Elle n’osait pas
22 mars 2018
Elle avait vu les images à la télévision et pourtant elle avait peur de franchir le pas. Sa maison, c’est privé. C’est un cocon protecteur. Pas d’intrusion. Elle croit qu’ « on » va abîmer, salir, voler peut-être. Puis un jour, une femme comme elle, même style, même âge, a exprimé son regret de ne pas avoir franchi le pas plus tôt.
Alors, malgré le refus obstiné de son mari, elle est allée au parc, où depuis des mois, se rassemblent des réfugiés déboutés, qu’ici on appelle les « invités ». Elle y est allée tous les soirs, pendant une semaine. Le samedi soir, elle s’est inscrite. Elle est rentrée chez elle avec un jeune Erythréen épuisé, à qui elle a proposé la chambre inoccupée de son fils.
Le lendemain matin, le soleil illuminait la cuisine, et la conversation, d’abord malaisée, était bouleversante.
Le même soir, ils étaient deux à l’accueillir.