la maison comme restaurant
25 janvier 2011
Mon enfant ne veut plus manger avec nous à la maison ; il me parle mal ; il prend la maison pour un hôtel-restaurant, que faire ?
Pour un jeune, l’adolescence constitue toujours une période jamais très facile à vivre. Il lui semble être un peu assis entre deux chaises. Il n’est plus un enfant, et n’hésite pas à le faire bruyamment savoir aux membres de son entourage qui voudraient l’ignorer. Mais il sait aussi combien le chemin qui le mène à la vie adulte est semé d’embûches. (DBA N° 962)
À la table du repas familial, il ne se sent en phase ni avec ses jeunes frères et sœurs, dont les préoccupations lui paraissent enfantines, ni avec ses parents dont il veut se différencier. Alors, il préfère fuir avec les copains. Eux, au moins, ils le comprennent, puisqu’ils vivent les mêmes transformations que lui. On sait l’importance pour l’adolescent de cette appartenance au groupe des « pairs ».
De telles attitudes sont un peu déconcertantes pour les parents, car elles compliquent singulièrement l’organisation de la vie familiale. Mais ce qui me paraît important, c’est de ne pas les interpréter aussitôt dans le registre de l’attaque, en veillant à ne pas sombrer à son tour dans un versant agressif. Car de telles attitudes traduisent beaucoup plus le mal-être de l’adolescent qu’une volonté de faire de la peine à ceux qu’il aime.
« Mon ado prend la maison pour un hôtel-restaurant » dites-vous. Je ne crois pas que cela corresponde à la réalité, même s’il en donne parfois l’impression. Toutes les enquêtes montrent que l’adolescent est très attaché à sa famille, qu’il ne souhaiterait quitter sous aucun prétexte, tant elle constitue pour lui un lieu de sécurisation en cette période de doutes qu’il traverse.
Alors, comment réagir ? Il faut, bien sûr, montrer à son ado que l’appartenance à la famille nécessite la participation de chacun, et le repas constitue un moment de rencontre privilégié. Mais il peut être intéressant de négocier avec lui que lorsqu’il est exceptionnellement en activité au moment du repas familial, il puisse se faire à manger après et lui permettre également de temps en temps de manger avec ses ami(e)s, tant ce partage est important pour lui. Si votre ado se sent reconnu dans la légitimité de ses demandes particulières, il acceptera d’autant mieux, les autres jours, les contraintes familiales.
Et s’il vous parle mal ? Il faut, bien sûr, le reprendre sur son langage, car l’exigence de respect s’impose à tous. Mais, là encore, n’interprétez pas trop vite ses propos comme une attaque vis-à-vis de votre personne, mais plutôt comme une tentative maladroite de vouloir prendre un peu de distance, afin de vous faire comprendre qu’il ne peut plus être ce petit enfant qui dit oui à tout. Il convient donc de le reprendre, non pas en devenant agressif à votre tour, mais de manière ferme et douce.
Il vous faut faire preuve de fermeté à l’égard des propos tenus et des actes posés, afin de bien signifier les limites à ne pas franchir. Ce serait, en effet, un mauvais service à lui rendre que de lui laisser croire qu’il peut prendre le pouvoir dans la maison.
Mais sachez aussi manifester de la douceur à l’égard de sa personne, afin de lui montrer que vous ne cessez de l’aimer malgré la maladresse de ses attitudes.
Fermeté et douceur, telle est, je crois, la recette salésienne pour l’accompagnement des adolescents.
Jean Marie PETITCLERC