« Nous sommes tous des éducateurs » | Frère Alban Pelletier dans Enseignement Catholique Actualités

25 septembre 2023

« Nous sommes tous des éducateurs » | Frère Alban Pelletier dans Enseignement Catholique Actualités

Frère Alban Pelletier, salésien de Don Bosco et éducateur au foyer Père-Robert à Caen, a répondu aux questions de Virginie Leray pour le magazine de référence de l’enseignement catholique, Enseignement Catholique Actualités (ECA) n°416, août-septembre 2023. Il rappelle l’importance du Pacte éducatif du pape François, qui invite l’ensemble des adultes à partager la responsabilité éducative.

 

 

Frère Alban Pelletier.

ECA actualités : En réaction aux violences qui ont fait suite à la mort de Nahel, tué début juillet par un policier, le réseau salésien a renvoyé l’ensemble des adultes à leur responsabilité éducative…

Frère Alban Pelletier : La cohérence entre adultes est en effet primordiale. C’est le sens du Pacte éducatif global du pape François : il nous appelle à être tous, chacun et collectivement, des éducateurs. Le niveau de violence des jeunes est directement corrélé aux conflits qui règnent au sein des familles comme des sociétés. Lorsque des parents contestent des décisions scolaires, ou, au contraire, sont taxés d’être démissionnaires, cela génère de l’incohérence, de l’insécurité… C’est le respect et le soutien mutuel entre les éducateurs qui aident les jeunes à grandir et à trouver leur voie parmi des figures d’autorité plurielles. Cette diversité est une chance car elle élargit leurs possibilités d’identification en leur permettant de découvrir d’autres facettes d’eux-mêmes. Mais elle nécessite aussi d’ouvrir des espaces de dialogue entre éducateurs et avec les jeunes.

Les établissements de l’enseignement catholique représentent-ils un de ces lieux de dialogue ?

Pouvoir mettre la question du sens au centre de son projet et d’éveiller aux questions de spiritualité constituent une grande chance pour l’enseignement catholique. L’animation éducative et pastorale est donc le cœur de réacteur de nos établissements puisqu’ils ouvrent des lieux et des temps dédiés à une approche intégrale du jeune, qui va au-delà de l’acquisition de connaissances et de compétences. J’ai adoré mon parcours académique mais mon apprentissage de la clarinette et le scoutisme ont tout autant participé à me construire. La vie scolaire, lorsqu’elle n’est pas cantonnée à la gestion administrative des absences ou des sanctions, peut être ce lieu où le jeune cultive ses désirs et ses élans, s’exerce à la relation aux autres, expérimente le don de soi et le service.

Et chez les Salésiens ?

Il y a une grande attention au climat relationnel et à une certaine proximité affective entre adultes et jeunes pour que les élèves grandissent en confiance. Il s’agit de croire à l’éducabilité inconditionnelle, de valoriser les talents, d’inviter les jeunes à s’exprimer par les arts (ateliers chorale ou théâtre, FestiClip…) ou le sport (Bosc’Olympiques). Les tournois sportifs entre équipes mixant élèves et professeurs font également leurs preuves en matière d’embellissement du climat scolaire !
Enfin, éduquer à la paix, c’est, à la place de la violence, semer la graine de l’engagement au service du collectif. Dans le réseau Don Bosco, de nombreux défis citoyenneté portent sur l’environnement, pour des actions utiles qui participent aussi à apaiser l’éco-anxiété  de la jeunesse.

Comment se former pour faire rayonner la vie scolaire ?

L’établissement, par capillarité, par mimétisme, peut déjà jouer un rôle formateur, en associant tous les personnels à ses journées pédagogiques par exemple. Le réseau salésien propose aussi des outils de relecture collégiale du climat de son établissement en interrogeant la valeur de la sanction, l’importance des fêtes… Des formations universitaires existent également. J’ai pu ainsi suivre le DU Adolescents difficiles : approche psychopathologique et éducative, de la faculté de médecine de la Sorbonne. il s’adresse aux professionnels de nombreux secteurs : justice, santé, Éducation nationale, politique de la ville… Là encore le croisement de regards est fort riche !

Revue de presse