P. Jean-Marie Petitclerc : « Noël, rêve de paix partagé par tous les hommes de bonne volonté »
24 décembre 2022
Laissons-nous interpeller, que nous soyons croyants ou incroyants, par l’événement familial que constitue la naissance d’un enfant. Lui est un artisan, obligé, suite aux injonctions de l’État, d’abandonner son atelier de charpente, situé en Galilée, pour migrer vers la Judée. Elle est une jeune adolescente, âgée d’à peine 15 ans. Et voici que les habitants de Judée ne prennent même pas en considération sa grossesse, refusant d’accueillir ce jeune couple de migrants et le laissant errer jusqu’à une dépendance habitée par des animaux. Et c’est dans ces conditions misérables que l’enfant naît.
Les chrétiens l’appellent l’enfant-Dieu et vénèrent sa mère sous le nom de Marie. Les musulmans le considèrent seulement comme un enfant prophète et vénèrent sa mère sous le nom de Myriam. Et les incroyants ne peuvent être insensibles à la cause de cet enfant de migrants, né dans un extrême dénuement.
Quel contraste entre la simplicité de l’événement que nous fêtons à Noël, et la façon quelque peu tapageuse, avec laquelle nous célébrons, vingt siècles après, son anniversaire… au point que certains politiques, au nom de la laïcité, vont même jusqu’à vouloir gommer l’origine de cette fête en effaçant la moindre trace de crèche dans l’espace public. Comme si la laïcité ne devait plus signifier dans notre pays, comme telle était l’intention de ceux qui l’ont instituée en 1905, le respect de toutes les traditions religieuses ! Comme si la crèche, inventée par Francois d’Assise, qui, en un temps d’affrontements, fut un véritable apôtre du dialogue entre chrétiens et musulmans, ne devait plus être un symbole d’unité, signe du rassemblement de tous, des plus petits SDF de la société (les bergers) aux plus grands scientifiques (les mages), pour que l’enfant, même le plus miséreux ait la chance de vivre ! Un enfant qui naît, c’est un avenir qui s’ouvre ! Noël n’est pas un rêve de jadis qui viendrait nous visiter une fois l’an, un souvenir du passé qu’il nous faudrait ranimer chaque année, avec une ferveur affadie par le temps qui passe … Non, Noël, c’est une lumière d’avenir, un amour qui appelle, un ferment qui travaille.
Un nouveau-né couché dans une mangeoire, c’est un signe qui ne trompe pas. Il ne peut faire sens que pour celui qui a faim. Noël n’a de sens que pour ceux qui sont affamés de justice et de paix. Si tu n’as faim d’aucun changement dans ta vie, d’aucune transformation de ce monde, Noël risque d’être vide de sens pour toi !
Noël, c’est l’appel à la paix. La paix … je crois qu’il s’agit de l’aspiration la plus profonde des enfants, des femmes et des hommes de ce temps… Comment ne pas la sentir vibrer au cœur de tous ces enfants maltraités et ces adolescents harcelés qui ne rêvent que d’une chose : qu’on leur fiche la paix !… Comment ne pas la sentir monter chez ce peuple ukrainien qui souffre de cette guerre qui s’enlise dans le froid de l’hiver ?
Puissions-nous dans tous les établissements, services, associations, structures de notre réseau Don Bosco ne pas réduire la fête de Noël à un épiphénomène de la société de consommation, mais au contraire alimenter ce rêve de paix partagé par tous les hommes de bonne volonté, en appelant tous les enfants, les adolescents et les adultes que nous accompagnons à devenir des bâtisseurs de paix !
Jean-Marie Petitclerc