ans sur les bancs de la fac, trois ans en école de journalisme, énumère Paul : on s’attend à autre chose quand on sort… » « Y’a pas de reconnaissance », conclut amèrement Aurélie, qui fait le constat d’un monde où toute place doit faire l’objet d’une compétition acharnée entre les prétendants : « Même pour les choses où tu veux t’amuser ou en profiter, il faut être dans la performance ou dans l’efficacité ».
Une demande de confiance déterminante
Pourtant, il suffit de tendre l’oreille pour entendre leurs rêves et, en tout premier lieu, leurs rêves d’une vie à deux, épanouie, empreinte de respect mutuel. Et « parce qu’ils forment la jeunesse », les voyages constituent chez eux un projet récurrent. Voir l’ailleurs pour y vivre, ou seulement pour découvrir le monde et ses richesses, avant de revenir… ou pas.
Quels qu’ils soient – voyageurs dans l’âme ou casaniers assumés, sentimentaux ou volages, connectés ou marginaux – ils n’attendent qu’une chose : que les adultes, comme Don Bosco, leur fassent confiance pour progresser.
L’époque, analyse Laurence Roulleau-Berger2, a considérablement raffermi l’importance de l’estime de soi. Or, précise Christophe Guillozet, « cette estime de soi repose sur deux ou trois critères, dont le plus déterminant reste la représentation que les autres ont de vous. Un jeune, la première chose qu’il demande quand il vient à la Mission locale, c’est d’exprimer ses projets et voir comment on les lui renvoie. »
Rémi FAVRESSE,
Chargé de communication bicentenaire (2014-2015)
1 : Pédopsychiatre au CHU de Lyon. La conférence dont il est question a eu lieu le 28 mai 2013 à Morges (Suisse) sous le nom : « Eduquer, motiver nos enfants. Les nouveaux codes des générations Y et Z ».
Générations X, Y, Z
La génération X regroupe les personnes nées entre 1960 et 1980. Elle suit celle des « baby-boomers », et partage avec elle l’idéal professionnel d’une carrière dans une seule entreprise. C’est la génération-télévision, qui tente de ne pas se faire dépasser par les nouvelles technologies.
La génération Y, celle des « digital natives », regroupe les personnes nées entre 1980 et 1995. C’est la génération-Internet, frappée de plein fouet par la crise au moment de son arrivée sur le marché du travail, ce qui explique son côté terre-à-terre et son caractère désenchanté. Son système de valeurs contraste assez fortement avec celui de la génération précédente, ce qui se traduit souvent par une incompréhension réciproque.
La génération Z (personnes nées à partir de 1995) est la génération connectée par excellence, pour laquelle Internet est forcément haut-débit. On l’appelle aussi génération 3C pour Communication, Création et Collaboration. Les nouvelles technologies suscitent chez elle un très grand nombre d’espoirs. De fait, cette génération annonce un très grand nombre d’évolutions dans le monde du travail (déstructuration de l’espace professionnel, disparition progressive de la notion d’heures passées au travail, etc.)
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Pour aller plus loin
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