Sœur Yvonne Reungoat se confie à l’hebdomadaire « Dimanche »
6 mai 2023
L’hebdomadaire belge Dimanche a publié une double page d’interview de sœur Yvonne Reungoat. L’ancienne supérieure générale des sœurs salésiennes de Don Bosco a en effet été nommée l’an dernier au sein du « dicastère pour les évêques », autrement dit l’instance à Rome qui décide des nominations dans le monde entier.
Dans cette interview passionnante, menée par Emmanuel Van Lierde, sœur Yvonne revient sur sa vocation de salésienne de Don Bosco : « Je suis née dans une famille d’agriculteurs. J’avais un oncle qui était missionnaire salésien au Canada. Il nous donnait régulièrement des nouvelles de son travail missionnaire. Par son intermédiaire, nous recevions la revue de la famille salésienne, le Bulletin Salésien. A l’âge de 14 ans, j’allais à l’école professionnelle, mais grâce à cette revue, mes parents ont appris l’existence d’une école tenue par des sœurs de Don Bosco, près de Dinan, en Bretagne. Ils m’ont inscrite là-bas, bien que c’était assez loin de la maison. »
Et sœur Yvonne de poursuivre : « La séparation d’avec mes parents a été difficile, car j’étais très attachée à eux. En même temps, j’ai tout de suite été impressionnée par l’esprit de famille qui régnait dans cette école et cet internat. Un jour, la directrice m’a demandé ce que je voulais faire de ma vie et si j’avais déjà pensé à la vie religieuse. J’y avais effectivement pensé à l’âge de 12 ans, mais je pensais à l’époque qu’une telle vie était hors de portée pour moi. Cette directrice m’a fait connaître Don Bosco. Le fait qu’il ait donné toute sa vie aux jeunes m’a profondément touchée. J’ai senti que Dieu était si grand qu’il valait la peine de lui donner toute sa vie, même si une vie de famille m’attirait tout autant. Peu à peu, avec le soutien de la directrice, j’ai évolué dans cette voie vers la vie religieuse avec les sœurs de Don Bosco. J’y suis entrée en 1965. Apparemment, l’appel du Seigneur était plus puissant que celui du mariage. Ce que j’avais cru impossible, Dieu a pu le réaliser. »
Pédagogie salésienne
Evoquant la pédagogie salésienne et la figure de Don Bosco, sœur Yvonne explique : « Ce qui m’a surtout inspiré, c’est l’idée selon laquelle l’éducation des jeunes s’enracine dans l’amour qu’on leur porte. « Il faut descendre avec son cœur dans le cœur des jeunes », disait Don Bosco. L’éducation est avant tout une question d’amour, elle ne peut se faire sans amour. Il faut aimer ses élèves. Ce n’est qu’alors que vous pourrez les guider dans leur croissance vers la maturité, leur croissance en tant qu’êtres humains, en tenant compte de tous les aspects de cette humanité, y compris le spirituel. »
Education et développement
La religieuse originaire de Bretagne défend l’éducation des plus pauvres et des plus vulnérables : l’éducation et l’instruction demeurent la base du développement d’un pays. « C’est là que réside la vocation propre de la famille salésienne. Ce n’est pas un hasard si les Salésiens et les sœurs de Don Bosco sont invités à s’installer dans de nombreux endroits, même là où l’Eglise n’est pas la bienvenue. Notre charisme suscite la sympathie et il n’y a pas lieu d’en avoir peur. Nous sommes là pour offrir une éducation solide aux jeunes. »
Sœur Yvonne évoque aussi son travail de missionnaire en Afrique (« J’y ai été très heureuse. J’ai pu faire l’expérience d’une Eglise vivante, jeune et en pleine croissance »), pose un regard sur l’Eglise d’Europe, et évoque la place particulière des religieux dans le cœur du pape François (« En tant que religieux, nous devons surtout porter Dieu dans les endroits les plus isolés et les plus dangereux, dans les périphéries. »).
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