Marcher vers un changement de regard

26 avril 2020

Déception, gouffre de tristesse désespérée… « C’est bon là, je me suis fait avoir trop souvent, maintenant je n’y crois plus. Ça suffit. » Et ils quittent les autres disciples. « Soyons réalistes, il n’y a rien à attendre ni de Dieu ni des hommes… Rien ne changera jamais. L’injustice, le mal, la mort triomphent toujours. »

Quelle tentation face à l’épreuve que ce repli sur soi, ces bras baissés, cette résignation à la médiocrité ! Combien de pensées de ce genre peuvent nous assaillir ces derniers temps : des stocks de masques jamais renouvelés pour faire des économies, l’argent gagnera toujours ; des dirigeants prêts à tout pour sauver la face et leur pouvoir, incapables d’adopter une stratégie commune, et on nous parle de fraternité humaine ? On pourrait continuer la liste…

Mais ce qui compte, c’est que Jésus les rejoint, les écoute, les accompagne…

Et il les invite à changer de regard, à lire autrement, à voir les signes : « Souvenez-vous de ce que dit la Parole, écoutez ce que disent les femmes, ce que vous disent ce tombeau vide et ce linceul abandonné… Rappelez-vous… » Et quand nous pensons à tous ces volontaires qui se mettent au service des malades, des personnes isolées, à toutes les initiatives de solidarité pour rejoindre nos aînés ou nos jeunes, pour être attentifs à ceux que le confinement enferme encore un peu plus dans la précarité, à tous ces gestes de soutien envers les médecins et les soignants. Notre cœur à nous aussi ne se remet-il pas à battre plus fort, à brûler à nouveau ? Et ne nous vient-il pas à nous aussi cette prière : reste encore, reste avec moi, j’ai besoin de tes mots pour ouvrir cet autre horizon que tu me fais voir.

C’est alors que Jésus fait pour eux ce geste, la signature de toute sa vie : il prend leur pain quotidien, il le bénit, le partage et le leur donne avant de disparaître à leur regard.

 

Soeur Sandrine Gilles, salésienne de Don Bosco

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