Sœur Virginie de Chazal : « J’ai compris que pour lui rester fidèle, il fallait me déplacer »

28 septembre 2024

Sœur Virginie de Chazal : « J’ai compris que pour lui rester fidèle, il fallait me déplacer »

Ce dimanche 29 septembre à Lyon, sœur Virginie de Chazal s’engage définitivement chez les sœurs salésiennes de Don Bosco. Qui est sœur Virginie ? Sur son faire-part d’invitation, celle qui est désormais engagée à l’aumônerie de l’université catholique de Lille, a écrit cette phrase de l’Évangile : « Plus tard, tu comprendras ». De fait, son parcours peut sembler un peu étonnant. Et pourtant…

Sœur Virginie présente un profil original : née d’une mère française catholique et d’un père mauricien protestant, élevée dans la religion catholique, elle a commencé sa vie consacrée dans un monastère bénédictin avant de rejoindre la famille salésienne de Don Bosco où elle s’engage définitivement, ce 29 septembre 2024, à Lyon.

Soeur Virginie, au deuxième rang, au centre, à Bruxelles, en compagnie de jeunes, du père Pierre, de soeurs Chantal et Anne-Flore.

On se trompe si l’on pense qu’il y a eu une erreur d’aiguillage au départ. Sœur Virginie explique, au contraire, qu’il s’agit d’une continuité. Façonnée par le scoutisme dans lequel elle a grandi « comme dans une deuxième famille« , elle y a vécu toutes les grandes valeurs salésiennes. « Le scoutisme a unifié ma vie. J’ai  vécu là un engagement devant Dieu et les jeunes. »

Un choix d’étude pour l’éducation

Virginie a choisi d’être professeur d’anglais pour réaliser sa vocation d’éducatrice. Elle fait aussi une licence de français pour pouvoir l’enseigner dans une langue étrangère : « Je voulais aider les jeunes à entrer en relation avec d’autres« . Il ne s’agit pas pour elle de transmettre un savoir mais de communiquer avec les jeunes.

Et du fait de sa famille mauricienne internationale, elle n’a aucun problème à traverser le monde pour aller enseigner en Australie. Elle dit d’ailleurs : “J’ai grandi à Paris, je me sens française mais mes racines sont vraiment à Maurice et je n’ai jamais pensé passer toute ma vie en France”. Pendant un an, elle enseigne le Français aux adolescents australiens de Sydney, une expérience qui lui a beaucoup plu.

Bénédictine de Montmartre

Pendant ses années de collégienne et lycéenne, on lui propose de vivre une fois par mois la nuit d’adoration à la basilique de Montmartre. Elle découvre alors les sœurs vouées à  l’adoration. Elle est attirée par la beauté de la vie communautaire et cette vie eucharistique. Elle fait alors une expérience forte de la présence de Dieu dans l’adoration. « J’ai entendu son appel et j’ai fait ce pari : si le Seigneur me demande d’être sœur, c’est qu’il sait que mon bonheur sera là. »  Et pourtant, elle n’avait jamais été attirée par la vie religieuse auparavant : « Je pensais me marier, fonder une famille. »

Ce qui importe alors pour elle, c’est de suivre Jésus, le charisme des bénédictines est secondaire. Elle affirme : « J’ai toujours eu cette certitude que le Seigneur me voulait là et que c’était ma place pour que ma vie puisse lui être consacrée. C’est une vie en retrait du monde, même si on accueille le monde entier à Montmartre. »

Vers la vie salésienne

« Chez les bénédictines de Montmartre, on ne sort pas du sanctuaire. On accueille. Alors que dans la vie salésienne, on va au devant des personnes« , dit-elle.

C’est un nouvel appel de Dieu qui va la faire changer de lieu. « J’ai compris que pour lui rester fidèle, il fallait me déplacer, aller ailleurs. »  Cette nécessité surgit en elle pendant la Semaine sainte il y a trois ans : « Il nous faut rouler la pierre de nos vies, cela signifiait pour moi : il faut partir. » Pendant 20 ans, en tant que bénédictine de Montmartre, Virginie a eu une responsabilité de jeunes : « J’ai fait énormément d’accompagnement spirituel de jeunes. Je vivais déjà de manière intuitive ma vocation d’éducatrice qui est là en moi depuis le départ. C’est comme un retour à ma racine. »

Ce qui l’intéresse, chez Don Bosco, c’est la relation, l’esprit de famille : que les jeunes qui, chez eux,  ne se sentent pas « à la maison », se sentent alors « à la maison » à l’école ou chez les scouts….

Salésienne pour toujours

Un jour, sœur Virginie tombe sur un article du journal La Croix consacré à sœur Anne-Flore. Elle raconte : « Je n’ai même pas lu l’article mais j’ai vu sa photo et le titre ‘sœur salésienne de Don Bosco’ et j’ai su que c’était là que le Seigneur m’appelait. » Et de continuer : « Dans ma vie, il n’y a pas de cassure mais une forme de cohérence de la part du Seigneur : chercher Dieu dans la relation et la relation éducative et cela peut se déployer à fond. »

Elle souhaite être à l’écoute des jeunes, les rejoindre, les aider à grandir, marcher avec eux vers la sainteté. « Je vais laisser infuser en moi ce qui est propre à l’esprit de famille de Don Bosco pour faire du bien aux jeunes » dit-elle. « Notre vie est une formation permanente : se laisser former par Dieu avec les autres et dans la communauté, c’est depuis toujours en moi. Le système préventif se vit en communauté. »

Pour sœur Virginie, s’engager définitivement chez les sœurs salésiennes de Don Bosco, c’est comme un renouvellement d’alliance avec le Seigneur car elle s’est déjà engagée définitivement. « Je le vis comme un accueil officiel dans l’Institut et dans la vie salésienne. Ma vie est déjà donnée à Dieu depuis longtemps. Il y a des nuances mais ça reste un engagement total à Dieu. Je le vois comme une alliance encore plus profonde avec le Seigneur et une vie toute donnée aux jeunes pour qu’ils se sachent aimés. »

Sœur Joëlle DROUIN

Famille Salésienne