Prise de recul
29 août 2017
L’adolescent me fixait des yeux. Il attendait que le verdict tombe, comme un couperet. A ses côtés, ses parents. En ce matin d’avril, nous arrivions au terme de la procédure d’exclusion définitive. Le conseil de classe avait été entendu et s’était fortement exprimé pour le renvoi.
Il m’a fallu expliquer que je ne prononçais jamais d’exclusion le jour même de l’audition, mais que je me donnais au moins un jour de réflexion avant de me prononcer, histoire de prendre la juste distance, de ne céder ni à l’autoritarisme ni au pathos. Ce sont les éducateurs qui m’avaient marqué le plus. Ils voulaient encore essayer de sauver ce jeune. Ils y croyaient.
Le lendemain, je décidai de réintégrer le garçon en classe. Il y aurait sanction, mais pas celle du renvoi.
Éduquer un jeune, c’est d’abord croire en ces possibilités envers et contre tout et l’aider à les exploiter.