Ukraine : le sport comme thérapie
4 décembre 2024
Photo : Facebook Pokrova Lviv AMP Football
Comment faire comprendre à un jeune soldat que la vie continue même s’il a perdu un bras ou une jambe ? Le Père Mykhaylo Czaban, salésien, donne un début de réponse : le foot !
À Léopoli, ville d’Ukraine occidentale, il a fondé en 2023 le FC Pokrova*, la première équipe pour amputés du pays. Actuellement, environ 25 jeunes soldats s’y entrainent.
L’idée lui est venue lors d’un tournoi de foot avec des jeunes en Suisse. L’équipe inclusive de première division de l’Olympique de Marseille y était représentée. Le Père Mykhaylo a comprit que l’Ukraine avait besoin d’équipes de ce genre. Denys, un des joueurs du team du. FC Pokrova, gravement blessé lors de la défense de Mariupol contre les russes, a été envoyé dans un centre de réhabilitation après sa sortie d’hôpital. Il y a rencontré des vétérans de guerre qui l’ont encouragé à envisager une nouvelle vie nonobstant les amputations et les traumatismes. Le football fait partie du programme qui aide à récupérer physiquement et psychologiquement. Denys a repris confiance en soi par le foot : « Je veux convaincre d’autres personnes handicapées. Je m’entraine pour entrer dans l’équipe nationale pour personnes amputées. »
À travers le sport, les jeunes peuvent ressentir un peu de « normalité », explique le Père Mykhaylo. La plupart d’entre eux jouaient déjà au football avant la guerre. Le sport rend moins brutal le changement de vie. Tous les jeunes d’Ukraine en ont besoin, mais le grand nombre de blessés de guerre en fait une priorité. Il a planifié le projet avec des experts, comme l’entraineur ukrainien de l’équipe nationale polonaise. Des joueurs de l’équipe sont allés dans des hôpitaux pour montrer que c’était possible. L’équipe a pris part au championnat polonais de « amp football » (foot pour amputés) et a affronté huit équipes polonaises.
Le foot comme thérapie
Les jeunes peuvent oublier les tragédies vécues, trouver une aide pour surmonter le choc de vie. Il inspire, restaure la force de volonté pour se battre, aller de l’avant, ne pas désespérer. Dans le sport, ils ont des objectifs qu’ils cherchent à rejoindre avec les autres joueurs. Manifestement, ceux qui s’entrainent régulièrement jettent un regard plus optimiste sur leur futur. Ils affrontent différemment de nombreux aspects de leur vie.
Le cas de ceux qui étaient déjà de bons sportifs et athlètes est encore plus flagrant, l’amputation était la fin de tout, ils avaient pendu leurs chaussures à un clou et ne voulaient plus entendre parler de foot. Ils retrouvent l’espoir.
Un devoir de justice
« Avant la guerre, ces anciens soldats avaient une vie normale et tranquille, un métier, du travail, une vie sociale. Ils ont du renoncer à beaucoup de choses pour défendre leur famille. C’est un devoir pour nous de les réintégrer dans la société et de leur offrir une vie normale », déclare le Père Mykhaylo. Ils ont besoin qu’on leur fasse une place dans la société. Il faut les soutenir moralement, psychologiquement et spirituellement.
Sous cet aspect, les salésiens sont devenus un point de référence pour toute l’Ukraine. L’Association Centrale Européenne de Foot pour Amputés manifeste sa proximité et soutient les diverses initiatives salésiennes à travers son président Mateusz Widlak. Le désir des salésiens est de lancer un championnat national. En attendant, deux nouvelles équipes sont nées, à Donetsk et Dnipro. Elles ont été accueillies dans la maison salésienne de Lviv durant un week-end. Ce fut un moment récréatif joyeux, pour faire connaissance, un temps de partage d’idées, avec une formation pour les personnes qui songent à créer de nouvelles équipes. Le centre salésien est devenu un lieu où il est possible de se préparer a travailler parmi les jeunes qui ont vécu les horreurs de la guerre. Un nouveau Centre Sportif et de Réhabilitation est en train de naître près de Leopoli, un nouvel espoir offert aux jeunes.
Père Jean-François MEURS
Salésien de Don Bosco
Traduit du Bolettino Salesiano
* Prokova est le titre le plus vénéré donné à la Vierge en Ukraine : le nom signifie « protection ».