La vie en bleu
7 mars 2013
Cioran est le plus féroce pourfendeur d’optimisme. À la suite de Schopenhauer, il déclare: « N’être pas né, rien que d’y songer, quel bonheur, quelle liberté, quel espace ! » Cioran plaît aux adolescents, comme si, débordants de vie et débordés par elle, pleins de franches passions et l’acné au visage, ceux-ci avaient besoin d’opposer à leur soudaine croissance des lectures morbides… Mais ce que Cioran agresse, c’est une caricature de l’optimisme : la « vie en rose ». Or, la palette des couleurs de la vie est bien plus ample.
On peut, par exemple, voir la vie en bleu : le bleu de la mer qu’il faut prendre afin de ne pas vivre à moitié ; le bleu que laissent sur la peau les coups de l’existence ; le bleu de travail, qu’on revêt chaque matin pour donner au monde une forme plus humaine …