Pourquoi des cours d’Enseignement Moral et Civique ?
16 mars 2018
Suite aux attentats, l’Education Nationale a demandé aux professeurs « une grande mobilisation pour les valeurs de la République. » Comment cela se traduit concrètement ? Par la mise en place d’Enseignement Moral et Civique. Don Bosco Aujourd’hui est allé interroger, Hélène Lacombat, professeur au lycée Notre Dame des Minimes.
DBA : Le projet des cours de morale a été intégré à l’enseignement moral et civique. Sur quoi vos cours portent-ils exactement ?
Hélène Lacombat : Les jeunes ont des cours d’Enseignement Moral et Civique qui doivent favoriser l’apprentissage de la citoyenneté et du vivre ensemble. Dans le programme, on insiste beaucoup sur l’égale dignité de tous : égalité homme/femme, sur la place des femmes et des hommes dans la société, sur la liberté de choisir sa religion, de croire ou de ne pas croire. On leur parle aussi du respect des lois. On essaie de leur transmettre les valeurs de la République : Liberté, Egalité Fraternité. On les amène à réfléchir sur les questions de discrimination.
Comment procédez-vous ?
On part des lois, puis d’études de cas en lien avec ces lois. On débat à partir de témoignages. On présente des associations de lutte contre le racisme, la violence…
Au collège, on part de documents qui font réagir les jeunes. On organise des débats, des mises en situation. Au lycée, les élèves choisissent un thème et bâtissent un exposé pour la classe.
« On leur fait toucher du doigt
comment se construit une opinion. »
Quelle parole pouvez-vous avoir par rapport à la radicalisation ?
On essaie de faire de la prévention. J’ai trouvé une vidéo remarquable : « Les jeunes face à l’Islam radical » que je leur présente. Y interviennent un sociologue, des témoins, des parents, des jeunes, une avocate, un anthropologue et psychologue. Les élèves découvrent que cette radicalisation existe dans tous les milieux sociaux et se rencontre dans différentes religions.
Nous les faisons aussi réfléchir sur les réseaux sociaux. Qu’ils prennent conscience que ce sont des plateformes qui peuvent les embrigader. On les éduque à chercher la source d’une information et à savoir si elle est fiable.
On leur apprend à faire la différence entre partialité et impartialité, entre objectivité et subjectivité pour leur faire toucher du doigt comment se construit une opinion. On organise des débats pour leur faire justifier leur opinion.
Enfin, on essaie, avec tous les collègues, de développer une culture de l’engagement et de la citoyenneté.
Comment réagissent vos élèves de différentes religions ?
Les élèves aiment que l’on s’intéresse à eux. Tout se passe bien s’ils se sentent tous pris en compte. Il m’arrive de partir de la morale. Par exemple : « On ne doit pas commettre de vol. » Puis je montre, par des textes sacrés des trois grandes religions monothéistes, que toutes les trois condamnent le vol. Alors je montre aux élèves que l’homme s’est appuyé sur cette morale pour créer les lois. Cela les intéresse beaucoup.
Je me sens dépositaire d’une mission quand j’enseigne ces questions. Mais pour moi c’est normal. Mon métier est une mission !