« Marie marche au milieu de vous »
24 mai 2020
Mot du jour par Nadia Aidjian, soeur salésienne de Don Bosco
Voici aujourd’hui une histoire … d’il y a cent ans !
1920 … Depuis plus de 5 ans, en Turquie, les massacres ensanglantent les routes de la déportation de centaines de milliers de chrétiens arméniens.
Sophie, jeune maman, n’a plus de nouvelles de son mari Joseph, enrôlé par l’armée turque.
Sa maison a été vandalisée. Pendant quelques mois, elle est restée cachée dans une cave avec ses deux petites filles et sa belle-mère.
Une nuit, pour fuir la mort, elle décide de partir. Avec l’aide d’une famille turque, elle trouve une voiture à cheval et se joint à la caravane d’autres femmes qui, comme elles, quittent maison, terre, biens pour un avenir incertain … Pas d’autre issue : l’exil ou la mort !
Sophie a pris, ce qui lui restait : quelques vivres et quelques vêtements.
Et pour servir de lit surtout à sa petite Marie de 3 ans, elle a cousu des coussins et y a caché ses bijoux. Et dans l’un des coussins, elle a enveloppé un cadre de la Vierge Marie, une vieille icône, transmise dans sa famille, de génération en génération, et qui porte, ciselés en argent, les ex-votos des grâces obtenues.
Et voici que des pillards se jettent sur la voiture. Ils crachent, battent et volent tout : même les coussins de Sophie. Après un temps de pleurs, de colère et de peur, tout le monde, remonte dans les voitures dévastées. Et au milieu de ce fatras de chiffons déchirés, de nourriture renversée, un coussin ! Sophie le reconnait tout de suite, le saisit avec force et l’étreint sur son cœur. L’icône de la Vierge Marie est restée intacte.
« Vous voyez, mes enfants, s’écrie-t-elle, la Vierge Marie ne nous a pas abandonnées. Elle a voulu rester avec nous … Faisons-lui confiance, elle nous aidera jusqu’au bout de la route ! »
Sophie, cette femme courageuse fut ma formidable grand’mère. Elle forgea sans doute la foi qui me fait vivre aujourd’hui. Ce cadre, bien vieilli, est encore là aujourd’hui, dans la famille. Le voici !
Aucun vandale, aucune guerre, aucun cataclysme, aucune épidémie, ne pourra interdire à Marie de rester présente au cœur même de la vie de ses enfants!
Don Bosco, n’avait-il pas raison, quand il disait aux Sœurs de Nizza Monferrato :
« Mes filles, je veux vous dire que la Madone est vraiment présente ici… qu’elle est contente de vous, elle marche au milieu de vous. Elle couvre la maison de son manteau »
En ce 24 mai, fête de Marie Auxiliatrice, dans l’attente de l’Esprit de Pentecôte, en ces temps perturbés qui sont les nôtres, n’ayons pas peur, comme le disciple bien-aimé, de « prendre Marie chez nous », et de la regarder « marcher dans notre maison ».