Idée reçue n°6 : “L’écologie, c’est un truc de riches qui en ont les moyens.”

“L’écologie, c’est un truc de riches qui en ont les moyens.” Être écolo se résumerait-il à acheter bio ? La nouvelle vidéo de la série Des Idées Éclaircies avec Laudato Si nous donne les moyens de remettre en question cette idée reçue, à partir de l’écologie intégrale présentée au chapitre 4 de l’encyclique. Parler d’écologie seulement pour les riches, ne serait-ce pas un peu pauvre ? 

Un truc de riches

Certains éco-gestes peuvent paraître hors de portée, de par leur coût économique. Pourtant, l’empreinte écologique de ceux qui ont les moyens de s’offrir du bio n’est pas la plus petite! 10% des personnes les plus riches de la planète causeraient la moitié des gaz à effet de serre. Il faut aussi compter une poignée d’entreprises de l’industrie fossile responsables de quantités astronomiques de CO2 émis au détriment malheureusement de chacun, mais surtout des plus pauvres. Une double injustice pour les pauvres qui n’ont pas les mêmes moyens d’agir, et qui en plus sont bien plus impactés par la crise climatique, privés de moyens de réagir. Sans parler, ici, de tous les écosystèmes dont la résilience a été endommagée par l’homme.

Pour être respectueux de l’homme et de la nature, il ne suffit pas seulement d’avoir une voiture électrique. Ce serait prendre le risque d’une écologie de surface. Le problème ne réside donc pas tant dans les moyens dont nous disposons, que dans ce que nous faisons des moyens que nous avons.

Un truc de pauvres

La vidéo présente des experts sur cette question : “Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux” (Mt 5, 3). Jésus lui-même portait les pauvres en exemple ! La deuxième partie de la vidéo nous montre combien les personnes pauvres ont des pratiques bien plus écologiques que les personnes aisées. Ce sont des modèles de la vie avec peu de moyens. Ils nous montrent finalement le chemin de la sobriété pour permettre à la justice et à la paix d’advenir dans la société, en avant-goût du fameux Royaume des cieux.

Mais cette pauvreté-là ne devrait pas être synonyme d’insalubrité, de violation de la dignité des personnes, de maladies. Que ce soit un truc de riche ou un truc de pauvre, une chose est sûre, l’écologie avec Laudato Si, elle est intégrale, et tout le monde y passe !

L’écologie intégrale pour tous !

Nous arrivons à l’écologie intégrale, au cœur de l’encyclique. Il s’agit certes d’un concept qu’il est possible de définir, mais il s’agit aussi et surtout pour qui le veut, d’un programme de vie. Pour introduire cette notion, il y a ce passage célèbre de Laudato Si : “Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature.” (139)

Il fallait que la vidéo soit à la hauteur de cet extrait, c’est pourquoi les lieux de tournage n’ont pas été choisis au hasard. Certains reconnaîtront d’abord la périphérie de Liège, autour de l’aéroport. Cet aéroport, orienté pour le fret, est en projet (déjà en cours!) d’extension avec l’arrivée du géant chinois Alibaba. Ce projet suscite de grandes inquiétudes économiques, sociales et environnementales de la part de la société civile et semble éloigné d’une véritable approche d’écologie intégrale. D’autres reconnaîtront les quartiers de Bressoux et Droixhe. Loin des clichés tragiques et sensationnels relayés dans la presse, nous avons passé un agréable moment dans ce quartier multiculturel.

Le tout est rythmé par des extraits du film Les Choristes (2004). Les enfants y vivent dans l’internat du “Fond de l’étang”. Un professeur y fait le pari que les pauvres gamins ont du potentiel, face à un directeur qui condamne presque a priori ces jeunes. Serons-nous à la hauteur pour écouter la clameur des pauvres ? Les Choristes est aussi un monument de la culture cinématographique et musicale francophone. Dans la prochaine vidéo, il sera justement question de la place que la culture joue dans l’écologie, de génération en génération. Rendez-vous au prochain épisode !

Joaquim LESNE, référent écologie intégrale du diocèse de Liège,
et Gwenaëlle MARTIN, Mouvement Salésien des Jeunes

Ressources pour aller plus loin :

1 – Revue d’ATD Quart Monde 150, 2019/2, “Justice, climat : même combat !” par ce lien 

2 – La théologie de la libération en vidéo

3 – Le calcul de l’empreinte écologique sur ce site